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Réveil Communiste

André Gerin protestre contre le rapport de la DDT qui dédouane le patron liquidateur de Saint Jean Industrie

18 Octobre 2010 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Luttes 2008-2011


http://fr.novopress.info/wp-content/uploads/2009/11/Andre_Gerin.jpgcourrier de André Gerin à Eric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique dans lequel il demande le retrait du mémoire rédigé par la direction départementale du travail à la suite de la fermeture de l'entreprise Saint-Jean Industries à Vénissieux.

Monsieur le Ministre,

La direction départementale du travail a rédigé un mémoire à la suite de la fermeture de l’entreprise Saint-Jean Industries à Vénissieux (devenue VMT).

Ce texte dénature la réalité des faits en rendant les salariés responsables de la liquidation judiciaire de VMT, en occultant le comportement patronal et la manipulation dont ont été victimes les salariés, les responsables syndicaux et en premier lieu, la secrétaire du comité d’entreprise, Laurette Joulie.

Il justifie les positions et démarches du dirigeant de Saint-Jean Industrie avec une criante mauvaise foi et une falsification de la vérité doit donc être retiré afin de rétablir les faits et rendre aux salariés et à leurs représentants, leur dignité, leur intégrité.

Le conseil des prud’hommes de Lyon vient de qualifier les licenciements comme d’abusifs. La juridiction stigmatise le comportement fautif et manipulateur du dirigeant de la société mère de Saint-Jean Industries à l’origine du dépôt de bilan, du redressement judiciaire puis de la liquidation et il en déduit le caractère totalement injustifié des licenciements.

Aujourd’hui, Saint-Jean industrie a plusieurs projets de croissance, recrute du personnel en laissant sur le carreau 50 % des personnes de Vénissieux, licenciées abusivement.

Ce comportement patronal est inacceptable notamment dans le non-respect du reclassement interne conformément au projet de PSE.

Il faut savoir que cette entreprise reprise par Saint-Jean Industrie en 2005 a eu une activité chaotique, sans investissements stratégiques, avec une maintenance insuffisante, une sorte de laissez-faire délibéré au bénéfice d’autres usines du groupe avec une propension à l’externalisation.

J’ai eu confirmation de l’attitude désinvolte, que l’on peut dater de 2007, du PDG du groupe de Saint-Jean Industries vis-à-vis de Renault-Trucks, lorsqu’à mon initiative, deux rencontres se sont déroulées début 2009, avec le préfet Jacques Gerault, le directeur départemental du travail, le président de la Chambre régionale du commerce et de l’industrie et un représentant de Renault-Trucks.

Rendre les salariés et les représentants du personnel responsables de la situation serait faire fi des négociations de juin 2007 entre les sociétés Saint-Jean Industries et Renault-Trucks dont le contenu est déterminant pour la suite des événements.

C’est bien le PDG de Saint-Jean Industries qui a rompu le contrat avec Renault-Trucks Volvo le 15 septembre 2008 en faisant une nouvelle surenchère sur les prix, en mettant le personnel devant le fait accompli pour s’en servir de bouclier anti-Volvo, pour se dédouaner de ses responsabilités et couvrir la fermeture de l’usine de Vénissieux au nom de la crise économique mondiale. Il fallait à tout prix précipiter la liquidation judiciaire.

La société Renault-Trucks confirme, le 11 février 2009 : « le personnel de VMT ferait aussi les frais des agissements irresponsables de l’ancien dirigeant de l’entreprise ».

Ayant participé personnellement au soutien de la grève des 6 et 7 janvier 2009, je suis choqué que l’administration puisse suggérer que les salariés grévistes seraient des menteurs et de mauvaise foi en dépit du caractère sérieux des témoignages dans des attestations légales.

Tout converge vers une mort lente de l’usine. Le sauvetage opéré en 2005 (de l’ex fonderie Duranton) n’aurait été qu’un leurre pour récupérer l’essentiel des machines outil au moindre coût et préparer sur le site une opération immobilière. Il s’est agi d’aboutir à rendre cette usine déficitaire.

Les dés étaient pipés et l’objectif était de s’acheminer vers la fermeture, en se servant des salariés, des représentants du personnel et de la secrétaire du CE, Laurette Joulie comme bouc émissaire.

Il est surprenant que l’administration du travail n’ait pas pris en compte l’appréciation des personnels et de leurs représentants. Dès décembre 2008, ils dénonçaient la manœuvre et mettaient à jour la manipulation organisée par la direction. Ils décidaient alors de reprendre sans délai, à leur initiative, contre l’avis de leur employeur, la livraison des pièces*.

J’ai pu mesurer la grande qualité et l’esprit de responsabilité dont faisaient preuve les travailleurs et surtout, je souligne le courage et la vision de Laurette Joulie, secrétaire du CE, qui s’est battue jusqu’au bout, afin de maintenir cette activité industrielle et préserver l’outil de travail.

Pour toutes ces raisons, je souhaite que soit étudiée avec la plus grande attention, ma demande de retrait de ce mémoire réalisé par l’administration du travail, pour des raisons de justice et d’équité.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations les meilleures.

 

André GERIN

 

*NB : En 2006, un projet de modernisation « bidon » est annoncé sur une publication de l’entreprise tandis que se développait l’activité en Croatie. En janvier 2009 et alors que j’étais encore maire, j’ai informé le préfet de région que j’étais prêt à céder un terrain appartenant à la ville, pour reconstruire une usine de fonderie moderne. Aucune suite n’a été donnée à ma suggestion.

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