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Réveil Communiste

Courrier de André Gerin au Président de la République concernant Nabil Hadjarab, détenu à Guantanamo

17 Septembre 2010 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Positions

 

Monsieur le Président de la République,

Je m’adresse à vous sur un sujet qui me tient à cœur pour lequel je me suis mobilisé depuis plusieurs mois : l’accueil en France de Nabil Hadjarab de nationalité algérienne détenu à Guantanamo depuis 2002.

Aucune ambiguïté ne saurait accompagner cette issue : elle doit être examinée par les autorités françaises. Il s’agit de comprendre dans quelles conditions Nabil s’est retrouvé en Afghanistan et son retour doit s’effectuer sous l’égide de la justice de notre pays.

Aujourd’hui âgé de 31 ans, il a passé huit ans en prison à Guantanamo. Il a été disculpé de toute charge en 2007 par l’administration Bush, ce qui devra être précisé et confirmé.

Il a grandi en France, élevé par son oncle, Ahmed, depuis le décès de son père en 1994. Cet oncle possède la nationalité française, considère Nabil comme son fils et est prêt à l’accueillir.

Son père, Saïd, a servi 28 mois dans l’armée française durant la guerre d’Algérie et en particulier dans la garde républicaine qui accompagna le Général de Gaulle.

Il se trouve que j’ai côtoyé l’un et l’autre alors que j’étais salarié et délégué syndical dans les usines automobiles Berliet de 1963 à 1968 et qu’ils résidaient à Vénissieux. Ils sont un modèle de l’intégration de ces nombreux algériens venus en France travailler dans l’industrie.

Nabil n’a aucune attache en Algérie, personne susceptible de l’accueillir. Ces années de détention à Guantanamo et le passé de son père constituent des raisons sérieuses de craindre pour sa vie.

En juillet, le rapporteur spécial des Nations-Unies sur la torture, M. Manfred Nowak, et l’expert indépendant sur les droits de l’Homme, M. Martin Scheinin, avaient appelé le gouvernement américain à ne pas transférer des détenus de Guantanamo vers un pays où ils risquent d’être victimes de tortures.

Cette mise en garde s’appuyait sur l’expulsion de deux algériens, dont l’un avait disparu dès son retour. Elle est à prendre très au sérieux.

J’espère que l’avis négatif du Quai d’Orsay pourra être examiné à nouveau dans le même esprit que nous avons accueilli en 2009 deux anciens prisonniers de Guantanamo de nationalité algérienne.

Antérieurement, en 2002, j’avais œuvré pour le rapatriement de Nijar Sassi et Mourad Benchellali avec le ministère des affaires étrangères et la justice française. Leur retour était intervenu en juillet 2004.

J’ai saisi, le 15 juillet dernier, M. Bernard Kouchner. J’ai eu plusieurs échanges avec lui. Les avocats de Nabil ont entrepris de multiples démarches. Nabil lui-même s’est adressé à vous, voici quelques jours.

Je souhaite qu’un examen attentif soit diligenté pour que Nabil puisse rapidement être accueilli en France. En lui permettant de rejoindre le pays où il a grandi, nous ferions acte de reconnaissance de la Nation envers son père qui fut un serviteur loyal et intègre de la République française.

Je suis disponible pour rencontrer les fonctionnaires compétents afin de trouver une issue pour Nabil.

Je crois que cela serait tout à l’honneur de notre pays.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.

André GERIN

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