Une ou deux réflexions sur les événements dans les pays arabes. Il ne faut pas être naif, l’Amérique et les pays occidentaux ont joué « le contre-feu » et tentent de maîtriser les mécontentements en utilisant l’absence d’alternative politique correspondant à la nature réelle du mouvement qui a une composante démocratique essentielle. Composante démocratique qui cependant ne se limite certes pas à la démocratie définie par l’occident et rappelée par Hilary Clinton: aboutir à des élections en plaçant des hommes de paille au contrôle de la transition. D’où le fait que les etats-Unis et leurs alliés jouent avec un feu qui ne s’arrêtera pas aisément vu le niveau politique du mouvement, sa dimension de classe et l’onde de choc qu’il suscite et suscitera.
Le mouvement a incontestablement une dimension de classe fondamentale, il porte une véritable exigence démocratique, par et pour le peuple, qui ne peut se satisfaire du processus proposé par madame Clinton. C’est d’ailleurs une caractéristique qui mérite d’être étudiée que cette revendication au travail, à la dignité, ce mouvement qui ne part d’aucune guerre, et qui pose directement l’unité du peuple, alors qu’il n’y a aucune organisation en capacité réelle de l’impulser, à analyser le rôle des syndicats, celui d’internet étant mis en avant faute de mieux. Parce que le niveau de la révolte est élevé dés le départ, de ce fait, le risque est grand que l’on joue pour l’opinion publique occidentale le grand air de l’islamisme et pour les masses arabes la répression, avec l’enjeu que représente l’armée.
Il est évident que les partis islamistes tentent de récupérer le mouvement populaire et ils ont joué en Egypte en particulier une politique d’assistance et de solidarité, mais non seulement ils ont subi une répression qui les a affaiblis mais cette solution politique s’est déconsidéré avec les excès d’Al Qaïda, et surtout ils ont une composante bourgeoise très forte, et certains de leurs dirigeants sont très inquiets devant le caractère de classe de ces révoltes. On peut interpréter la plupart des mouvements islamistes comme représentant une dimension bourgeoise et nationale dans des pays où le colonialisme n’avait pas créé de bourgeoisie nationale, les élites étant colonisées. Mais la mondialisation impérialiste a développpé un antagonisme de classe à un niveau croissant et la bourgeoisie islamiste n’est plus apte à y faire face sans un appel à son propre fascisme représenté par des forces comme celle d’Al qaida. Les ententes entre l’armée et un islam politique peuvent déboucher sur un partage du gâteau comme cela se voir en Algérie, tout en favorisant une insécurité maximale pour la population puisque l’argument d’un pseudo terrorisme islamiste est utilisé contre elle avec des provocations.
Mais là encore, il faut bien mesurer que ceux qui ont le plus pâti de ce fascisme islamiste sont les masses arabes et que celles-ci, le mouvement en témoigne, sont étonnantes de force tranquille, la vraie, et de refus des provocations de toute sorte.
Il suffit de relire les textes publiés ici même sur ces pays pour percevoir que cette dimension de classe et les révoltes du monde ouvrier, celle des jeunes diplomés voués à l’informel et au chômage ne datent pas d’aujourdhui. En Egypte en particulier. C’est même, selon moi, pour cela que les Etats-Unis, les occidentaux tentent de préserver leurs intérêts par un contre-feu.
Mais ils risquent de jouer les apprentis sorciers parce qu e la situtation est devenue intenable et les exigences de la rue ne s’arrêteront pas même si la répression intervient et remporte des succès temporaires, dans le temps long nous sommes bel et bien entrés dans un ébranlement de grande puissance et dans la durée.
De surcroit on ne peut que se réjouir (et le parti communiste israélien n’a pas manqué de s’en saisir) de la manière dont ce mouvement de classe pose les problèmes de la dignité et du refus de la corruption jusqu’à la question de la soumission de leurs gouvernements à la politique des Etats-Unis et d’israël. C’est la nature impérialiste qui est dénoncée en particulier celle d’israël, avant poste impérialiste dans le monde arabe, et en israël même. La nature raciste et capitaliste, spoliatrice et antidémocratique du pouvoir israélien est de même nature que celle des potentats arabes. En s’emparant des territoires palestiniens et s’avérant être l’instrument par excellence du néo-colonialisme au Moyen orient, l’extrême-droite israëlienne n’est plus un bouc émissaire racial commode mais un système qui doit être détruit comme les autres, il doit subir la même onde de choc. Si le mouvement sait éviter les aspects raciaux et religieux de la division, tout en ne frappant pas d’exclusive les forces politiques au nom d’un pseudo danger islamiste, la Palestine et son peuple ne peuvent que trouver là le chemin d’une émancipation nationale.
L’effet domino ne s’arrêtera pas, je vous invite à attendre ce qui est en train de se préparer en Algérie pour le 12 février, nous sommes devant un processus compliqué par le fait que les occidentaux, israël et les Etats-Unis tentent de la contrôler en profitant du fait qu’il n’y a pas d’organisations de classe au niveau des masses, mais c’est de ce genre de mouvement qu’elles pourront surgir.
DB