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Réveil Communiste

Le monde qui vient, par Jacques Sapir et Jacques Nikonoff

19 Août 2009 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Economie

Trouvé en écumant les décombres du blog abandonné de Danielle Bleitrach  en lien ici


LE MONDE QUI VIENT

Réflexions sur les conséquences de la crise et les tendances économiques à venir

Par Jacques Sapir
Directeur d’études à l’EHESS, Directeur du CEMI-EHESS
Le 24 octobre 2008.


Pour accéder à la note de Jacques Sapir, cliquez ici : http://www.m-pep.org/spip.php ?article998


Pour accéder au programme et au bulletin d’inscription pour le colloque du 6 décembre intitulé « Crise financière et environnement », cliquez ici : http://www.m-pep.org/spip.php ?article996


Résumé de la note de Jacques Sapir par Jacques Nikonoff

Cette note de Jacques Sapir, intitulée « Le monde qui vient », devrait être étudiée dans les classes de 1ère et terminale des lycées, dans les universités, écoles de commerce et instituts d’études politiques, mais aussi dans les rédactions des médias, parmi les militants des syndicats et des partis de gauche. Elle donne en effet, dans un langage simple et accessible après une légère mise à niveau, les outils intellectuels à qui veut comprendre la crise, anticiper sa diffusion et imaginer les remèdes.

Le Mouvement politique d’éducation populaire la diffuse ici dans un but d’éducation populaire et de lutte politique.

Pour Jacques Sapir, la crise actuelle est celle du mode de croissance néolibéral qui s’est mis en place à partir des années 1980. Elle va provoquer une récession profonde et de longue durée en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Cette crise va durer tant que n’émergera pas une autre dynamique de croissance.

Contrairement au mode d’accumulation du capital antérieur (le capitalisme « fordiste » ou des « Trente glorieuses »), le mode d’accumulation néolibéral se caractérise par une capture presque totale des gains de productivité par les profits au détriment des salaires. Les versements de dividendes aux actionnaires ont augmenté de manière considérable, comme le rendement des placements financiers, encouragés par la déréglementation des opérations bancaires et financières.

La « valeur actionnariale » a constitué l’un des principaux piliers de ce mode d’accumulation du capital, où la richesse semblait ne devoir provenir que des rendements des patrimoines mobiliers et immobiliers accumulés, et non des revenus du travail humain, pourtant seul créateur de richesse.

Pour atteindre cet objectif, il fallait que les classes dirigeantes organisent la « déflation salariale ». Celle-ci a été permise par la mise en place d’un cadre généralisé de libre-échange qui a contribué à comprimer la hausse réelle des salaires, maintenir le chômage de masse, baisser les prestations sociales, favoriser la précarité.

Le compromis social issu de 1945, voire des années 1930 comme aux USA, a explosé.

Cette déflation salariale a eu des effets négatifs sur le développement économique, et a été combattue par un certain accroissement de l’endettement public, et surtout par une explosion de l’endettement des ménages, particulièrement dans les pays ayant poussé le néolibéralisme le plus loin.

La première cause de diffusion de cette crise vient de la contraction du crédit par les banques. Pour Jacques Sapir, nous sommes passés d’un système de « marché du crédit » à un système de crédit administré décentralisé, qui est sans doute le pire de tous les systèmes ; une allocation administrée et centralisée des crédits (une sorte de retour à l’ « encadrement du crédit ») aurait été beaucoup plus efficace.

L’effondrement actuel du prix des valeurs mobilières (les actions) aura deux effets. D’une part, le montant des prestations baissera pour ceux qui sont dans des fonds de pension. D’autre part, l’épargne va croitre, particulièrement dans les pays ayant adopté le modèle néolibéral américain, contractant le volume de leur consommation et aggravant ainsi la récession.

Ce régime d’accumulation du capital fondé sur la déflation salariale est aujourd’hui brisé. Les banques ne pratiqueront plus le crédit comme elles l’avaient fait jusqu’à présent.

Dans cette situation, le rétablissement de protections douanières est indispensable. C’est le seul moyen pour éviter que la déflation salariale n’entraine les économies développées vers la dépression. A cet égard, ce sont les principes de la Charte de La Havane qui devraient s’appliquer :

Pour accéder à un résumé de la Charte de La Havane, cliquez ici : http://www.m-pep.org/spip.php ?article16

Des mesures protectionnistes sont donc absolument indispensables pour reconstruire un rapport de forces permettant d’inverser la tendance actuelle de partage de la valeur ajoutée afin de reconnecter la progression des salaires à celle de la productivité.

Pour éviter que la récession ne se transforme en dépression, les économies occidentales n’auront pas d’autre choix que de revenir sur les avantages inouïs accordés à la rente contre le travail depuis les années 80. L’inflation, notamment, va jouer un rôle important dans la croissance économique des années à venir. Dès lors, on assistera à un retour de l’Etat comme acteur économique majeur. C’est ce que l’on observe déjà dans le secteur bancaire et dans la perspective de création de « fonds souverains » destinés à acheter des actions d’entreprises « stratégiques ».

Ceci constitue, par rapport à l’idéologie de ces vingt dernières années, un renversement sans précédent.

Le retour de l’Etat va aussi se manifester dans le domaine de la souveraineté monétaire. Le dogme de l’ « indépendance » des Banques centrales approche de son terme, ces dernières seront probablement re-nationalisées. En outre, les banques centrales devront gérer les taux de change dans un contexte de retour de l’inflation, nécessitant des dévaluations régulières. Il n’y aura pas d’autre solution que de contrôler les flux de capitaux et d’instaurer le contrôle des changes.

Une crise de l’euro devrait éclater sous l’effet de ces contradictions. Elle ne pourra être résorbée qu’à la condition que le Conseil Ecofin prenne le contrôle de la Banque centrale européenne. Pour éviter l’éclatement de la zone euro, un système intermédiaire pourrait être mis en place : l’euro deviendrait, pour certains pays de la zone, une monnaie de réserve par rapport à laquelle leur monnaie nationale, rétablie, serait convertible sur la base d’un taux fixe révisable régulièrement.

L’ampleur de la crise actuelle soulève la question de la réforme du système monétaire et financier international. On entend des appels à un nouveau « Bretton Woods ». Faudra-t-il le faire reposer sur un « panier » de monnaies ? Faudra-t-il coordonner des monnaies régionales ? Assistera-t-on à la dissolution du Fonds monétaire international et à son remplacement par la « Banque centrale des nations unies » ?

Quelle que soit la solution, les flux financiers internationaux devront être sévèrement réglementés.

Au total, cette crise est celle de l’idéologie néolibérale. La question de la survie des institutions européennes est désormais posée.

Pour accéder à la note de Jacques Sapir, cliquez ici : http://www.m-pep.org/spip.php ?article998

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