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Réveil Communiste

Patrice Carvalho sur le 7 juin

19 Juin 2009 , Rédigé par Réveil Communiste

ILS CRIENT FORT CEUX QUI SE SONT TUS

Les commentaires qui ont suivi les élections européennes de dimanche dernier sont assez hallucinants : triomphe de l'UMP, mort du PS et du Modem, les verts pivots de la recomposition politique à gauche. La donnée pourtant fondamentale du scrutin est tout autre : 60% des électeurs ne se sont pas déplacés ; parmi les abstentionnistes figurent les milieux les plus populaires et les jeunes. 80% des 19-26 ans ne se sont pas rendus aux urnes.

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre le sens de cette désertion électorale. Il suffisait d'écouter. « J'ai voté non au référendum sur la constitution européenne. Et pourtant, ils la font ! A quoi bon, alors ? disent les uns. Et ces salariés de Conti qui perdent leur emploi, quand le groupe embauche en Roumanie, en Slovaquie et en République Tchèque, comment pourraient-ils se mobiliser pour une Europe, qui met les travailleurs en concurrence afin de mieux payer les actionnaires ?

Nous vivons au rythme de 2000 emplois détruits par jour, soit 187 800 de janvier à mars. Comment ne pas établir l'évident rapport existant entre tous ces électeurs, qui ne se déplacent pas parce qu'ils ne croient pas un instant que cette Europe-là soit réformable, qu'ils ont le sentiment de n'être pas représentés par ces forces politiques qui veulent toutes changer l'Europe, alors que ce sont elles-mêmes qui l'ont faite, et le soutien massif qu'ils apportent au mouvement social, à la lutte des Conti, des Caterpillar, des Goodyear, des Molex.

Alors, que valent les résultats des différentes listes ? l'UMP en tête ? La belle affaire. Elle totalise 4,8 millions de voix contre 11,5 millions au premier tour de la présidentielle. Il ne reste donc que le noyau dur de l'électorat sarkozyen, qui s'est mobilisé. Le PS s'effondre ? Faut-il s'en étonner au regard du triste spectacle qu'il offre depuis plusieurs mois avec ses  querelles d'ego ? La social-démocratie européenne a un vrai problème de crédibilité. Elle a embrassé les dogmes du libéralisme et de la dérégulation, abandonné toute perspective de rupture avec le capitalisme. Or, c'est cela qui aujourd'hui s'effondre sous nos yeux. Que lui reste-il ?

Sur fond de désert électoral, les verts en profitent donc, comme Tapie en a profité lors d'un précédent scrutin européen. Ce succès ne fut qu'un feu de paille. Soyons lucides : qui se cache derrière Cohn Bendit, cet anarcho-libéral ? Libéral, il l'est et le revendique, lui qui déclarait au moment du référendum sur la constitution européenne qu'il s'agissait de rompre avec l'héritage gaullo-communiste français. Exactement ce à quoi s'applique Sarko. Anarcho ? oui, dans l'apparence et la forme, tutoyant quiconque, traitant Bayrou de « minable » et recourant à un langage de chartier, pour faire « djeun » et « popu », l'archétype du bobo, qui pense que l'Europe, c'est très tendance.

De tout ce petit monde décalé qui n'a de la réalité que la vision déformée d'un monde contemplé depuis les salons, nous retiendrons qu'il existe des millions de citoyens dont l'exaspération ne cesse de grandir mais qui ne trouve pas son expression politique. Il existe un énorme vide, une béance. Il n'y a pas que la nature qui a horreur du vide. Les hommes et les sociétés aussi. Il se dégage un vaste champ à cultiver pour tous ceux qui pensent que le marché, sa jungle et ses injustices ne sont pas des horizons indépassables.

Je me réjouis de la réélection de Jacky Henin. Il fera, lui, entendre une authentique voix différente à Strasbourg et à Bruxelles. Cela compte pour ce nécessaire et vaste rassemblement, qui est à construire pour changer la donne.

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P
Je suis à cent pour cent d'accord avec cette appréciation dans le moindre détail.
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