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Réveil Communiste

Manif des entreprises en lutte devant Goodyear aujourd'hui : compte rendu

12 Février 2013 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Journal des luttes

Sur le blog "Où va la CGT?", signalé par Commun Commune :

 

"Tous ensemble" pour quoi, comment ?

 

GY-130212.jpgCe matin, nous étions bien 1200 à 1500 devant les grilles du siège Dunlop-Goodyear (mais certainement pas 2500 à 3000 comme l'affirme un représentant CGT…).
600 à 700 venus en cars depuis Amiens avec les camarades de Goodyear, dont des militants de Valeo, de Dunlop, de Bridgestone (Béthune) qui avaient rejoint les ouvriers de l’usine sur le parking.
Et puis des dizaines de camarades venus en délégation de toute la France, quatre d’Arcelor Mittal (bien visibles avec leur tenue de feu et leurs fumigènes !), une dizaine de Fralib, une vingtaine de Presstalis, une dizaine des Trois Suisses (Licenci’elles), des camarades d’Exxon Mobil, de Total, de SANOFI, de Renault, le passage d’une très grosse délégation d’une soixantaine de grévistes de PSA, avec Agathe Martin (menacée de licenciement) et Jean-Pierre Mercier, de Faurecia, et on en oublie certainement. Ah, non, on n’oublie pas le représentant de la Fédération de la Chimie (FNIC) seul officiel de la CGT à s’être déplacé, l’honneur est sauf. Grosse majorité de CGT, normal, mais une présence significative et bien visible de SUD Chimie et Solidaires.

GY-CRS-130212.jpgDes centaines donc, bloqués par un dispositif policier jamais vu jusque-là. Le quartier totalement bouclé sur trois rues, des dizaines de véhicules policiers avec matériel anti-émeute lourd, des centaines de CRS – partout. Comme le disait un ouvrier, en 2010 avec Sarkozy, il y avait un CRS pour un ouvrier, en 2013 avec Hollande, il y a deux CRS pour chaque ouvrier. C’est ça le changement !

Enfin, ce qui n’a pas changé, c’est le bombardement d’œufs qu’ils ont subi, pas bien méchant, mais ça réconforte !
Une nuée de journalistes – les vautours (« Goodyear : le torrent de boue des vautours et des larbins »). Beaucoup de militants aussi, de toutes tendances de la gauche et de l’extrême-gauche, Besancenot, Xavier Mathieu, des élus PCF, écharpe en bandoulière – tiens pas Mélanchon ?

Ce qu’il y avait de notable parmi tous les ouvriers présents, c’est le fort sentiment de la nécessité d’être ensemble, dans la même galère, avec le même ennemi en face de nous – patronat et gouvernement réunis comme d’habitude main dans la main, Hollande à la suite de Sarkozy. De ce point de vue, le discours de JP Mercier venu apporter la solidarité des PSA était clair et offensif.
Des camarades se sont déplacés de l’autre bout de la France, chiffonnés dans les trains de nuit, dans des heures de voiture. Ils sont venus à quelques uns, en délégations, mais pas pour du « soutien » aux Goodyear, ils sont venus pour affirmer haut et fort face aux medias-vautours, face aux responsables politiques et syndicaux que maintenant, c’est « tous ensemble » que ça se joue.

Vieille revendication du mouvement ouvrier, le « TOUS ENSEMBLE » ressurgit une nouvelle fois des décombres des particularités et de la division entretenues par les réformistes qui ne craignent qu’une chose, la mise en cause générale de cette société d’exploitation.
Ce même matin, dans les assemblées d’enseignants en grève à Paris, l’idée d’aller rejoindre les Goodyear avait été débattue, preuve que ça s’élargit, au-delà de l’emploi, au-delà du mouvement ouvrier, le Tous ensemble contre un gouvernement anti-populaire…

Mais, comme le disaient nos camarades de Mac Cormick en 2009, « il faut passer de la colère de classe à la conscience politique de classe » (voir l’appel du syndicat CGT en septembre 2009).
C’est là que le bât blesse en ce moment comme hier.
Tout le monde parle du « tous ensemble », mais rien ne se fait pour le construire, on est bien loin de la démarche organisée des Lu-Danone en 2001. Il n’y a personne pour proposer, regrouper, organiser.
On retrouve les mêmes difficultés, dans un contexte nouveau, qu’en 2009-2010 (« TOUS ENSEMBLE avec les Total à la Défense le 8 mars »).

  • Première difficulté : un gouvernement de gauche, on en pense quoi ? Car ça a fait du chemin, mais ce n’est pas encore clair. Nombre de nos camarades pensent encore que ce sont des « amis qui se trompent », des trop mous auxquels il faudrait mettre un coup de pression, que quand même, on ne peut pas dire que c’est pareil que Sarkozy. Là dedans, bien sûr les militants politiques PCF et plus largement à l’extrême-gauche font des ravages pour nuancer, affaiblir la critique, dévoyer, détourner la colère. L’unité ne pourra se faire que sur la base : « ce sont des ennemis qui se cachent », « la gauche c’est comme la droite ».
  • Deuxième difficulté : Tous ensemble, mais POUR quoi ? Pour quelles revendications ? C’est encore la confusion. En ce moment, sous l’égide de Fiodor Rilov (Front de Gauche) avocat des Goodyear, Faurecia, Licenci’elles, la proposition c’est la fameuse « loi pour l’interdiction des licenciements boursiers » (voir l’article du blog sur le sujet,  ICI). Une loi qui exclue d’entrée 93% des entreprises concernées (sur 60 448 défaillances d'entreprises recensées par la Banque de France d'octobre 2011 à octobre 2012, 56 000 concernaient les entreprises de moins de 250 salariés), ça va pas être facile de construire l’unité sur cette base, ça va pas être facile à expliquer aux prolétaires ! Ensuite, cette loi, on la demande à qui ? A Hollande pour qu’il « tienne ses promesses » ? Mais comme aimait à le rappeler le comique Charles Pasqua, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient »… et cela renvoie au point 1, comment apprécie-t-on ce nouveau gouvernement ? Si l’on considère que ce sont des ennemis qui se cachent, on est clairs, lucides, on ne réclame rien, pas plus qu’à Sarko et on organise l’offensive.

« Tous ensemble », pour quoi, comment ? Le sujet est plus politique que jamais. Dans nos syndicats, nous sommes obligés de faire de la politique, d’éclairer, de débattre. Sinon, on n’avancera pas. On passera d’une journée de rassemblement à une autre (le 7 mars après le 12 février...), même radicale, même avec bombardement d’œufs, on n’avancera pas, à l’image des journées d’action en pointillé des confédérations, qui au final ne gagnent rien d’autre que la défaite et le découragement.

 

Tous ensemble contre nos ennemis, les bourgeois du patronat et du gouvernement, Valls, Parisot, Hollande ou autres !
Tous ensemble sur NOS revendications d’ouvriers, de prolétaires, de travailleurs, sans nous soucier de l’intérêt de l’entreprise ou de la nation ! 

 

Dans un premier temps, il est de la responsabilité des camarades les plus avancés de proposer un cadre pour se retrouver, pour débattre sans esquiver les questions politiques, pour organiser et proposer, un peu comme en 2001 avec les Lu-Danone. Déjà, on y verrait un peu plus clair !



Débat vite fait sur quelques revendications actuelles…

 

« Aucune usine ne doit fermer ! Partage du travail entre toutes les usines ! » Ce mot d’ordre a l’avantage de refuser les restructurations et de revendiquer la diminution du temps de travail, c’est très bien. Il a l’inconvénient de partir de la production et pas de l’intérêt ouvrier, et donc d’ouvrir la porte à toutes les thèses réformistes sur la « défense de l’emploi industriel »… (voir ICI)


« Un CDI pour tous ». Ce mot d’ordre a l’avantage de partir de l’intérêt ouvrier, au moins c’est clair, de permettre l’élargissement du combat aux précaires. Il a l’inconvénient de donner l’impression d’accepter les restructurations capitalistes telles qu'elles ont lieu avec des reclassements.


« Interdiction des licenciements ». Nous parlons là du mot d’ordre brut, et pas de la version pourrie et déformée proposée par certains. L’intérêt du mot d’ordre, c’est de montrer que l’emploi, c’est une question politique. L’inconvénient, c’est qu’il laisse planer toutes les illusions sur le gouvernement à qui on s’adresse, et ouvre la porte à toutes les versions édulcorées et réformistes…


« Travailler tous, travailler moins, travailler autrement », c’est le mot d’ordre que nous portons en ce moment. Il remet globalement en cause l’exploitation, en partant du point de vue ouvrier. Question néanmoins : est-ce un mot d’ordre réaliste, réalisable dans la société actuelle ?

Et ainsi de suite. On se rend compte qu’aucune revendication n’est parfaite, qu’elles sont toutes à double sens quelque part, et qu’en fait, ces revendications n’ont de sens que portées par un combat global qui fait le tri et laisse de côté les interprétations fausses et réformistes.
C’est bien cela l’enjeu d’aujourd’hui : donner du sens à ce combat global, politique, du sens au « TOUS ENSEMBLE ! »

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