Fralib réflexions politiques sur la lutte : Réindustrialiser, comment ?
26 Novembre 2011 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Luttes 2008-2011
Vendredi 17 novembre, je participais à l’assemblée organisée par l’UD CGT 13 à l’usine Fralib à Gémenos. Les salariés en lutte venaient d’apprendre l’annulation par la justice, en appel, du plan de licenciements comiquement appelé PSE, Plan de Sauvegarde de l’Emploi ! Pour les attendus, forts importants, voir l’Huma du 18/11 et du 21/11. Environ 500 militants étaient venus apporter leur soutien. Le même jour paraissait dans l’Huma 3 pages d’entretiens croisés entre 3 syndicalistes de cette entreprise et 2 de STILL Montataire avec Jean Luc Mélenchon. La lecture attentive de cet entretien m’a posé plus de questions qu’apporté de réponses. Depuis est paru dans "Communiste" de mercredi une page entière sur la réindustrialisation... Là aussi plus de questions et d’inquiétudes que de réponses. Quelles places pour les luttes dans notre projet ? Comment peut s’exprimer la prise du pouvoir politique par les exploités dans les institutions, au niveau de la répartition des crédits ? Les frontières nationales peuvent elles rester des passoires si l’on veut relancer des branches industrielles ? Quelles sont les conditions politiques à remplir pour que le pouvoir change de main à l’entreprise comme en France et en Europe ? L’Europe du capital, ses institutions (Euro, BCE,...) sont elles réformables et même modifiables ? Sur la base de leur expérience dans la lutte,les camarades de Rouges Vifs 13 posent aussi leurs questions et proposent des réponses. Nécessaire confrontation entre communistes.
Paul Barbazange, section du PCF de Béziers.
La lutte des Fralib nous concerne tous !
182 emplois de moins c’est encore plus de difficultés pour trouver du travail pour celles et ceux qui n’en ont pas. Elle rejoint celle de tant d’autres salarié-e-s, en particulier de l’industrie qui refusent la fermeture de leur entreprise.
Les ouvriers de Fralib ont démontré à de multiples reprises que la délocalisation en Pologne (pays membre de l’UE) serait un non sens social, économique et humain. Alors comment arrêter les casseurs ?
Immédiatement : le soutien à la solution alternative, la reprise de la marque Éléphant
Les mairies, départements et régions qui disent soutenir la lutte pour l’emploi, doivent menacer publiquement le groupe Unilever (Knorr, Amora, Maille, Alsa, des marques de lessive… au total près de 50% d’un chariot de supermarché) de boycott. Une telle annonce aurait du poids.
Les Fralib produisent du thé et des infusions aromatisées. Une production locale donnerait aux communes environnantes un débouché pour la relance et même la création d’une activité agricole porteuse d’emplois, bénéfique à l’environnement, et d’une meilleure qualité pour les consommateurs.
A plus long terme
Interdire l’évasion fiscale (67 millions d’€ par an en Suisse dans le cas d’Unilever).
Face à Unilever qui ferme chaque année des usines dans le monde, liquide des marques sitôt achetées et dont le but final est d’avoir une seule usine dans le monde avec une production unique, on peut mettre des barrières douanières qui rétabliraient l’équilibre. Par exemple une taxe au kilomètre pour le transport des produits finis. En plus cette taxe aurait une fonction écologique puisqu’elle tendrait à rapprocher les lieux de production de ceux de consommation.
Alors pourquoi personne à gauche ne le propose ? C’est parce que ce type de solution est en dehors de la règle du libre échange au sein de l’UE, qu’elle serait sanctionnée par Bruxelles et obligerait la France à y renoncer… ou à sortir de l’UE…
Sortir de l’UE ? Quand on évoque cette hypothèse, la gauche, tous partis confondus, répond surtout pas ! Ce serait du nationalisme ! Et on nous parle d’Europe sociale, de changement de statut de la BCE… Oui mais pour changer la BCE il faut l’accord unanime des 27 pays de l’UE : et en attendant on fait quoi ? De même si la création monétaire échappe totalement à la nation française et si les banques ne sont pas nationalisées, c’est-à-dire sous le contrôle du peuple, comment permettre que l’argent serve l’emploi ?
Nous pensons qu’il faut sortir de l’UE non pour se replier sur soi mais pour mettre en œuvre dans un autre cadre, des échanges sur la base de l’intérêt mutuel des peuples et non contre eux. Échanger avec une monnaie commune et non une monnaie unique. Sortir de l’euro et de l’UE du libre échange ne suffit pas, mais c’est une condition nécessaire pour mettre en œuvre une politique sociale nouvelle.
En Amérique du Sud, à la suite du Venezuela et de Cuba, un nombre grandissant de pays ne se sont pas faits d’illusion sur l’ALCA (l’équivalent de notre UE) et à l’opposé, l’ALBA a été mise en place pour promouvoir la logique coopérative dans les échanges plutôt qu’une zone de libre-échange avec les États-Unis… et ça marche !
Si on veut que les richesses créées par le travail des hommes soient équitablement partagées, il faut tout le contraire de « la loi de la jungle » vrai sens du terme « libre » échange, mais au contraire la mise en place d’une coopération comme l’entendait Karl Marx : une « association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement pour tous ». A Fralib ou ailleurs, la lutte pour l’emploi passe par là.
Tract des "Rouges Vifs 13" diffusé lors de l’AG du 17 à l’usine et lors de chaque initiative de soutien.
Les parties soulignées le sont par les auteurs.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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