Le socialisme mis à jour à Cuba
Marc Vandepitte pour cubanismo
(article édité ici tel qu'il est visible sur le blog de Nicolas Maury)
L’annonce qu’on va supprimer un demi-million d'emplois publics à Cuba a battu le tambour dans les médias occidentales. Est-ce une rupture avec le socialisme ? Et comment faut-il comprendre cette mesure?
Le 13 septembre la Centrale des travailleurs de Cuba (CCT) a annoncé que l'emploi dans les entreprises publiques sera fortement réduit. D'ici à avril 2011, un demi-million d'emplois seront supprimés et, plus tard peut-être encore autant. Les plans ont été préparés minutieusement pendant des années et ont été suffisamment discutés. En août ils ont été annoncés par le président Raúl Castro devant le Parlement.
Le 13 septembre la Centrale des travailleurs de Cuba (CCT) a annoncé que l'emploi dans les entreprises publiques sera fortement réduit. D'ici à avril 2011, un demi-million d'emplois seront supprimés et, plus tard peut-être encore autant. Les plans ont été préparés minutieusement pendant des années et ont été suffisamment discutés. En août ils ont été annoncés par le président Raúl Castro devant le Parlement.
La Période Spéciale
Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter dans l’histoire récente de l’île.(1) La chute du mur de Berlin en 1989, la fin de l'Union soviétique deux ans plus tard et une intensification du blocus économique ont provoqué une crise économique sans précédent à Cuba : le commerce extérieur a été réduit à moins d'un quart et le PIB (la richesse qu’un pays produit chaque année) a diminué de 35%. Les conséquences pour la population étaient graves: dans les années 1991-1994 qui furent très difficiles, les Cubains ont souffert de la faim, il y avait des interruptions de courant jusqu’à 16 heures par jour, il n'y avait presque pas de transports publics, etc. C'était comme une guerre en temps de paix, ce qu’on a appelé la « Période Spéciale. » Presque tout le monde était convaincu que la fin de la révolution était imminente. La probabilité d’un éclatement était presque égale à cent pourcent. Cela n'est pas arrivé, mais le pays en a eu pour quinze ans avant de revenir au niveau de 1989.
Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter dans l’histoire récente de l’île.(1) La chute du mur de Berlin en 1989, la fin de l'Union soviétique deux ans plus tard et une intensification du blocus économique ont provoqué une crise économique sans précédent à Cuba : le commerce extérieur a été réduit à moins d'un quart et le PIB (la richesse qu’un pays produit chaque année) a diminué de 35%. Les conséquences pour la population étaient graves: dans les années 1991-1994 qui furent très difficiles, les Cubains ont souffert de la faim, il y avait des interruptions de courant jusqu’à 16 heures par jour, il n'y avait presque pas de transports publics, etc. C'était comme une guerre en temps de paix, ce qu’on a appelé la « Période Spéciale. » Presque tout le monde était convaincu que la fin de la révolution était imminente. La probabilité d’un éclatement était presque égale à cent pourcent. Cela n'est pas arrivé, mais le pays en a eu pour quinze ans avant de revenir au niveau de 1989.
Un certain nombre de blessures se sont fait sentir jusqu’aujourd’hui. L'agriculture et une bonne partie de l'industrie ont été perturbées complètement. Une série de secteurs ne marchaient qu’à une fraction de leur capacité. Puisqu'il n'y avait pas de licenciements en masse, comme c'est l'usage dans une économie capitaliste, il se produisait un degré élevé de sous-emploi : plus de vingt pour cent des travailleurs dans le secteur public étaient surnuméraires. Mais ce qui affectait le plus l'économie, c'est le fait que la monnaie nationale, le peso, s'effondra complètement. C’était et c’est d'autant plus grave que l'île est très dépendante du commerce extérieur, un commerce qui à son tour est fortement entravé par le blocus économique. Dorénavant le pays devait se maintenir dans le marché mondial à partir d'une position extrêmement faible et vulnérable. Afin de pouvoir disposer d’un maximum de devises le gouvernement a établi une nouvelle monnaie, le CUC, d'une valeur d’un peu plus de un dollar. Bien que ce système de double monnaie évita que les plus faibles durent endosser la crise, il ne pouvait pas empêcher qu’il se produise un abîme entre les Cubains qui disposent des devises, parce qu’ils travaillent dans le secteur du tourisme ou parce qu’ils ont de la famille à l'étranger (environ 60% de la population), et les autres compatriotes.
De la marge pour des nouvelles initiatives
Pour l'économie cubaine jusqu’à la première moitié de cette décennie c’était « marche ou crève ». Progressivement il y a eu de nouveau de la marge pour arranger les choses. Fidel Castro a donné le signal de départ en novembre 2005. Il lança alors une attaque frontale contre la corruption généralisée et annonça des mesures. C'était un an et demi avant qu'il tombe gravement malade. Au cours de l'été 2007, le président par intérim Raúl Castro renoua le fil et dénonça le manque d'efficacité dans l'économie. Il lança une vaste consultation de la population dans le but d’adapter le modèle économique aux nouveaux défis et circonstances historiques. De cette enquête sortaient de nombreux plans, mais en 2008-2009 il y eut deux éléments négatifs d'importance. À l'automne 2008 en quelques semaines trois ouragans causèrent des dégâts sans précédent. La perte a été estimée à 20% du PIB. Puis vint la crise économique et financière. Elle a frappé l'île très fortement en raison de sa position faible dans le marché mondial. Il y avait une pénurie de devises temporaire, mais aiguë. À l'été 2010 ce problème aigu était sous contrôle. En dépit de ces éléments négatifs et de graves problèmes dans certains secteurs comme l'agriculture, l'économie obtenait des résultats plus que suffisants : pour la période 2004-2009 il y a eu une croissance annuelle moyenne de 6% contre 3,6% en Amérique latine.(2) Il y avait donc de la marge pour de nouvelles initiatives et le moment était venu de s’attaquer aux défis structurels. Nous avons traité cette matière d’une manière détaillée dans un rapport de Février 2010. (3) Ici nous traçons les grandes lignes et à la fin nous abordons les mesures annoncées.
Pour l'économie cubaine jusqu’à la première moitié de cette décennie c’était « marche ou crève ». Progressivement il y a eu de nouveau de la marge pour arranger les choses. Fidel Castro a donné le signal de départ en novembre 2005. Il lança alors une attaque frontale contre la corruption généralisée et annonça des mesures. C'était un an et demi avant qu'il tombe gravement malade. Au cours de l'été 2007, le président par intérim Raúl Castro renoua le fil et dénonça le manque d'efficacité dans l'économie. Il lança une vaste consultation de la population dans le but d’adapter le modèle économique aux nouveaux défis et circonstances historiques. De cette enquête sortaient de nombreux plans, mais en 2008-2009 il y eut deux éléments négatifs d'importance. À l'automne 2008 en quelques semaines trois ouragans causèrent des dégâts sans précédent. La perte a été estimée à 20% du PIB. Puis vint la crise économique et financière. Elle a frappé l'île très fortement en raison de sa position faible dans le marché mondial. Il y avait une pénurie de devises temporaire, mais aiguë. À l'été 2010 ce problème aigu était sous contrôle. En dépit de ces éléments négatifs et de graves problèmes dans certains secteurs comme l'agriculture, l'économie obtenait des résultats plus que suffisants : pour la période 2004-2009 il y a eu une croissance annuelle moyenne de 6% contre 3,6% en Amérique latine.(2) Il y avait donc de la marge pour de nouvelles initiatives et le moment était venu de s’attaquer aux défis structurels. Nous avons traité cette matière d’une manière détaillée dans un rapport de Février 2010. (3) Ici nous traçons les grandes lignes et à la fin nous abordons les mesures annoncées.
Deux défis fondamentaux
Le défi le plus fondamental de la révolution est l'écart entre le domaine économique d’un côté et le domaine social, culturel et intellectuel de l’autre côté. En ce qui concerne les trois derniers domaines, l'île atteint un niveau comparable à un pays riche moyen. L'économie, toutefois, a le profil des pays relativement pauvres dans la région. Cela reflète les priorités du projet socialiste partant d'une base économique faible et d’une position fragile dans le marché mondial. Le développement social élevé, culturel et intellectuel suscite des attentes élevées, mais il manque de base économique et cela crée des frustrations dans la population. Vous êtes un grand pianiste mais vous n'avez pas de piano à queue, vous êtes chirurgien mais ne disposez pas de votre propre voiture, vous êtes ingénieur mais vous n'avez pas de Gsm ou ordinateur portable ... Ce fait est renforcé par l'effet de démonstration du tourisme. L'appareil photo numérique, un iPod ou un téléphone portable, ce sont des choses les plus naturelles pour un touriste, mais elles sont pour la majorité des insulaires pratiquement hors d'atteinte. Ce luxe écrase les Cubains.
Ce sentiment de frustration dans la sphère de consommation a un impact significatif dans la sphère de production. Comment inciter les gens à travailler efficacement si, avec le salaire, on ne peut acheter des articles de luxe convoités, ou bien parce que la rémunération est trop faible ou parce que la vente de ces produits est interdite? Comment par exemple à une température de plus de trente degrés et une humidité élevée motiver les jeunes hautement qualifiés à travailler dans l'agriculture, bien que l'emploi soit assuré? En ce sens, Cuba est un petit peu victime de son propre succès.
Un deuxième défi fondamental est lié avec les conséquences de la Période Spéciale. Le salaire, qui est payé en pesos, est pratiquement sans valeur par rapport au dollar et à la CUC. Ceux qui n'ont que des pesos doivent payer des prix impossibles pour une paire de chaussures, un morceau de viande en dehors de la ration de base, ou, par exemple, un micro-ondes. Que tu travailles dur ou pas, tu n’entreprendras pas grand chose avec ton maigre salaire. En d’autres mots, il n'y a plus de lien direct entre l'emploi, le salaire et le pouvoir d'achat. Une telle situation est hautement désavantageuse pour la motivation au travail. Pourquoi ferais-tu de ton mieux si avec ton effort tu ne peux pratiquement rien acheter? C’est pourquoi pas mal de Cubains recourent à des activités illégales afin d’obtenir des CUC supplémentaires et ainsi il se produit un système généralisé de «débrouillardise». De ce fait, les travailleurs cubains risquent de s’aliéner de la vie économique. Ils ne se sentent plus responsables pour le produit final ou pour la prestation de service et se sentent encore moins propriétaires des moyens de production, ce qui est pourtant un des principaux piliers du socialisme.
Le défi le plus fondamental de la révolution est l'écart entre le domaine économique d’un côté et le domaine social, culturel et intellectuel de l’autre côté. En ce qui concerne les trois derniers domaines, l'île atteint un niveau comparable à un pays riche moyen. L'économie, toutefois, a le profil des pays relativement pauvres dans la région. Cela reflète les priorités du projet socialiste partant d'une base économique faible et d’une position fragile dans le marché mondial. Le développement social élevé, culturel et intellectuel suscite des attentes élevées, mais il manque de base économique et cela crée des frustrations dans la population. Vous êtes un grand pianiste mais vous n'avez pas de piano à queue, vous êtes chirurgien mais ne disposez pas de votre propre voiture, vous êtes ingénieur mais vous n'avez pas de Gsm ou ordinateur portable ... Ce fait est renforcé par l'effet de démonstration du tourisme. L'appareil photo numérique, un iPod ou un téléphone portable, ce sont des choses les plus naturelles pour un touriste, mais elles sont pour la majorité des insulaires pratiquement hors d'atteinte. Ce luxe écrase les Cubains.
Ce sentiment de frustration dans la sphère de consommation a un impact significatif dans la sphère de production. Comment inciter les gens à travailler efficacement si, avec le salaire, on ne peut acheter des articles de luxe convoités, ou bien parce que la rémunération est trop faible ou parce que la vente de ces produits est interdite? Comment par exemple à une température de plus de trente degrés et une humidité élevée motiver les jeunes hautement qualifiés à travailler dans l'agriculture, bien que l'emploi soit assuré? En ce sens, Cuba est un petit peu victime de son propre succès.
Un deuxième défi fondamental est lié avec les conséquences de la Période Spéciale. Le salaire, qui est payé en pesos, est pratiquement sans valeur par rapport au dollar et à la CUC. Ceux qui n'ont que des pesos doivent payer des prix impossibles pour une paire de chaussures, un morceau de viande en dehors de la ration de base, ou, par exemple, un micro-ondes. Que tu travailles dur ou pas, tu n’entreprendras pas grand chose avec ton maigre salaire. En d’autres mots, il n'y a plus de lien direct entre l'emploi, le salaire et le pouvoir d'achat. Une telle situation est hautement désavantageuse pour la motivation au travail. Pourquoi ferais-tu de ton mieux si avec ton effort tu ne peux pratiquement rien acheter? C’est pourquoi pas mal de Cubains recourent à des activités illégales afin d’obtenir des CUC supplémentaires et ainsi il se produit un système généralisé de «débrouillardise». De ce fait, les travailleurs cubains risquent de s’aliéner de la vie économique. Ils ne se sentent plus responsables pour le produit final ou pour la prestation de service et se sentent encore moins propriétaires des moyens de production, ce qui est pourtant un des principaux piliers du socialisme.
Les réponses à ces défis
Cette situation est intenable à long terme. Le salaire doit être davantage lié au dévouement et aux résultats. A la lumière de ces événements le gouvernement a pris une série de mesures depuis 2008, à savoir une augmentation de salaire dans l'éducation, l'introduction de la rémunération selon la quantité et la qualité de travail apporté, et la possibilité d’exercer deux emplois. Depuis l'année académique 2009-2010 les emplois étudiants sont autorisés. Dans un nombre croissant d'entreprises, le salaire est lié à l'effort individuel de l'employé, c’est à dire l’assiduité et la ponctualité. Ces mesures sont un bon début, mais ne suffisent pas. Voilà pourquoi on est passé à une vitesse supérieure : la restructuration d’une partie importante de l'économie publique. L'objectif est quadruple: donner un nouveau job aux salariés en excédent, une plus grande décentralisation de la production, une autonomie plus grande pour les producteurs locaux, et last but not least, faire en sorte que les gens considèrent leur emploi comme première source de revenus correspondant à leurs besoins réels.
Dans ce but, vers la fin de mars 2011, le gouvernement cubain veut transférer un demi-million de personnes employées dans le secteur public vers d'autres secteurs ou les faire travailler selon d’autres statuts. Récemment, le gouvernement a fait de sérieux investissements dans un certain nombre de secteurs, y compris l'extraction du pétrole, la construction, la biotechnologie, l'industrie pharmaceutique et le tourisme. Cela concernera une part importante des travailleurs d'Etat. En ce qui concerne les autres statuts, on pense aux coopératives, le travail à son propre compte, l’usufruit ou la location de terres, etc. En outre, les règles seront assouplies. Les gens qui travaillent pour leur propre compte seront en mesure d'emprunter de l'argent et auront accès à la sécurité sociale, ils pourront embaucher des gens et pourront passer des contrats avec le gouvernement. Mais bien sûr ils devront payer des impôts.
Le transfert d'emplois vers d'autres secteurs ou selon d'autres statuts, sera effectué d’une manière progressive et sera basé sur les compétences des salariés concernés. L'ensemble du processus sera codirigé par le syndicat (CTC). Il veillera à ce que le processus se déroule d'une manière ordonnée et sociale. Pour que le processus réussisse, le CTC souligne qu’un changement de mentalité est nécessaire. Au cours de la Période Spéciale, l'emploi et le salaire étaient garantis indépendamment du dévouement ou la performance de l'employé. Mais à ce moment-là, il n’y avait pratiquement pas d'alternative d’emploi. Cette situation a changé et à partir de maintenant on tiendra compte du dévouement et/ou du résultat.
Comme Raúl Castro l'a déclaré laconiquement: « Nous devons effacer l'image selon laquelle Cuba est le seul pays du monde où l'on peut vivre sans travailler ».
Cette situation est intenable à long terme. Le salaire doit être davantage lié au dévouement et aux résultats. A la lumière de ces événements le gouvernement a pris une série de mesures depuis 2008, à savoir une augmentation de salaire dans l'éducation, l'introduction de la rémunération selon la quantité et la qualité de travail apporté, et la possibilité d’exercer deux emplois. Depuis l'année académique 2009-2010 les emplois étudiants sont autorisés. Dans un nombre croissant d'entreprises, le salaire est lié à l'effort individuel de l'employé, c’est à dire l’assiduité et la ponctualité. Ces mesures sont un bon début, mais ne suffisent pas. Voilà pourquoi on est passé à une vitesse supérieure : la restructuration d’une partie importante de l'économie publique. L'objectif est quadruple: donner un nouveau job aux salariés en excédent, une plus grande décentralisation de la production, une autonomie plus grande pour les producteurs locaux, et last but not least, faire en sorte que les gens considèrent leur emploi comme première source de revenus correspondant à leurs besoins réels.
Dans ce but, vers la fin de mars 2011, le gouvernement cubain veut transférer un demi-million de personnes employées dans le secteur public vers d'autres secteurs ou les faire travailler selon d’autres statuts. Récemment, le gouvernement a fait de sérieux investissements dans un certain nombre de secteurs, y compris l'extraction du pétrole, la construction, la biotechnologie, l'industrie pharmaceutique et le tourisme. Cela concernera une part importante des travailleurs d'Etat. En ce qui concerne les autres statuts, on pense aux coopératives, le travail à son propre compte, l’usufruit ou la location de terres, etc. En outre, les règles seront assouplies. Les gens qui travaillent pour leur propre compte seront en mesure d'emprunter de l'argent et auront accès à la sécurité sociale, ils pourront embaucher des gens et pourront passer des contrats avec le gouvernement. Mais bien sûr ils devront payer des impôts.
Le transfert d'emplois vers d'autres secteurs ou selon d'autres statuts, sera effectué d’une manière progressive et sera basé sur les compétences des salariés concernés. L'ensemble du processus sera codirigé par le syndicat (CTC). Il veillera à ce que le processus se déroule d'une manière ordonnée et sociale. Pour que le processus réussisse, le CTC souligne qu’un changement de mentalité est nécessaire. Au cours de la Période Spéciale, l'emploi et le salaire étaient garantis indépendamment du dévouement ou la performance de l'employé. Mais à ce moment-là, il n’y avait pratiquement pas d'alternative d’emploi. Cette situation a changé et à partir de maintenant on tiendra compte du dévouement et/ou du résultat.
Comme Raúl Castro l'a déclaré laconiquement: « Nous devons effacer l'image selon laquelle Cuba est le seul pays du monde où l'on peut vivre sans travailler ».
Mise à jour du modèle socialiste
Réduire le secteur de l'État avec un demi-million d'emplois, c’est à dire un huitième du total, aura certainement des conséquences profondes. Mais Cuba n’en est pas à son premier essai. Dans les années quatre-vingts, on a déjà organisé un transfert de 300.000 travailleurs agricoles des fermes d'Etat vers des coopératives. A ce moment-là, environ 200.000 personnes ont commencé à travailler à leur propre compte. Et au début de cette décennie un peu plus de 100.000 travailleurs de l'industrie de la canne à sucre ont été recyclés dans d'autres secteurs. Dans l'histoire de la révolution cubaine, on n’a jamais abandonné quelqu’un à son sort, même dans les périodes les plus difficiles. La terminologie utilisée par certains médias à propos des mesures actuelles, que le gouvernement cubain « jetterait des centaines de milliers de personnes à la rue » est donc totalement injustifiée.
Réduire le secteur de l'État avec un demi-million d'emplois, c’est à dire un huitième du total, aura certainement des conséquences profondes. Mais Cuba n’en est pas à son premier essai. Dans les années quatre-vingts, on a déjà organisé un transfert de 300.000 travailleurs agricoles des fermes d'Etat vers des coopératives. A ce moment-là, environ 200.000 personnes ont commencé à travailler à leur propre compte. Et au début de cette décennie un peu plus de 100.000 travailleurs de l'industrie de la canne à sucre ont été recyclés dans d'autres secteurs. Dans l'histoire de la révolution cubaine, on n’a jamais abandonné quelqu’un à son sort, même dans les périodes les plus difficiles. La terminologie utilisée par certains médias à propos des mesures actuelles, que le gouvernement cubain « jetterait des centaines de milliers de personnes à la rue » est donc totalement injustifiée.
En Février, nous avons écrit que vu « les grands défis du pays, nous devrons nous attendre à toute une série de réformes ». Maintenant ils ont mis ce projet en route. Cela ne signifie pas que la révolution cubaine change de modèle ou de route ou qu'elle envisagerait de le faire, mais signifie, pour reprendre les mots de Raúl, qu’on va chercher «le modèle économique qui est favorable pour le pays » et qui «peut garantir l'irréversibilité du système sociopolitique ». Cela signifie également que la révolution ne persiste pas dans des schémas sclérosés, mais que par contre elle répond et réagit avec souplesse aux défis et aux circonstances.
Ressources
Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2009.
Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2010.
Communiqué la Centrale des travailleurs de Cuba, CTC, du 13 Septembre 2010.
Rapport de Reuters le 14 Septembre 2010.
Notes
(1) Pour un traitement détaillé de cette période, voir M. Vandepitte, Le pari de Fidel. Cuba entre le socialisme et le capitalisme?, Berchem 1998.
(2) Les chiffres sont tirés du CEPAL, l'organisme de l'ONU qui traite du développement socio-économique de l'Amérique latine et les Caraïbes.
(3) M. Vandepitte, ‘Qu'en est-il de la révolution cubaine après Fidel Castro?’.
Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2009.
Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2010.
Communiqué la Centrale des travailleurs de Cuba, CTC, du 13 Septembre 2010.
Rapport de Reuters le 14 Septembre 2010.
Notes
(1) Pour un traitement détaillé de cette période, voir M. Vandepitte, Le pari de Fidel. Cuba entre le socialisme et le capitalisme?, Berchem 1998.
(2) Les chiffres sont tirés du CEPAL, l'organisme de l'ONU qui traite du développement socio-économique de l'Amérique latine et les Caraïbes.
(3) M. Vandepitte, ‘Qu'en est-il de la révolution cubaine après Fidel Castro?’.
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