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Réveil Communiste

Impressions du stage FVR-PCF de Saint Chinian

6 Septembre 2009 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Réseaux communistes

Impressions de Saint Chinian, par GQ


J’ai passé à Malibert près de Saint Chinian du 28 au 30 août 2009 un weekend d’étude studieux et fraternel, organisé par la section de Bézier dans un centre de vacance situé en pleine garrigue, dans la cadre du stage de formation du réseau national du PCF  « Faire vivre et renforcer le PCF ». De nombreux membres de la coordination nationale de ce réseau s’y trouvaient : André Gerin, Floriane Benoit, Marie Christine Burricand, Emmanuel Dang Tran,  Dominique Negri, Laurent Santoire,  Jean Baus qui représentait la section du bassin sidérurgique lorrain, et l’hôte des lieux qui avait la charge de l’organisation, Paul Barbazange. Excusez-moi si  j’en oublie. Plusieurs animateurs de blogs communistes étaient présent aussi : les rhodaniens et vénissiens,  (Pierre Alain Millet, Pascal Brula), Laurent Dycha, du Gers, et aussi une bonne quantité de nouvelles têtes, JC  de Paris du Rhône et des Bouches du Rhône notamment. Edmond Janssens des éditions Delga, Antoine Lubrina du comité de défense des auditeurs de France Culture, et Joëlle Girard du CD de Paris s’y trouvaient aussi, ainsi que Benjamin Landais du Vème. En tout sur les trois journées, une centaine de communistes issus d’une vingtaine de fédérations, dont une vingtaine de jeunes militants ou de membres du MJCF.


Les excellentes conditions d’accueil et la convivialité nous ont permis de nombreux échanges informels en marge des six séances de formations (rythme soutenu !)


L’ambiance a été bonne et propice au travail, même si le cahier des charges s’est avéré parfois écrasant : expliquer le matérialisme dialectique en deux heures, ou encore remettre en question la notion de crise du capitalisme, à la lumière des concepts marxistes de l’économie, lorsqu’il faut rappeler tous les éléments, faute d’une formation correcte au PCF, c’est au dessus des forces de quiconque.


Éric Jalade a dressé un tableau complet de l’historiographie du PCF, qui apparaît largement entre les mains de ses adversaires, qui cherchent à le caricaturer, pour en faire un simple pion de la politique soviétique, et un organisme monolithique dépourvu de toute vie interne.  L’université est instrumentalisée comme un organe de propagande. La catégorie maitresse de ce système de pensée, le « totalitarisme » qui consiste à assimiler au mépris de tous les faits historiques communisme et fascisme continue à dominer l’université en France au moment où  les historiens américains abandonnent ce concept de guerre froide qui a fait son temps. Il semble que le thème de la mort imminente du PCF soit ressassé depuis sa naissance en 1920. L’oscillation entre les cultures politiques caractérisées respectivement par la « bolchevisation du parti » et le « front  populaire » semble avoir aussi persisté sur la longue durée. Le débat a surtout insisté sur la nécessité de rejeter la criminalisation et la culpabilisation. Le PCF en tant que tel n’a que fort peu de passif à son bilan, et il souffre en fait du discrédit très exagéré et partial dans lequel est tombée l’URSS après 1989. Enfin, il a été observé que la politique actuelle de la direction du parti consiste à honorer la mémoire des individus, en cherchant à faire tomber dans l’oubli l’histoire réelle de leur organisation révolutionnaire.


Raphaël Thaler nous a proposé un point de vue d’économiste original et dérangeant : il ne pense pas que le capitalisme est en crise, il pense au contraire qu’il a réussi à redresser la courbe du taux de profit depuis 30 ans, que ce succès n’est pas obtenu par la spéculation, mais par l’aggravation de l’exploitation, principalement dans les métropoles, où le partage de la valeur est de plus en plus défavorable aux salariés. Il nous met en garde donc contre des politiques exclusivement centrées sur la défense de l’emploi qui risquent de nous faire les complices de l’exploitation, la bataille prioritaire étant celle des salaires. Le capitalisme, en tout cas, loin d’être aux abois, est en position de  conquête, aux dépens des services publics en particulier, et sur le territoire des anciens pays socialistes. Enfin, Raphaël Thaler pense que les services sont productifs de plus value. Un certain nombre d ‘objections se sont élevées alors pour rappeler la nécessité de défendre l’emploi dans les territoires, et aussi pour rappeler l’exploitation des pays du Sud et le rôle de l’impérialisme.


André Gerin, quant à lui, pense que le capitalisme a fait son temps, et il est affaibli, paradoxalement par la disparition de régimes repoussoirs qui caricaturaient le socialisme. Ses positions en matière économique sont différentes (en particulier vu la bataille qu’il mène pour maintenir l’emploi industriel en France), il nous a fait partager sa vision du communisme comme enjeu vital de rationalité et de civilisation.  La droite cynique parle de moraliser le capitalisme, s’inquiète de risques de révolution. C’est que le projet communiste d’un changement de société en rupture avec le capitalisme est  à l’ordre du jour. Pour relever le défi de la tâche possible mais colossale de dépasser le capitalisme, les communistes doivent rompre avec la pédagogie du renoncement qui s’est insinuée dans leurs rangs, au moins depuis 1982, et résister à la pression des institutions.


La fatigue accumulée m’a rendu incapable de suivre avec attention la séance de philosophie, où Michel Cuny a rappelé avec émotion les grandes heures du parti dans la Résistance, et martelé que nous n’avions pas l’organisation que nous méritions, et où Raphaël Rubio a entrepris de nous apprendre les rudiments de la dialectique.


Marie Christine Burricand, en suivant l’inspiration de Lénine dans Que Faire ? a insisté sur la nécessité d’un parti pour organiser la classe ouvrière, et rappelé que l’action dans le parti (« forme plus valable que jamais ») dans les mois qui viennent sera déterminante. En 2007 à l’ANE et le congrès de 2008 ont permis aux communistes de marquer un coup d’arrêt dans le processus qui conduite à la disparition de leur parti, mais les hypothèques ne sont pas levées, notamment du fait de l’existence d’une commission de transformation sans cahier des charges précis. La rupture avec la stratégie d’abandon qu’ils souhaitent reste à acter définitivement. Elle a cité le discours de Georges Marchais à l’inauguration de l’école de Draveil qui affirmait alors avec force le choix d’un parti de classe, organisé en cellules, qui offre une formation marxiste à ses militants. FVR-PCF doit trouver une forme de rencontre avec les communistes, sans négliger ceux qui ont quitté le parti en désaccord avec la ligne de la mutation.


Jean Baus, de la cellule du Jarnisy a rappelé le rôle essentiel des cellules du parti dans les luttes de la sidérurgie en 1976/1979, et témoigné de la vitalité actuelle de ce type d’organisation là où le parti est offensif. Laurent Santoire a rappelé l’enjeu du retrait de l’OTAN, comme thème porteur de revitalisation de la vie des cellules.


La dernière séance présidée par Floriane Benoît, nouvellement secrétaire de section de Fontaines dans l’Isère, et Emmanuel Dang Tran, secrétaire de la section du XVèmme à Paris, s’est terminée par le projet d’une présence organisée autour d’un texte à la fête de l’Huma, qui comporterait un double message : recto de « rentrée » portant la substance des positions que nous aimerions voir soutenir par notre parti, plus bulletin d’adhésion au PCF, et verso, sur la base de la déclaration de Malakoff simplifiée, avec contacts. Le réseau n’a pas de stand à la fête, ce que pour ma part je regrette, et il sera présent dans quelques stands « amis », l’un d’entre eux (non encore choisi) abritant un débat central le samedi.


Cela dit quelques critiques :


Le fonctionnement du réseau reste flou, il n’y a pas de calendrier précis au-delà du 15 septembre, les questions matérielles ne sont pas abordées et quelques camarades se sont étonnés de l’incapacité du réseau à produire une réaction officielle à la suite des élections européennes, manifestement une occasion perdue. Cela dit et heureusement, ces élections sont déjà oubliées.


Le Nord, le Pas de Calais, la Picardie, les Ardennes (les point forts du texte où il a réalisé 40% de ses votes au congrès !) n’étaient pas représentés, ni la Gauche Communiste, pourtant bien implantée en Seine Saint Denis.


La plupart des membres du réseau qui se sont exprimés à Saint Chinian analysent le Front de Gauche comme une menace à terme pour l’existence du parti. Mais il ne faut pas se cacher la difficulté : il nous pose un problème dans la mesure où les camarades sont en attente d’action, dans un parti où  les échéances électorales jouent un rôle important (trop ?) et le FG dans certaines configurations permettrait d’éviter, croient-ils, une alliance inféodant au PS. Il faudrait que le réseau produise une proposition claire et unifiée pour les régionales par exemple, ce qui n'ira pas sans difficultés.


Au total, le réseau a fait la preuve qu’il peut réunir des communistes de toute la France dans de bonnes conditions, pour dispenser une formation de qualité. Pour les jeunes participants, il s‘agissait souvent d’une expérience nouvelle, de bien meilleures conditions de débat et d'une grande liberté de discussion dans le respect mutuel à laquelle la vie de leurs organisations locales ne les avait pas habitué. Leur présence a eu aussi un effet tonique, dans la mesure où ils ont su porter l’impatience et la révolte de leur génération en proie aux difficultés économiques, à l’exploitation et à la crise. Ils ont averti aussi du risque de captation et de stérilisation de ces révoltes par les groupuscules gauchistes. Bref, ils ont conjuré le risque d’enfermement dans des problématiques politiciennes interne au PCF. Significativement, un temps très court a été consacré à la critique des dirigeants, à l’exception du cas de Hue dont la vérité est sortie du puits cette semaine, et dont l’évolution actuelle comme potiche utile à l’organisation des « primaires » va permettre certainement de faire tomber quelques masques.


Nous avons fait le choix de ne pas nous constituer en tendances, et ce choix explique une certaine prudence des initiatives, voire une lenteur qui confine parfois à l’endormissement.  Mais ce choix a des bons cotés, indépendamment du rejet culturel des tendances dans le PCF : il signifie concrètement que le réseau n’a pas de « chef à plumes », et que nous ne devons pas attendre d’injonction pour nous mettre en mouvement, et donner à nos camarades de nos cellules, sections et fédérations l’exemple d’un combat réellement communiste contre la droite et le MEDEF, et que nous ne devons pas hésiter un instant à communiquer, à nous réunir, à fonder des réseaux locaux  (comme ceux qui existent déjà dans l’Ain, Le Bas Rhin, le Morbihan, et à Paris Nord-Est) là où nous sommes en minorité ou là où les organisations de bases sont mortes ou en sommeil. Nous devons communiquer et échanger suivant la logique spécifique des réseaux, horizontalement ou obliquement par rapport à la pyramide organisationnelle du PCF, surtout si l’on pense que les camarades n’aiment pas beaucoup l’idée de se réunir dans une autre section que la leur.


 En réponse à la remarque d’un jeune communiste que "c’est bien joli de ne pas faire de tendance, mais les liquidateurs, eux pendant ce temps là s’organisent", Benjamin Landais a expliqué que si nous formions une tendance, nous serions coupés du parti et sans influence sur ses organisations de base. Ce qui est exact, mais ne répond pas au problème de la vie du réseau en dehors des quelques points en France où l’appareil local est en faveur du texte 3 (et d’ailleurs, dans l’état actuel des choses, l’influence du réseau reste en dessous de celle du texte 3).


Les jeunes ont aussi indiqué fortement qu’il ne fallait pas sous prétexte que la direction les utilise pour occulter la contradiction capital travail, négliger les luttes antidominations. Nous ne devons donc pas opposer un discours nostalgique et moralisateur, au discours « moderniste de l’an dernier », creux et prétentieux des dirigeants issus de la gauche plurielle.


J’invite chacun à compléter ces impressions.

 

GQ, Paris, 3 septembre 2009

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P
<br /> Lorsqu'on s'exprime sur Internet, on a toujours tendance à vouloir aller trop vite. Les mots "fondamental" et "existence" sont effectivement inadéquats. Entièrement d'accord pour dire que la<br /> baisse tendancielle du taux de profit n'est pas induite par la pression de la classe ouvrière organisée, mais qu'elle existe comme dynamique propre au mode de production capitaliste : c'est bien<br /> cela l'explication fondamentale... Mais, l'aspect "sociétal", dit autrement politique, est un facteur très important qui joue aussi sur le fonctionnement du taux de profit, et donc de sa baisse<br /> tendancielle ou non. C'est ce qu'a voulu exprimer Raphaël Thaller lors du stage de Saint-Chinian, dans la période de surexploitation que nous vivons, avec un mouvement<br /> révolutionnaire déficient.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Je n'ai pas assisté au débat mais si je comprends bien Pascal et suis grandement d'accord avec lui, la phrase "Car pour expliquer la baisse tendancielle du taux de profit, la pression<br /> exercée par les forces ouvrières organisées est un des éléments fondamental de son existence." est à mon humble avis un contresens (économique, pas politique).<br /> La baisse tendantielle du taux de profit est un fait (en dynamique) du mode de production capitaliste. Relire les extraits judicieusement choisis par la section du 5ème :<br /> http://pcf5.over-blog.fr/pages/Karl_Marx_Le_Capital_livre_III_Section_3_Loi_tendancielle_de_la_baisse_du_taux_de_profit-569083.html.<br /> <br /> La baisse tendantielle du taux de profit N'EST PAS INDUITE par la pression exercée par le prolétariat organisé. C'est une "loi" du mode de production indépendamment de toute considération de<br /> rapport de force entre classes.<br /> <br /> Par contre L'ABSENCE de cette pression syndicale et politique avec pour conséquence directe l'AGGRAVATION de l'extorsion de plus-value (autrement dit l'exploitation accrue du salariat) CONTRECARRE<br /> cette baisse tendantielle.<br /> Et ceci caractérise effectivement bien (entre autres, ne pas oublier l'émergence de phénomènes comme les LBO) la situation depuis 30 ans.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> Pour la baisse tendancielle du taux de profit, Raphael n'a jamais dit qu'elle n'existait plus, mais que dans le contexte actuel, depuis déjà plusieurs années, elle ne pouvait caractériser la<br /> situation. En effet, d'après ses constatations, il n'y a pas de baisse du taux de profit en ce moment. Il constate avec d'autres qu'il y a eu depuis 1983-84, un transfert régulier des richesses<br /> depuis les salaires vers les profits capitalistes, transfert qui atteint aujourd'hui les 8-10%. Cela est notamment du à l'effondrement de l'opposition, qu'il s'agisse des pays socialistes (ex-URSS)<br /> ou des forces révolutionnaires dans nos pays développés, avec notamment la transformation réformiste du PCF et de la CGT. Cette opposition n'exerçant plus de pression sur les profits et leur<br /> redistribution, les capitalistes ont les mains libres pour explorer toutes les possibilités d'exploiter et surexploiter. Car pour expliquer la baisse tendancielle du taux de profit, la<br /> pression exercée par les forces ouvrières organisées est un des éléments fondamental de son existence. Et puis il faut ajouter que cette baisse n'est que tendancielle...<br /> <br /> <br />
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G
<br /> à voir aussi :<br /> <br /> Compte rendu du débat FVR-PCF sur le stand de la Haute Saône, 13 septembre 2009 (16/09/2009 publié<br /> dans : Réseau "Faire vivre et renforcer le PCF"<br /> <br /> <br />
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G
<br /> C'est juste après : "Un certain nombre d ‘objections se sont élevées alors pour rappeler la nécessité de défendre l’emploi dans les territoires, et aussi pour<br /> rappeler l’exploitation des pays du Sud et le rôle de l’impérialisme."<br /> <br /> Rapahaël n'a pas eu le temps de traiter réellement son sujet, à savoir l'analyse de la crise actuelle du capitalisme, mais son opinion était manifestement que ce n'est pas la "der des der".<br /> <br /> <br />
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