Bruce Lee et l'impérialisme
6 Août 2013 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Art et culture révolutionnaires
Extrait de l'article de Jean Paul Pougala publié sur LGS : Les plus gros mensonges sur la coopération entre la Chine et l’Afrique
Voir aussi sur Bruce Lee le site du Quotidien du Peuple : lien http://french.peopledaily.com.cn/Culture/8334018.html
LA LECON DE BRUCE LEE ET LE RACISME ANTI-CHINOIS
Le philosophe autodidacte et acteur de cinéma chinois Bruce Lee disait en 1969, qu’aucun Chinois vivant en Occident ne pouvait faire fortune, parce que, disait-il : « les Blancs sont à tel point saoulés de leur complexe de supériorité vis-à-vis des autres races qu’ils sont prêts à vous casser si vous connaissez la gloire chez eux, juste pour éviter que votre succès ne mette en doute leur supériorité. » Il dit toujours en 1969 avant de quitter définitivement les USA : « à Hollywood, dans les films, il y a un standard de beauté et de succès, c’est le Blanc et rien d’autre. Jamais un Chinois n’aura le premier rôle dans leur cinéma, jamais un Chinois n’aura le rôle de séducteur. » Plus de 40 ans après, les choses sont restées figées comme il les dénonçait et aujourd’hui en 2013, il n’y a jamais eu de Chinois jouant le premier rôle dans un film de Hollywood, encore moins, jouer le rôle de séducteur. Jacky Chen joue le premier rôle parce que c’est lui-même qui produit ses films. Un Chinois dans un film américain doit forcément être un épicier ou un magouilleur. Bruce Lee, ce visionnaire autodidacte et sans diplôme, qui avait sa maison pleine de livres des philosophes de tous les temps, arrive à cette constatation, parce qu’il a passé de nombreuses années à lire beaucoup, à beaucoup réfléchir pour comprendre le système et chercher l’originalité qui lui aurait permis d’avoir sa place au soleil. Mais ce ne sera pas suffisant. Il passe des nombreuses heures à visionner les vidéos des combats de boxes et il invente un nouveau genre de combat qui est un mixe entre le karaté chinois et la boxe américaine. Ce nouveau style rencontre très vite le succès à l’écran à Hollywood. Il crée alors une école où il forme les meilleurs acteurs du cinéma américains, tous blancs, qui sont très vite recrutés dans des premiers rôles de combat au cinéma, mais jamais lui qui était pourtant leur maître. Et c’est après cette phrase d’amertume qu’il rentre dans son pays. Hong-Kong est alors une colonie britannique. Il ne comprend pas pourquoi les Britanniques peuvent se vanter d’être champion de la démocratie et les droits de l’homme et ne pas les appliquer à Hong-Kong. Jamais du temps des Britanniques, personne ne saura ce que c’est que d’aller voter à Hong-Kong. Bruce Lee ne comprend pas comment son pays la Grande Chine a pu à ce point être faible et céder en location une partie de son territoire (Hong-Kong) aux Britanniques et Macao aux Portugais, c’est-à-dire avec un minuscule pays européen d’à peine 91.900 km2. Et sa population plus petite que celle de Shanghai. Il va traduire toute cette frustration dans ses films à travers un constant patriotisme chinois. Et c’est le succès dans son pays. Il enchaine les tournages, non sans se venger des Blancs, en utilisant leurs propres méthodes, parce qu’il a compris que le cinéma américain est tout d’abord l’expression de la propagande du patriotisme américain. C’est ainsi que dans le film : « La Fureur du dragon », c’est-à-dire la fureur de sa chère Chine, contre l’Occident, il montre un Chinois à Rome, en Italie (lui-même) qui défie la mafia et tous ses stratèges. Ces derniers ne sachant quoi faire, font appel à un américain, un blond, très imposant (symbole de ce standard de beauté décrié par Bruce Lee avant) pour battre Bruce Lee dans le Colisée. Même le choix du Colisée de Rome n’est pas un hasard. C’est en effet, le symbole de la technicité et de la gloire passée occidentale : l’Empire Romain. Et c’est là où le petit Chinois, tout maigre, juste en utilisant la ruse et l’intelligence, va battre Chuck Norris, le Blanc, et sa supériorité raciale. Bruce Lee touche là une corde très sensible. Mais il n’en a cure. Avant l’heure, à travers ce film, il a dit que la gloire de l’Occident était dans le passé et que cet Occident serait très vite balayé par cette Chine qu’ils maitrisent tant, lui qui ne cessait de répéter qu’il faut aller au-delà du karaté pour comprendre le message politique de ses films. En 2013, on peut dire sans risque de se tromper qu’il était un visionnaire. Dans le subconscient des populations des pays dits opprimés du monde de l’époque, Bruce Lee devient un symbole. Même si la traduction anglaise de ses films change l’esprit du patriotisme chinois qu’il ne cesse d’afficher dans tous ses films, pour le relativiser. Si vous parlez chinois, je vous conseille de regarder plutôt la version chinoise du film : vous serez éblouis par la force des mots aux vues des sujets d’actualité de ce 21ème siècle. Il va mourir mystérieusement et aux jours d’aujourd’hui, l’administration coloniale britannique n’a jamais fournie les preuves convaincantes des raisons de sa mort. Son fils sera lui aussi tué quelque temps après dans des circonstances aussi bizarres que son père.
Faire taire Bruce Lee ou son fils, au lieu de l’écouter pour anticiper les évènements, c’était comme nier l’évidence des choses qu’il dénonçait et surtout, oublier comme il disait que le « Chine n’est qu’un géant endormi, mais elle reste un géant ». Multiplier la haine anti-chinoise en Afrique ou en Occident ne changera pas la donne d’une communauté qui sait se retrousser les manches pour retourner les humiliations de l’histoire.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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