Aujourd’hui, la Serbie paie chaque année le poids de cette financialisation aux capitaux européens, sous la forme du paiement du service de sa dette qui représente 5 mds € par an, soit 12 % du PIB.
Le FMI est bien évidemment de la partie en Serbie aussi, et les mesures d’austérité qui l’accompagnent sont tout aussi drastiques – et inefficaces – que dans les autres pays : coupes dans les salaires de la fonction publique et dans les pensions de 10 % ; les chômeurs sont obligés de prester des heures de travaux d’intérêts publics (ou ils peuvent envoyer un proche...) ; etc.
La sphère politique au pouvoir est largement complice de cet état de fait, et aucune véritable opposition de gauche ne semble prendre forme pour l’instant, excepté dans quelques milieux étudiants.
En Hongrie, la situation n’est guère enviable. Selon Judit Morva, économiste et éditrice du Monde diplomatique Hongrois, il y a même une grande nostalgie de l’époque socialiste, y compris chez les jeunes : on regrette l’époque du plein emploi, de l’éducation gratuite pour tous, du système de santé et des retraites.
La transition vers l’économie de marché ne s’est pas faite sans douleur : le pays, devenu en peu de temps dépendant des économies occidentales, ne fournit plus à sa population un système de protection sociale qui répondrait à ses besoins.
La crise de la dette de 1982 a frappé durement la Hongrie, qui a toujours été endettée, et l’arrivée du FMI à l’époque n’a pas arrangé les choses (c’est toujours la même musique, me direz-vous...) et si lors de l’intervention du FMI la dette a été un argument pour discréditer la période socialiste (« Voyez comme ils sont incapables de gérer l’économie d’un pays ! »), elle a néanmoins été multipliée par 10 depuis lors !
La Hongrie souffre aussi d’une dette privée qui pèse lourdement sur la population, puisqu’elle est composée en grande partie, comme en Croatie, de prêts toxiques faits aux ménages en monnaies étrangères. Ces prêts sont apparus en 2004, suite à une dérégulation du marché qui a permis aux banques de réaliser des contrats de prêts en monnaie étrangère à des personnes qui ne possédaient pas de revenus en monnaie étrangère, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Ajoutez à cela la suppression de la loi sur la banqueroute personnelle, comme en Espagne, et vous vous retrouvez avec des milliers de familles qui, lorsque les intérêts et les taux de change ont explosé, se sont fait saisir leur logement par les banques et doivent encore rembourser leur dette.
Un front d’analyse s’est ainsi ouvert pendant ces quelques jours de réunion, sur la dette privée des ménages qui, comme en Croatie et en Hongrie, mais aussi dans d’autres pays, se retrouvent étranglés par des dettes hypothécaires. Beaucoup reste encore à creuser sur la question de la dette publique de ces États, notamment suite aux sauvetage des banques (comme en Slovénie), aux privatisations et à la libéralisation de secteurs clés de l’économie comme l’énergie et les biens communs.