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Ce w-e du 11 novembre à Berlin, il fait frisquet mais nous sommes accueillis chaleureusement par Harri Grunberg et Rainer Schulze responsables de Netzwerk Cuba, l’association allemande de solidarité avec Cuba, organisatrice de l’évènement. Le colloque a réuni à l’hôtel Kolumbus situé dans l’est de la ville, 131 participants venus de 31 pays et représentants 55 organisations solidaires de Cuba en Europe. De nouveaux pays sont venus renforcer ces rencontres. En effet, en 2010 à Sofia, seulement 23 pays étaient représentés par quelques 87 délégués.
La délégation cubaine est composée de Kenia Serrano, présidente de l’ICAP (Instituto Cubano de Amistad con los Pueblos), Holmedo Perez, vice-Président en charge de l’Europe. Elisabeth Palmeiro, épouse de Ramon Labaniño Salazar (un des Cinq Cubains emprisonnés aux E.-U.) était l’invitée d’honneur. L’ambassadeur cubain en Allemagne Raul Becerra complétait la délégation.
Pour ce qui concerne la France, Cuba Si France avait envoyé 4 délégués emmenés par son président Charly Bouhana. France Cuba, la seconde association française présente à Berlin était représentée par Dominique Leduc et Corinne Pastori.
Je crois que l’on peut féliciter Netzwerk Cuba pour l’excellence de son organisation qui a reposé sur la rigueur légendaire de nos amis allemands.
Sitôt arrivés, les délégués ont été divisés en 3 groupes correspondant aux 3 thèmes choisis : "les 5 patriotes", "la position commune de l’UE à l’égard de Cuba" et "la politique des médias". Le troisième thème est celui qui est apparu le plus important. Ces trois journées de travail ont montré la volonté de tous les délégués d’aboutir à des résultats concrets avec un leit motiv : ne pas s’en tenir au seul discours ! L’atmosphère générale était sérieuse, attentive et particulièrement combative. Pourtant la moyenne d’âge était assez élevée. C’est un constat que nous faisons tous et partout. Il faudra bien un jour ou l’autre et le plus tôt sera le mieux, se confronter à la question : comment intéresser et recruter des jeunes pour continuer le combat ?
De ces rencontres fructueuses, il faut noter l’apparition de deux tendances au sein des délégations :
- L’une revendiquant que seul un discours ferme soutenant une avancée décisive vers le socialisme pouvait convaincre,
- L’autre défendant plutôt l’utilisation d’un langage plus atténué dans l’espoir de mobiliser plus de monde.
Quelques unes des délégations ont, soit par des contributions, soit à la tribune, défendu leurs bilans et exposé leurs interrogations. Toutes étaient décidées, pugnaces. Mais malgré la recherche d’originalité dans leurs luttes, elles constatent la difficulté à mobiliser et la faiblesse chronique des rassemblements. Chacun s’accorde à en expliquer une des causes : le contexte économique extrêmement dégradé en Europe. Ce qui ne favorise en rien, bien au contraire, un intérêt pour le sort de Cuba, petit pays si lointain. Pourtant cela n’entame pas l’opiniâtreté, la ténacité des délégués. Il faut trouver des moyens de communication qui permettent de se faire entendre. Et voilà tout l’intérêt et l’importance de la commission Médias.
La commission média fait le constat que dans quasiment tous les pays d’Europe, la plupart des médias qui inondent la sphère publique sont entre les mains de grands groupes capitalistes à la solde de la pensée unique qu’ils contribuent à imposer. "Ils ne reflètent pas l’opinion publique, ils la font !" Ainsi Cuba est-il partout particulièrement maltraité. Tous les délégués s’accordent pour confirmer la volonté des médias de dénigrer, déformer systématiquement la politique Cubaine, allant jusqu’aux mensonges les plus éhontés. A la radio comme à la télévision, aucun débat n’est organisé en présence d’un défenseur de Cuba ou s’il l’est, sa parole est étouffée par le nombre pléthorique d’anti-cubains. Très peu de reportages sur Cuba présentent un caractère objectif. Ils s’inscrivent pratiquement tous, avec un zèle suspect, dans la mouvance des idées libérales matraquées jusqu’à l’écœurement par l’oligarchie européenne. Il est donc très difficile, voire impossible pour les associations de solidarité de contrer efficacement un déferlement aussi organisé et puissant. Alerter sur l’injustice des condamnations des 5 patriotes cubains, interpeler la population sur la violence des agressions que subit quotidiennement Cuba, bref, faire entendre une voix discordante mais vertueuse dans ce concert général de propagande hystérique parfois haineuse envers Cuba, relève d’une gageure improbable. On peut affirmer haut et fort que le cas des 5 cubains est totalement ignoré par nos médias. C’est l’omerta la plus intégrale ! Et à l’évidence, rien n’est à espérer avec la réélection d’Obama à la Présidence étatsunienne.
En Europe les 5 plus grands groupes de presse disposent de 80% des moyens d’information, avec pour objectif, non pas d’informer mais d’influencer et transformer le citoyen en consommateur. Il nous faut donc trouver de nouveaux moyens d’expression et de communication qui puissent contourner la servilité massive des médias classiques et susciter l’intérêt et la curiosité du public. En même temps, on ne peut dissocier le niveau de notre communication du peu de moyens financiers dont la plupart des associations disposent. Pourtant, chacun met en avant la capacité de ses militants, la volonté et la ténacité qui les animent, motivés par la justesse de leur combat et le courage du peuple cubain et de ses dirigeants à persévérer dans leur choix d’une société socialiste malgré l’hostilité agissante de l’Empire.
Les propositions de la Commission Média :
- Investir massivement les médias alternatifs, sans doute le moyen le plus efficace pour contrer la presse officielle anti-cubaine : internet, réseaux sociaux.
- Analyser dans chaque pays la nature des médias pour mieux les utiliser ou les contourner.
- Répondre systématiquement aux médias. Ne pas hésiter à multiplier les réponses.
- Communiquer davantage avec L’ICAP : L’informer pour mieux nous informer !
- Création en cours d’un site internet européen qui disposera de liens avec chaque association européenne. Son but, recenser et fédérer les activités et les actions menées dans chaque pays européen : www.eurocuba.org\
- Pour les 5, toutes les contributions et articles pourront être transmises à la coordination européenne : free-th-five@cubanismo.net.
L’Assemblée Générale a synthétisé les travaux des 3 commissions, par les propositions suivantes :
- Position commune de l’Europe envers Cuba : Une lettre commune des associations européennes sera envoyée à la Présidence de l’Europe. Il s’agit de faire en sorte de modifier l’attitude européenne imposée par Aznar. L’Europe ne doit plus suivre les décisions étatsuniennes. Agir pour que soient renforcées les relations bilatérales entre Cuba et les autres pays afin de rendre inefficace le blocus imposé à Cuba par les E-U. de plus en plus pernicieux et aussi préjudiciable au peuple cubain qu’à son gouvernement.
- Mettre en œuvre une communication alternative efficace essentielle à la divulgation de la réalité cubaine et au rétablissement de la vérité sur Cuba.
- Utiliser les "people" en développant la mise en ligne sur internet de vidéos mettant en scène des personnalités connues favorables à Cuba.
- Exiger une aide européenne pour les dégâts causés par l’ouragan Sandy : 6 000 ha de plantations détruites dans l’Oriente. L’urgence : la réfection des toitures des maisons qui ont terriblement souffert.
Kénia Serrano, avec sa verve habituelle, sa conviction vissée au cœur, conclut le colloque en communiquant à tous les délégués son enthousiasme vivifiant, sa détermination à résister, à poursuivre sans relâche un combat juste et exemplaire. A chacun de nous de tout faire pour en être le digne représentant européen, par l’élargissement des effectifs, par la recherche d’une plus grande efficacité dans l’organisation des luttes et par une amplification de leur couverture médiatique.
Finalement, c’est sûr, nous vaincrons. Pour Cuba, le plus tôt sera le mieux.
Michel Taupin
Cuba Si France
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