Donbass : La propagande médiatique, l’Humanité et les communistes par Danielle Bleitrach
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Cette expédition à Castres et à Albi a été épuisante, le voyage avec un long détour par Toulouse, puis des réunions passionnées et passionnantes, la confrontation au meilleur comme au pire de ce qu’est le pCF aujourd’hui. Avec cette interrogation: n’est-il pas trop tard pour espérer quelque chose de cette organisation que l’on a sciemment détruite? Pourtant il n’existe rien d’autre de comparable en France aujourd’hui. Des gens capables dans la touffeur de l’été d’avoir la conscience assez en éveil pour organiser ces deux débats dans le silence de mort jusqu’à hier autour de cette guerre en Europe.
298 victimes civiles de plus à cause du silence médiatique sur la réalité de cette guerre en Europe
Ce silence n’est-il pas pourtant la première cause de la mort des passagers? Avant que toute responsabilité soit établie, le système de propagande a déjà désigné les coupables: les "séparatiste" et les Russes. Alors que rien n’est établi dans ce domaine et que l’enquête n’a pas été menée, aussitôt le système de propagande a répercuté" ici comme à Gaza, la position des Etats-Unis et de ses vassaux. Nul n’en sait rien, pourtant on est assuré au moins d’une responsabilité, celle de l’actuel gouvernement ukrainien. Responsabilité légale au plan international, mais responsabilité morale partagée par bien d’autres puisque ce gouvernement non content de bombarder et d’envoyer des missiles contre son propre peuple ne prévient pas de ce qu’est l’espace aérien et la légèreté des compagnies d’aviation qui elle aussi sont persuadées que la guerre dont personne ne parle plus. Ce massacre dans le silence n’a pas lieu et il fait 298 nouvelles victimes civile.
Silence sur les tirs ukrainien en territoire russe, silence sur l’assassinat et la torture des journalistes capables de rapporter la réalité, silence sur la répression subie par la population civile. Silence que le fait que l’UE et les états-Unis soutiennent officiellement un gouvernement d’oligarques véreux et de néonazis. Silence sur cette nazification de l’Europe et sur le massacre par eux d’une population civile. Parce que même si le tirs était celui des insurgés, le fait est que cet appareil de tir des missiles appartient à l’armée ukrainienne et que les insurgés s’en sont emparés dans les combats ou dans une des nombreuses redditions des soldats qui ne veulent pas faire cette guerre de mercenaires.
Silence sur la réalité de l’Ukraine, sur le désespoir de l’ensemble du peuple ukrainien qui vit dans les pires conditions et à qui l’on impose encore la saignée de l’austérité. Silence sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une guerre civile entre l’est et l’ouest, mais le fascisme et l’exploitation que l’on impose à toute l’Ukraine.
Silence de mort autour de l’accumulation des troupes de l’OTAN, un des points de la planète dont peut partir une déflagration y compris nucléaire, avec le choix fou des Etats-Unis de porter le chaos désormais non plus vers des puissances marginales des pays arabes mais contre la Russie, voir la Chine et pas le moindre mouvement pacifiste, celui-ci est désormais hors de saison depuis qu’en Libye la direction du PCF s’est alignée sur les positions de fait d’un BHL socialo-ump.
Silence de mort auquel a succédé aujourd’hui les orgues bruyantes de la propagande occidentale autour de la destruction de l’avion en plein vol, l’interprétation tout de suite dont le ton a été donné par la maison Blanche. La découverte tout à coup que depuis des mois une véritable guerre dans lequel des hommes et des femmes dont on veut voler la terre pour y installer au moins une exploitation du gaz de schiste dans lequel le fils du vice président des Etats-Unis est déjà au conseil d’administration de la Shell, un pays livré aux appétits des néonazis et des oligarques les plus immondes dans lequel des ouvriers , des mineurs ont pris les armes contre un putsch gérés par l’Occident. Avec toujours le même questionnement: s’agit-il des Russes, de Poutine? Alors que tout le monde parait trouver normal l’encerclement de la Russie par l’OTAN et la présence même des Etats-Unis à la manoeuvre contre ces pauvres gens.
Les contradictions des communistes français
Silence pas tout à fait total, il y a des restes de solidarité ouvrière, d’exigence de paix dans la justice et les seuls que je trouve pour avoir le courage de se battre, pour tenter l’entreprise folle de briser le silence sont des militants communistes, Marianne dans son Pas de calais natal, moi à Vénissieux, dans le Tarn… Il y a quelque chose dérisoire et de grandiose chez ces militants.
Ceux qui m’ont invité à témoigner, la fédération du Tarn, l’on fait en toute conscience, et d’une manière très respectueuse de leurs adhérents et de la diversité des opinions qui s’est largement exprimé durant les débats jusqu’à ce que un provocateur sénile, un inquisiteur, veuille rétablir "la ligne", celle du silence de la direction du PCF et de l’humanité sur cette guerre d’Espagne oubliée dans ce qui fut l’UNion soviétique. Parce qu’il faut conserver la ligne, celle qui n’a jamais voulu que l’on parle, que l’on analyse en tant que communistes de ce qu’a été réellement cette expérience soviétique.
Et c’est là le pire de ce parti qui crève et fait crever des générations entières des meilleurs combattants de la France pour n’avoir pas voulu oser affronter cette question et à cause de cela n’avoir plus d’autre perspective que conserver un petit patrimoine d’élus, plus aucune vision internationale, plus aucune place dans le monde, à la remorque du PS puisque le socialisme le vrai est devenu une entreprise impossible.
Et quand il n’y a plus de perspectives politiques, l’être humain est ainsi fait que toutes les petites histoires se substituent à la Grande Histoire celle justement où un peuple transforme la réalité insupportable, invente une issue, une révolution…
Un article ignoble de l’Humanité le 17 juillet
A titre d’exemple de ce pourrissement, le même jour, un article ignoble dans l’humanité, le titre: Lougansk et Donetsk retiennent leur souffle m’a fait pousser un cri de joie, enfin un article du journal de Jaurés, celui qui mourut de défendre la paix et de dénoncer les marchands de canon, ce journal donc parlait-il enfin de ce terrible conflit? Faisait-il état de ce meurtre d’un monde ouvrier qui ne se résignait pas au retour du capitalisme sauvage ? Le même jour les mineurs de Bruyai en Artois CGT diffusaient un appel des mineurs du Donetsk réclamant leur solidarité, peut-être s’agissait-il de ça? Ou encore du manifeste diffusé ici même dans lequel les insurgés tel les communards inventait un monde nouveau pour toute l’Ukraine ?… Puis je lis l’article pleine d’espoir et là l’ignominie: non seulement il renvoie dos à dos les "deux parties", dans un style tout à fait comparable à celui que la presse bourgeoise utilise pour créer un signe d’équivalence entre Israêl et le Hamas, mais cette phrase: "le commandant militaire des insurgés, Igor Strelkov, un nostalgique de la Russie tsariste et de l’armée blanche, qui avait déjà combattu dans les rangs serbes en Bosnie, s’est dit prêt à toutes les éventualités".
On peut difficilement faire plus ignoble et plus mensonger pour contribuer à la violence de le meute journalistique contre ces gens. Si Igor Strelkov est un nostalgique de quelque chose c’est de l’armée rouge de l’Union Soviétique et il s’est surtout illustré en allant aider l’enclave indépendante en Moldavie de Transnistrie qui n’a jamais voulu reconnaître la fin de l’Union Soviétique. je dis à mes interlocuteurs d’Albi ce que je pense de ce mensonge qui étouffe la voix des mineurs du Donbass.
Aujourd’hui où tout est fait à partir de la destruction de l’avion touristique pour tenter de faire porter la responsabilité avec ceux que l’on a baptisé les pro-russes, les séparatistes, on mesure mieux la saloperie de cet article paru dans l’Humanité du 17 juillet, ce mensonge qui étouffe un peu plus la réalité de la voix du Donbass.
Ne surtout pas réfléchir à l’expérience de l’Union soviétique
On a envie de dire "j’accuse" ceux qui ont développé l’absence d’esprit critique tout en brisant l’unité de la formation et de l’action, parce quand j’ai corrigé ce texte, j’ai eu droit à l’hystérie d’un provocateur dans la "ligne" qui n’avait aucun argument mais m’insultait parce que j’osais dire que des peuples regrettaient l’UNion soviétique.
Je reconnaissais cet atrabilaire vieillard, c’était le même qui jadis interdisait la moindre critique de l’Union Soviétique, menait des procès contre la moindre dissidence. Il n’avait pas changé d’un iota, il s’était débarrassé de la combativité, de notre histoire mais il conservait l’essentiel : le culte de l’infaillibilité des directions. Dieu que je l’ai haï un court instant, ce type qui depuis 23 ans nous asphyxie, fait partir des générations entière de militants… J’ai compris la rancune de ce pompier du Donbass, amoureux du passé soviétique mais qui en voulait aux communistes d’avoir détruit par leur incapacité, leur suivisme des pires errances, leur facilité ce qui demeurait son idéal de vie, de fraternité, d’égalité, de dignité.Est-ce qu’il étouffera aussi ce jeune secrétaire de la JC qui est passionné par le problème Ukrainien, il apprend le Russe et il est étonnant de curiosité, il en sait plus que moi sur la situation, l’histoire, il corrige mes dates avec pertinence…
Non il ne s’agit pas de nostalgie, il s’agit de l’avenir et de nos luttes présentes
Nous étions dans le pays de Jaurés alors la colère m’a soulevée et j’ai dit à ces gens là que j’était invitée comme sociologue et que je n’étais pas là pour imposer une ligne à des communistes qui prenaient le temps dans cette chaleur estivale écrasante de venir tenter de vaincre l’omerta sur un conflit capable d’aboutir à une déflagration mondiale. Quant à la question qui le bouleversait à savoir la possiblité que des peuples regrette l’UNion soviétique, il ne s’agissait pas de nostalgie mais bien de nos luttes actuelles et de notre avenir.
Là encore j’ai pris l’exemple de jaurès. Après l’échec de la Révolution française, et même de sa forme autoritaire napoléonienne, le retour de la réaction la plus crasse a peint une bilan abominable de cette révolution. Sur le pan économique c’étaient les assignats, sur le plan politique la terreur et la guillotine. Ce qui distingue Jaurès de tous les radicaux bourgeois de son époque c’est justement son rapport à la révolution française dont il écrit une admirable histoire. Mieux alors qu’encore aujourd’hui la figure de Robespierre est villipendée, lui ose affirmer qu’au jacobins il va s’asseoir à se côtés.
On ne peut pas lutter pour la paix, pour l’émancipation des peuples si l’on n’est pas capable d’assumer pour le pire comme pour le meilleur un passé révolutionnaire. Ce passé révolutionnaire qui pour paraphraser Robespierre reconnait le peuple pour boussole. Prétendre l’ignorer bouche toute perspective et fait de nous les éternels esclaves d’une pensée bourgeoise limitée à la survie de quelques élus que nous devons à des manoeuvres avec le PS.
C’est pour cela que ce type hurlait et ne voulait pas entendre, il n’était pas sot, il savait que depuis 23 ans lui et ses pareils nous avait enchaîné à leurs peurs, leurs médiocrités et que s’il reconnaissait cela, il était foutu, il avait perdu sa vie et la notre.
En attendant cet hommes avait bien préparé à sa manière la pression médiatique d’aujourd’hui. Mais il n’était aussi qu’un individu parmi tous ceux qui étaient venus là dont beaucoup n’étaient pas ou plus membre du parti mais qui revenaient avec malgré tout un peu d’espoir.
Voilà, je suis épuisée mais je tenais à vous dire cela, épuisée de fatigue physique mais aussi par le choc de toutes ces rencontres, toute cette richesse humaine… ces repas après jusqu’à la nuit passer à discuter de ce qui est encore possible ou pas… je ne veux pas bousculer les camarades, les heurter dans leur sensibilité mais ce qui se passe dans le Donbass mérite notre solidarité de communistes et nous aide à réfléchir à notre propre utilité de communistes pour notre peuple: lutte contre le fascisme, la fascisation européenne et lutte pour la paix de plus en plus urgente.
Merci aux camarades du Tarn et rendez-vous à la rentrée à la fête de l’humanité… Parce que la situation est bien celle-là, un parti détruit, bloqué, aussi épuisé que moi et pourtant il n’y a rien d’autre de comparable dans le France d’aujourd’hui. Pourtant Est-ce que je peux conseiller aux nombreux jeunes avec qui je discute cette adhésion, se perdre dans ce frein continuel, ces querelles et ses divisions sans importance? Alors qu’il y a péril en la demeure.
Danielle bleitrach