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Réveil Communiste

Critiques de la théories de la révolution informationnelle par JC Delaunay : conclusions

10 Septembre 2012 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate

Pour éviter qu’on lui reproche de suivre un modèle a priori, la théorie de la révolution informationnelle ne parle pas de socialisme. Mais peu importe. Elle procède à des choix théoriques ayant une incidence sur la conception que l’on peut avoir du socialisme.

Selon moi, la conception du socialisme que l’on peut lui associer est technique, extra-sociale et mondialiste.

1) Elle est technique. Ce sont les ordinateurs et leurs matières premières de base, les informations, qui engendrent, sur la base des contradictions du capitalisme, un besoin de changement social que j’appelle socialisme.

Ma position est différente. Ce qui traverse et bouleverse la société contemporaine est que, sur le fondement de ses progrès en productivité, elle tend à développer prioritairement le besoin d’activités de type relationnel, la production non matérielle, comme préalables et comme accompagnement de la production matérielle.

Le socialisme, serait la « bonne » maîtrise de la production non matérielle, pour obtenir une production matérielle gérée autrement qu’elle l’est par le capitalisme mondialisé et financiarisé.

2) La théorie de la RI est extra-sociale. Elle suit le schéma du Manifeste communiste, où ce sont les moulins qui font la féodalité. Mais depuis 160 ans, un certain nombre de phénomènes majeurs sont arrivés. La productivité du travail a considérablement augmenté. Les sociétés les plus riches ont accumulé de la connaissance scientifique et du savoir-faire. Le monde est devenu hyper-complexe et dans cet état de très grande complexité, il ne suffit pas de produire des biens, il faut produire des relations nouvelles, notamment entre les hommes, entre les hommes et la nature, entre les hommes et la connaissance.

Le trait majeur de notre époque n’est pas de produire des technologies époustouflantes engendrant le besoin d’une société nouvelle, comme le suggère la théorie de la RI.

Le trait majeur de notre époque est de faire que le progrès de la société ne dépende pas seulement de technologies matérielles. Elle dépend d’abord et avant tout du travail et de technologies sociales. Dire que l’on envisage le socialisme revient à dire que la classe capitaliste n’est pas en mesure de produire les technologies sociales, les activités relationnelles, la production non matérielle à même de développer la production matérielle. La révolution de notre temps est double en même temps qu’inversée par rapport aux époques antérieures.

Jusqu’à ce jour, les techniques productives nécessitaient certes que les rapports de production fussent adaptés à leur insertion. Mais elles demeuraient prioritaires et déterminantes.

Il semblerait qu’aujourd’hui, les techniques productives ne soient plus déterminantes à elles seules de la révolution des sociétés puisque les hommes sont une partie prenante des processus de production. C’est ce que Francis Velain appelle « le retour du travail vivant ». La modification du rôle des hommes qui seraient non seulement des éléments subjectifs du procès de travail mais simultanément des composantes de ce procès, entraînerait que les changements dans les rapports de production devraient précéder les changements dans les techniques.

C’est pourquoi, au socialisme informationnel que défend Boccara, et qui est un socialisme d’ingénieurs, j’oppose un socialisme relationnel et de service. En effet, non seulement se produit « le retour du travail vivant », mais en plus, dans la conscience collective se dessine l’idée du service, de l’usage. La société doit être à leur service.

3) La théorie de la RI est, selon moi, mondialiste. C’est par une action mondiale concertée que l’on changerait le monde. Oui, sans doute. On peut faire la révolution en tournant autour de son bureau. Le projet de monnaie commune mondiale me paraît de cette veine. Mais les « choses » se passent-elles ainsi ? Aujourd’hui, le gouvernement chinois conclut des accords pour régler les échanges dans les monnaies des échangistes sans passer par le dollar. Il ne va pas attendre une hypothétique monnaie commune mondiale en papier pour commencer à résoudre ses problèmes avec le dollar. Je ne crois pas que le socialisme puisse être conçu d’emblée comme un mouvement mondial.

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