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Réveil Communiste

A propos de la politique de Georges MARCHAIS et de ceux qui l’ont suivi [par Danielle Bleitrach]

31 Décembre 2014 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique

 

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Dans l’interview d’Olivier Marchais par "l’Humanité", j’ai été frappée par la lucidité de cet homme et la manière dont il positionnait la mémoire de son père au service des habitants de Villejuif, des travailleurs et de la nation française, c’était très juste et il était un facteur d’unité et de rassemblement y compris avec le cancérologue gaullisteGeorges Mathé auquel il ne voulait pas opposer son père. Tout cela était d’une grande justesse, comme l’était sa dénonciation des propos de Le Pen qui avait prétendu que si Georges Marchais était vivant il aurait voté FN. (vidéo ci-dessous)


Autant cette intervention d’Olivier Marchais relève d’un devoir de mémoire, autant la mienne, ici, ne jouit d’aucune légitimité particulière sur la pensée de Georges marchais. Il s’agit simplement de la mémoire d’une ancienne dirigeante et du bilan que je peux à ce titre comme tout autre tirer de ces années écoulées? comme l’on dit : une contribution au débat.


Un de mes ultimes souvenirs concernant Georges marchais était sa fidélité à la révolution cubaine. Quand Fidel Castro était venu en France pour l’enterrement de Mitterrand pour honorer non seulement le discours de Cancun malheureusement non suivi d’effets, mais l’amitié de toujours avec danielle Mitterrand, il avait voulu diner en famille chez Georges Marchais. Parce qu’à l’inverse de ses piètres sucesseurs et du journal qui l’a trahi comme il a dans le même temps trahi la Révolution Cubaine, Georges marchais est toujours resté aux côtés de la Révolution cubaine. mais revenons à notre souvenir, quand Georges Marchais était à la fin de sa vie à Cuba, il y avait eu une tentative de le pen déjà pour organiser la confusion à travers des thèmes chers à Georges Marchais, le « produisons français » (dont on mesure aujourd’hui toute la pertinence) , mais aussi justement le soutien à Cuba que Le pen voulait déjà s’approprier… Georges Marchais était fou de rage, il n’avait cessé de protester contre un tel amalgame.


Avec son sens politique acéré, son sens de classe mais aussi celui du rassemblement politique y compris sur des bases des intérêts populaires et nationaux, Georges marchais n’a jamais toléré le moindre amalgame avec l’extrême-droite.  Dans le même temps où il s’employait à dénoncer  la manière dont les dirigeants socialistes étaient prêts à tous les abandons et atlantisme, il gardait une position de classe qui était le meilleur garde-fou face aux dérives potentielles d’un nationalisme susceptible de virer au chauvinisme au profit du patronat.. Malheureusement, le PCF a abandonné les leçons, qui n’étaient pas seulement celles de Georges marchais, mais de l’ensemble du parti depuis Maurice Thorez.


Il a noter que les piètres successeurs d’une longue lignée de dirigeants communistes, qui ont su jouer un rôle essentiel en France et aux yeux des tous les dirigeants communistes de l’Internationale, à la mort de Georges Marchais n’ont pas mieux traité la mémoire de Georges Marchais que celle de Maurice Thorez. Parce qu’il ne s’agissait pas seulement de nier l’apport de dirigeants, mais pire encore celui de la grande masse des militants qui par leur dévouement, leur compétence, leur vie parfois avaient fait du parti ce qu’il était et s’étaient reconnus dans de tels dirigeants. Donc les successeurs ont nié la mémoire des dirigeants, mais pas seulement ils ont d’abord sous estimé  le rôle du part, de son organisation, du respect des militants en tant que force politique agissante et organisée. y compris en utilisant les réflexes les plus « staliniens » de l’obéissance, la légitimité du dirigeant… Le fait que le militant était pour le meilleur et aussi pour le pire un « soldat »… et peu à peu les intérêts des employés des collectivités locales sont venus relayer cette obéissance désintéressée…


Ils l’ont fait en nous soumettant aux analyses non seulement du PS, mais à travers celles-ci à celle du classe dominante de moins en moins nationale, de moins en moins productive et de plus en plus financiarisée et ce depuis les choix de nationalisation-privatisation de Mitterrand qui avaient forcé le PCF du temps de Marchais de quitter le gouvernement. Aujourd’hui, nous voyons les résultats d’une France qui a joué la désindustrialisation et les choix financiers plus que tous les autres pays. Nos fleurons industriels y compris ceux stratégiques ont été ainsi bradés et notre dette que l’on veut imputer à l’excès de protection sociale relève en réalité du déséquilibre de notre commerce extérieur. Quand Georges marchais et les dirigeants de cette époque, la social démocratie non seulement pro-européenne mais atlantiste dénonçait abusivement le chauvinisme du propos, jouait comme un Leipitz déjà aux pseudo écologistes pour mieux se rallier au capital en train de devenir néo-libéral et totalement acquis au bellicisme atlantiste. Cette réalité de la politique du PCF historique a été bradée par les successeurs de Georges marchais, tous ceux qui l’approuvaient ont été éliminés comme des « staliniens »…


Ce traitement minable du passé des communistes s’est situé dans une période d’abandon généralisé d’un échec, du retour de la contrerévolution néolibérale, que l’on a transformé en débâcle, qui a engendre ses doubles opportunisme:  d’abord le choix politique de sauvegarder les élus en même temps que l’on détruisait le parti, son organisation, la formation de ses militants, en  privilégiant  avant tout les élus et les alliances avec le PS, quitte à choisir tous les reniements, ce qui a engendré également un gauchisme qui s’est rapidement accommodé de tous les amalgames avec l’extrême-droite en particulier au plan international mais pas seulement. Et je dois dire, chacun le sait mon désespoir quand je vois certains communistes ne plus reconnaître le fascisme à partir du moment où il semble adopter des positions qu’ils croient celles des communistes… Les réseaux sociaux, les textes qu’ils osent diffuser me semblent un bon test de cette déchéance politique. Au risque d’apparaître « sectaire », jamais un communiste ne peut accepter l’amalgame raciste…


Je voudrais conclure cette rapide réflexion personnelle par une anecdote, récemment sur les réseaux sociaux, à la lecture d’un texte d’hommage à Georges marchais, un militant nouvelle mouture du PCF s’exclamait :« C’est du culte de la personnalité, j’ai l’impression de lire la prose du Parti de gauche face à Melenchon! ». Je lui ai répondu: « Nous respections nos dirigeants parce que nous avions l’impression qu’ils traduisaient ce que nous pensions, mais nous n’aurions jamais accepté que ces mêmes dirigeants pour franchir l’étape des présidentielles, se donne à un socialiste un peu gauchiste, désorganisé, bête des médias et dans l’excès permanent. Nous n’aurions pas adhéré au fait  qu’il nous impose des rapprochements avec d’autres socialistes aussi peu crédibles et très anti-communistes. Et pour couronner le tout que les dirigeants du PCF pour mieux faire oublier leur responsabilité dans un tel échec nous jette contre lui, Mélenchon, en feignant de découvrir à qui ils avaient donné le parti, inventé des forces et perdu in fine… Ce n’est pas la faute à Mélenchon qui est ce qui est, qui est souvent courageux, mais bien à nos choix.  Nous n’aurions accepté ni de nous donner à Mélenchon, ni de le transformer en bouc émissaire pour mieux éviter d’analyser nos propres erreurs. L’exemple type de la poursuite d’une telle démarche erronée se retrouve dans la dernière fête de l’Huimanité, une grande réussite mais sans débouché politique parce que tout y a été une fois de plus placé  dans le dialogue avec  un quarteron de députés socialistes, faux frondeurs que l’on a même pas réussi à faire voter contre le budget… »


Alors que l’essentiel est non pas seulement dans l’autocritique de notre démarche mais de développer l’union à la base , le rassemblement du peuple français et pour cela la politique du parti a un rôle central qu’il s’agisse du redressement économique, de la défense des services publics et des protections sociales, de la grande question de la paix, une politique  qui comme du temps de Maurice Thorez, Waldeck Rochet et georges Marchais doit savoir coller au peuple français, aux intérêts de classe et combattre l’extrême-droite, le fascisme qui reste d’abord le recours de la classe dominante quand la démocratie à leur manière s’avère insuffisante .pour tenir les peuples…


Cette classe dominante qui partout nous mène au fascisme et à la guerre plutôt que d’affronter la nécessité du changement et qui aujourd’hui est en train de transformer le continent européen en poudrière parce que sa survie passe par les vieilles recettes de la guerre froide jusqu’à quelque Hiroshima.


Danielle Bleitrach



source : histoire et société

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