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Réveil Communiste

Nicolas Marchand : sur Mélanchon et les partisans du "nouveau parti"

12 Novembre 2008 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce qui ne peut plus durer au PCF

Selon l'Huma de ce matin "ni dans la résolution adoptée par la direction du PCF ni auprès de Jean-Luc Mélenchon, il ne saurait être question d'un quelconque projet de regroupement dans un nouveau parti".

A toutes fins utiles, voici quelques rappels concernant les objectifs politiques de Jean-Luc Mélenchon, précisés, l'an dernier, par lui-même, ainsi qu'un rappel de propos de P.Cohen-Seat concernant un front électoral comme transition éventuelle vers un nouveau parti... :


Jean-Luc Mélenchon - PRS (l'Humanité -14/6/07):

« Pour ma part, je crois que la formule et la méthode de construction de ce nouveau parti (le Links Parteï) peuvent nous donner une indication sur ce que nous avons nous-mêmes à faire. J'y vois une des issues possibles de la crise de la gauche en France. C'est celle que je privilégie à cette heure. J'observe de la part des communistes français une volonté de dépassement des formes politiques anciennes, tout en ayant le souci de protéger leur identité...La question du divorce commence à être posée. Elle n'est toutefois pas tranchée. D'ailleurs à l'heure actuelle il n'existe pas d'alternative. Les communistes n'ont pas encore fait ouvertement le choix de la construction d'une force nouvelle. Leur choix sera tout à fait décisif. Un projet alternatif doit avoir trois caractéristiques : être républicain, de gauche et gouvernemental. »

Dans le compte-rendu d'un débat entre Jean-Luc Mélanchon et Michel Laurent document diffusé lors de la réunion du Conseil National des 22 et 23 juin 2007, on pouvait lire:

Jean-Luc Mélanchon: "...concernant le besoin de recréer la gauche, il prend appui sur le processus ayant conduit à la formation du Linkspartei. Ni absorption, ni dissolution, mais plutôt la création d'un front, de lieux permettant à la fois identité et unité et le démarrage d'un processus. Il insiste sur le besoin d'un parti, dans la mesure où des structures comme des collectifs ou réseaux ne suffisent pas pour affronter les forces adverses et créer un espace structuré, et fait de droits, de pouvoirs pour les adhérents. Réinventer la gauche, c'est pour Jean-Luc Mélanchon le dépassement de formes anciennes, un processus de fabrication en commun d'un objet nouveau."

Michel Laurent: "...les partis ne sont pas une forme dépassée. Mais pour une force de transformation, la rénovation est à l'ordre du jour. Le PCF a besoin d'un congrès extraordinaire, pour travailler sur son projet, pour voir s'il y a la possibilité d'un nouveau type d'organisation, pour reconstruire la volonté d'un travail commun avec d'autres forces, sur des bases nouvelles. Quant à la question de la création d'une nouvelle force politique, elle n'est pas taboue. Le PCF doit discuter à l'occasion de la préparation de son congrès extraordinaire. Ce congrès véritablement exceptionnel doit permette aux communistes de construire leurs décisions à partir des discussions avec d'autres, en connaissance de ce que d'autres pensent possible et souhaitent réaliser. Les communistes donnent des signes d'être prêts à construire du neuf si quelque chose de mieux qu'un PCF amélioré se présente comme possibilité réelle. Différentes étapes sont envisagées, avec les congrès en 2007 et 2008 dont la première pourrait déboucher sur « un programme de travail commun » à engager avec d'autres, sans raccourci, pour élaborer un projet qui permette de gouverner pour changer, pour réfléchir à l'outil, le parti, qui peut porter de tels objectifs, et pour voir avec qui il serait possible de la construire."

Jean-Luc Mélenchon précisait dans « La gauche d'après » (septembre 2007):

« Dores et déjà, Marie‐George Buffet a mis plusieurs hypothèses sur la table. Parmi celles‐ci figure la constitution dun « Die Linke à la française ». De leur côté, plusieurs sensibilités de lautre gauche impliquées dans la démarche des collectifs unitaires antilibéraux se posent aussi la question dune nouvelle construction politique. Des débats ont également lieu au sein de la LCR. Partout le besoin dune force nouvelle à gauche fait son chemin dans les têtes.

LA GAUCHE A BESOIN DUNE FORCE NOUVELLE

...La réinvention de la gauche commence avec la constitution dune force politique nouvelle se donnant comme objectif la résolution de la crise de nos sociétés provoquée par la mondialisation libérale à travers la conquête démocratique du pouvoir grâce à la conviction du plus grand nombre.

...La rénovation de la gauche aujourd'hui revendiquée par tous ne peut se mener dans le huis‐clos des organisations existantes. Elle appelle le dépassement des partis qui constituent aujourdhui la gauche et des frontières qui la divisent depuis près dun siècle...

A la tribune du Congrès constitutif de Die Linke à Berlin, Gregor Gysi, lun des principaux fondateurs de ce parti et co‐président avec Oskar Lafontaine de son groupe parlementaire, sest interrogé ainsi : « Qui sommes‐nous ? ». Puis il répondit, se tournant vers le slogan de son

nouveau parti « Die Linke. », « nous sommes la gauche, point. »... Dès le premier jour dexistence du nouveau parti, celui‐ci fonctionnait déjà comme un lieu de synthèse, de fabrication dune culture commune...Si la volonté de travailler au dépassement des frontières qui divisent la gauche depuis près dun siècle doit conduire à rechercher prioritairement la synthèse entre les traditions communiste, socialiste et trotskyste, celle‐ci doit se donner comme objectif dentraîner la gauche toute entière...

...Concernant les caractéristiques politiques de la « force nouvelle », JL Mélenchon définit « quatre impératif:

Premièrement elle devra être une force de gauche...

Deuxièmement, la force nouvelle devra se donner comme objectif la reconquête dune hégémonie culturelle face à lidéologie dominante du capitalisme de notre époque en menant le combat des idées autour dun projet politique républicain.

Troisièmement, la force nouvelle devra avoir une vocation majoritaire et gouvernementale.

Quatrièmement, la force nouvelle sera unitaire. Elle sera par elle‐même un facteur de regroupement de la gauche des ruptures aujourdhui dispersée. Mais elle contribuera aussi à lunion des gauches, toutes les gauches, rien que les gauches. »

Concernant le PCF, sa stratégie et les élections européennes, je rappelle ces propos de Patrice Cohen-Seat sur les "fronts" (Huma-21 juin 2008):

"on ne décrète pas de la vie et de la mort des organisations politiques de l'extérieur. Il faut partir de ce qui existe, de la diversité de nos cultures politiques, avec l'ambition de construire quelque chose. Pourquoi ne pas construire ensemble un front? La construction d'un tel front peut être une étape avant d'aller plus loin. » (Et ce front, précisait-il, « pourquoi pas lors des élections européennes? Et pourquoi pas un front à l'échelle de l'Europe?) 

Tout cela appelle l'intervention et le rassemblement des communistes pour des décisions de Congrès bien claires, mettant tout le texte en cohérence avec le choix de l'existence du PCF, de son autonomie et de sa transformation novatrice, à l'opposé par exemple d'une grande initiative consistant à l'ouvrir "à d'autres cultures politiques".  Et, aussi, une nouvelle direction vraiment en phase avec ce choix et non plus dominée par le doute sur la nécessité de l'existence du PCF.

Fraternellement,

Nicolas Marchand

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