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Réveil Communiste

Compte rendu du CN du PCF des 26 et 27 novembre 2010 par Caroline Andréani

28 Novembre 2010 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #CN du PCF


Compte-rendu du Conseil national du 26 novembre 2010

 

Après une heure d'un rapport très généraliste survolant la lutte contre la réforme des retraites et analysant la politique de la droite au pouvoir, Pierre Laurent termine en annonçant le congrès de juin 2011 et la marche que suivra le parti pour l'élection présidentielle de 2012.


Le conseil national du 7 janvier 2011, en même temps qu'il convoquera le congrès, lancera le processus interne aux communistes pour la désignation d'un candidat à l'élection présidentielle. Officiellement donc, le 7 janvier les candidatures communistes seront ouvertes. In fine, le candidat des communistes sera choisi au congrès.


Là où le bas blesse, c'est que le candidat des communistes ne sera pas forcément le candidat du Front de Gauche. Qui plus est, la stratégie du parti reste nébuleuse : ira-t-il à l'élection présidentielle sous ses couleurs avec un candidat communiste (hypothèse peu probable, compte tenu du ton du rapport) ; ira-t-il avec un candidat communiste sous les couleurs du Front de Gauche (hypothèse d'ores et déjà malmenée par Pierre Laurent) ; ou soutiendra-t-il Mélenchon dans le cadre d'une candidature unique du Front de Gauche ? C'est cette troisième hypothèse qui semble pour le moment retenue par la direction nationale même si, publiquement, rien n'est encore annoncé.


Le débat du conseil national s'est beaucoup polarisé sur ces questions de stratégie, alors que nous sortons de deux mois d'un mouvement social important, qui n'a pas débouché sur le recul du gouvernement.


Le mouvement des retraites a été abordé par plusieurs camarades au CN, mais il n'a pas fait l'objet d'une discussion ni d'une analyse politique sérieuse. Pour les uns, il s'agit d'une défaite parce que Sarkozy et Fillon n'ont pas reculé d'un iota et même, sont de nouveau à l'offensive. Pour d'autres, le mouvement se poursuit et il ne faut pas l'enterrer. Tous s'accordent à dire qu'il a constitué une avancée importante dans la prise de conscience collective de la nocivité du capitalisme. Une analyse un peu courte pour un parti communiste. Et un sujet qui aurait mérité que l'on pose les questions qui fâchent : pourquoi a-t-on si peu entendu le Parti communiste alors que d'autres forces politiques – NPA, Parti de Gauche – ont pu s'exprimer longuement ? On attend encore une expression indépendante du Parti communiste alors qu'il s'est effacé derrière le Front de gauche.


Si les marchés financiers sont incriminés dans la crise systémique du capitalisme, si la droite est dénoncée pour son action de casse sociale systématique, jamais la politique de l'Union européenne n'est mise en cause. Pierre Laurent et d'autres membres du CN parlent effectivement des politiques d'austérité appliquées à la Grèce, à l'Irlande ou au Portugal. Mais jamais les sacro-saintes Union européenne, Commission européenne ou Banque centrale européenne ne sont citées. C'est l'action des marchés financiers, entités évaporées et inconsistantes, qui fait l'objet de toutes leurs dénonciations. A une semaine du congrès du Parti de la gauche européenne à La Défense, alors que partout en Europe les peuples manifestent contre l'austérité imposée par l'Union européenne, il n'y a que les communistes français pour continuer à jouer les autruches !


Tout empêtrés qu'ils sont avec la stratégie louvoyante du Front de Gauche, les responsables fédéraux du parti ont des appréciations très différentes sur ce dernier. Pour ceux qui cherchent à se placer dans le nouvel organe, type Marie-Pierre Vieu, ou pour la ligne suiviste du Conseil national toujours prête à soutenir n'importe quel revirement, le Front de Gauche est la panacée. Ce que les communistes n'ont pas réussi à faire avec les collectifs anti-libéraux, ils le réussiront avec le Front de Gauche. Certains vont même jusqu'à prétendre que les gens se ruent pour demander leur adhésion directe au Front de Gauche ! Pour d'autres, le constat est plus nuancé. Tous les responsables fédéraux qui ont du accepter, sur pression de la direction nationale, de faire élire aux régionales des inconnus labellisés Parti de Gauche ou Gauche Unitaire sont très réservés. Et ils ne constatent pas une quelconque ruée au Front de Gauche.


Pour la direction nationale, l'élaboration du programme politique partagé (ou pacte d'union populaire) doit permettre de surmonter les difficultés politiques et les questions de personnes au sein du Front de Gauche. Elle soutient que si la dynamique du Front de Gauche prenait, elle pourrait permettre d'arriver premiers à l'élection présidentielle devant le Parti socialiste. Après les errements de l'élection de 2007 où il s'agissait de « jouer la gagne » grâce aux collectifs anti-libéraux, la direction nationale reproduit une stratégie qui a pourtant montré ses limites.

Mélenchon a l'ambition de construire son parti sur les ruines du Pcf. Personne au Conseil national ne le conteste réellement. Pour autant, la direction nationale pense pouvoir tirer son épingle du jeu. Pierre Laurent invoque les 6,5 % d'intentions de votes en faveur de Mélenchon pour demander aux communistes d'examiner la possibilité de soutenir cette candidature.


La sensibilité de Nicolas Marchand est très remontée. Elle dénonce Mélenchon comme étant un populiste, simpliste, etc. Elle est arcboutée sur la candidature Chassaigne et demande que le parti soutienne officiellement sa candidature.


Quant à la gauche du parti, elle refuse le choix de Mélenchon et exige que les communistes soient consultés, en respect des statuts. Elle met en avant que partout où le Parti communiste s'est présenté sous ses couleurs, en répondant aux attentes politiques, il s'est renforcé. La candidature Mélenchon n'est donc pas une fatalité. Un candidat du Parti communiste, qui défendrait un programme réellement révolutionnaire, aurait toute sa place dans la prochaine élection présidentielle.

 

Plusieurs camarades mettent en garde contre l'opération qui consisterait à imposer Mélenchon contre l'avis de la majorité des communistes et sur les risques d'une division.


Au total, la teneur des discussions au Conseil national tient plus du débat byzantin sur des querelles secondaires que d'une réflexion collective sur les véritables enjeux politiques. Elle a de quoi interroger sur l'avenir de ce parti s'il continue à vivre en vase clos. Alors que la dernière manifestation contre la réforme des retraites a eu lieu moins de trois jours avant le Conseil national, alors que les enjeux de société sont plus que jamais posés dans un pays en proie à une très grave crise systémique, alors que partout en Europe, les peuples manifestent contre l'austérité imposée par l'Union européenne et le FMI, on attendait un débat d'une autre nature, et surtout, d'un autre niveau.

A trop se replier sur eux-mêmes, les dirigeants du Parti communiste parti oublient qu'ils évoluent dans une société en pleine transformation. Sans projet d'envergure, sans ancrage populaire, sans autre perspective que le court terme, le Parti communiste risque de faire les frais d'une stratégie suicidaire.

 

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