Critique du texte refondateur (la droite du groupe dirigeant du PCF)
34° congrès du PCF (larges extraits du texte refondateur, critiqué par Gilles Questiaux)
Continuer l'engagement communiste
Fonder une nouvelle force politique
« Ce texte est écrit alors que s'aggrave l'affaiblissement de notre parti. Il propose une voie
pour poursuivre notre engagement communiste.
Il constate qu'aucun Parti communiste ni
même le PCF n'a
réussi une « mutation »,
une « refondation », une « révolution sur lui même ». Nous le regrettons d'autant plus
que nous avons été souvent, les uns et les autres, des militants d'une telle évolution.
L'échec de cette nécessaire transformation radicale du parti est une des causes de notre
situation critique. Il faut en comprendre les causes.
Pourtant, aujourd'hui comme hier, le monde doit changer. C'est notre engagement de
communistes.
Comment ? En construisant cet engagement aux côtés de tous ceux qui veulent une
force politique pour construire une alternative au capitalisme.
Notre parti ne peut, seul, répondre à cette attente. Mais sans lui, sans ses militants et ses
élus, son histoire et sa culture, cette nouvelle force politique serait affaiblie. Pourtant elle
est nécessaire et attendue. Engageons nous
dans cette perspective qui redéfinirait
franchement la donne à gauche. Alors l'engagement communiste aura un avenir et
continuera d'être.
Ce texte et l'ambition qu'il porte proposent une alternative pour le 34ème congrès du PCF. »
Ce préambule accumule les pétitions de principe : il ne vise donc que ceux qui sont déjà convaincus depuis longtemps que le communisme est dépassé. Il fait de la mutation une sorte d'impératif qu'on ne peut pas ne pas exiger, et le fait même que le PCF ait refusé de manière réitérée de renoncer à lui même par une perversion du raisonnement deviendrait la preuve de son échec. On reconnait là la phase terminale de l'évolution qui conduit d'anciens communistes, souvent dans leur jeunesse plus staliniens que Staline à exiger un mea culpa de tous pour ce qu'ils estiment être leur faute. A la fin ça donne Stéphane Courtois. Historiquement, c'est un fait, le communisme produit des anticommunistes dans son sein. C'est un problème, mais il ne sera pas résolu en supprimant le parti (à moins de considérer que le traitement adéquat pour ce malade c'est de l'achever).
Il s'agit de s'engager au coté des anticapitalistes : ce qui signifie que le futur parti que les refondateurs appellent de leurs vœux est structuré sur une idéologie et non sur la défense des intérêts et des aspiration des classes populaires. Ce n'est pas un détail ; c'est pour ça que les groupuscules révolutionnaires ont tous échoués. Et d'autre part pour le public cette organisation existe déjà, ou est entrain d'être mise sur pied avec l'aide des médias : le NPA. Pourquoi ce courant du PCF n'y va pas ? Parce que la fourmi trotskyste n'est pas prêteuse, pardi !
« Nous ne pouvons nous contenter des analyses et des propositions mille fois entendues
reprises par la direction. Jamais la distorsion entre les intentions affichées - « aller vers
une transformation profonde » du PCF, voire vers une métamorphose et
le contenu du
texte n'a été aussi grande. On est loin du congrès extraordinaire annoncé. Alors que tous
les communistes attendent un débat audacieux et sans tabou, le texte qui sert de base à
la préparation du congrès présente un point de vue unique qui contredit le mandat de
l'assemblée générale des communistes de décembre 2007 indiquant qu'« il ne s'agit
d'exclure aucune hypothèse concernant le parti ou sa stratégie, ni de prendre à l'avance
une orientation que les communistes choisiront à leur congrès ». Nous le regrettons.
Notre proposition s'enracine dans la conviction que la crise que connaissent le Parti
communiste et la gauche n'est en rien conjoncturelle mais fondamentale et structurelle.
Nous faisons le choix d'une transformation radicale du parti, qui implique une rupture
avec la forme du PCF actuel. Il ne s'agit plus seulement de transformer l'existant. L'enjeu
est d'ouvrir un processus fondateur d'une organisation politique nouvelle associant le
plus grand nombre possible de citoyens et de forces qui se revendiquent du combat
contre toutes les dominations et pour l'émancipation. »
On reconnait là le discours d'un courant qui a pignon sur rue à la direction, et dont relèvent parfois la moitié des interventions dans les cr du CN. Il faut noter que la phrase du mandat de l'ANE a été obligeamment rajouté après les débats par la direction. Les communistes à l'ANE avaient très clairement refusé l'hypothèse de la fin du parti, du congrès extraordinaire (c'est d'ailleurs pour ça qu'il n'a pas eu lieu en 2007) et du « nouveau parti ». Les refondateurs critiquent une direction dont ils font partie, et qui partagent largement leurs idées. La seule différence entre Marie George et ce texte, au fond, c'est que Marie George sait que nous ne sommes pas encore assez affaibli pour nous renier.
« Notre marginalisation, la puissance du bipartisme, la déshérence de millions de citoyens,
l'impuissance du mouvement social ne permettent plus de différer ce débat. L'expression
politique d'une alternative au capitalisme est menacée. La légitimité même du combat
pour l'émancipation est mise en cause. La longue tradition radicale, contestataire se
trouve aujourd'hui ébranlée en France par l'absence de projet et de dynamique politique.
Que cet esprit subversif ne se reconnaisse plus dans le PCF ne signifie pas qu'il ait
disparu. Il se manifeste dans les mobilisations sociales comme dans les inventions
quotidiennes au travail et dans la vie sociale. Sa vitalité s'exprime avec force depuis
1995 et a gagné en 2005, avec le rejet de la construction libérale de l'Europe. Il ne
manque pas de militants, de citoyens, d'intellectuels qui cherchent des alternatives et
non une alternance. Il n'y a donc pas de malédiction dans la marginalisation en cours des
idées alternatives mais une inadaptation des réponses politiques proposées. Il faut en
tirer les conclusions. »
Tout cela est vrai. Ce qui est incompréhensible, c'est qu'il s'agit alors comme première étape de convergence avec ce mouvement objectif, de faire disparaître le PCF ? On reconnait là l'antienne immémoriale de tous les gauchisme, la croyance petite bourgeoise que c'est le PCF qui empêche la révolution !
Ces questions sont posées à tous les acteurs de la transformation sociale. Mais notre
parti a un rôle et une responsabilité propre. Et en particulier, il doit accepter le fait que,
seul, il n'est plus en mesure de rassembler les énergies qui aspirent à un autre monde ;
seul, il ne peut proposer un débouché politique cassant l'étouffant bipartisme qui
s'installe.
Seul ou pas, notre parti ne pourra plus rien faire s'il n'existe plus !
historiquement bas de l'ensemble de la gauche, le résultat de la candidate du parti et
l'installation de la LCR dans le paysage politique.
Le résultat du PCF à l'élection présidentielle - 1,93 % obsède
à juste titre les
communistes au moment de la préparation du congrès. Cette élection a placé le parti à
son score le plus bas depuis 1920. C'est un fait. Et, contrairement aux déclarations de la
direction, ce résultat n'est pas pondéré par les élections municipales et cantonales de
2008. Cellesci
ont aggravé le bipartisme et réduit encore et notre implantation et le
nombre d'élus communistes et apparentés (Selon le recensement de l'Anecr, nous
sommes passés de 12 230 élus en 2001 à 6 850 (recensés) ou 9400 (déclarés) en
2008... Très loin des 13 000 annoncés précipitamment !). »
Roger Martelli a qui sont dus ces calculs a été très déçu par les bons résultats relatifs de mars 2008, et tente de démontrer depuis calculette en main que la catastrophe tant redoutée par nos élus s'est produite, que la majorité d'entre eux, contrairement à ce qu'ils pensent ont été battus ! Or le parti à obtenu un meilleur résultat en voix au cantonales de 2008 par rapport à 2004, et les mairies perdues le sont en général à cause d'alliances ouvertes ou tacites de la « gauche » locale avec les forces de droite (Calais, Aubervilliers, Montreuil, Denain etc), phénomène inédit à cette échelle qui à aussi empêché des succès comme au Havre ou à Corbeil. Les refondateurs ont raison de poser la question du bilan électoral, mais dans leur querelle avec la groupe de Marie George, ils noircissent le tableau volontairement, de manière à dire : il faut supprimer le parti, puisque virtuellement il n'existe déjà plus. Ce qui est étonnant plutôt c'est qu'il tienne encore avec de telles dirigeants ( les refondateurs sont des dirigeants, et sont dans toutes les majorités de congrès depuis Martigues !)
« Cette situation place donc les communistes devant des responsabilités qui sont
historiques.
Les questions sont nombreuses, théoriques et pratiques. Pourquoi le Parti communiste a
perdu sa capacité de mobilisation, d'influence ? Et pourquoi atil
été incapable de
rebondir malgré de nombreuses et diverses tentatives ? Que faire maintenant ?
Ce n'est pas être binaire de dire que le débat s'organise autour de deux orientations. Il
n'y a pas de voie médiane »
C'est d'autant plus binaire qu'il y en a trois en réalité ! Mais le but de ce faux débat entre liquidateurs immédiates et liquidateurs lents est justement d'occulter la troisième option, celle du maintien d'un PCF recentré sur ses fondamentaux de classe, révolutionnaire et marxiste.
« La
première orientation peut être qualifiée de conjoncturelle. Elle consiste à
chercher dans la période passée récente (échec de la candidature antilibérale,
brouillage lié à notre participation gouvernementale) les causes de notre
effacement - qui serait passager du
paysage politique. »
Les « refonds » ne sont pas plus porté à l'autocritique que le reste du groupe dirigeant ! Ce sont eux après tous les inventeurs de la stratégie des collectifs, validée au 33ème congrès ! Et comme ça en passant, par prétérition on n'en examinerait même pas le bilan ! Et la participation au gouvernement qui fait l'Euro, qui privatise air France, France télécom, et envoie des troupes en Afghanistan, c'est sans importance peut être ? En effet, n'allez pas au NPA, ils seraient trop contents de vous refuser l'entrée.
« Cette explication est
celle du groupe dirigeant actuel comme celle des « orthodoxes ». Elle mobilise la
peur d'une disparition du PCF... comme si nous n'étions pas déjà confrontés à ce
fait. Cette orientation est d'abord marquée par l'immobilisme. Elle explique nos
difficultés par « un problème d'image », un « défaut d'explication de notre
politique et de notre projet », une faiblesse d'activité dans les entreprises, couplés
à un manque de cohésion interne dans les directions du PCF (...) »
Il est extrêmement surprenant qu'on puisse sans mourir de rire tenter d'identifier les positions du groupe dirigeant et celles défendues par l'alternative ouvrière et marxiste dans le PCF, tous groupes confondus. Même le plus mal informé des camarades ne peut pas avaler ça ! L'aile gauche du PCF que l'on stigmatise du terme « orthodoxe », qui appartient au langage inadéquat utilisée d'habitude par l'analyse bourgeoise des mouvements communistes, qui les considère comme de simple courants d'opinion, analogue à des croyances religieuses, et non des mouvement réels enracinés dans les contradictions matérielles de l'histoire et dans la lutte de classes.
« La
seconde approche est structurelle et historique. Elle considère que les
difficultés actuelles sont le symptôme de l'épuisement d'une certaine réponse
politique. Notre « invisibilité » est liée à l'émergence d'un nouveau monde auquel
les réponses passées ne correspondent plus (...) »
Le PCF est invisible dans le spectacle bourgeois parce qu'il ne scandalise plus personne, parce qu'il n'est pas assez à contre-courant du discours dominant et des clichés de la modernité. Le jour où le parti réapparaitra dans le spectacle ce ne sera certainement pas pour recevoir des fleurs ! La réponse politique épuisée dont parle ce texte, il faut le dire franchement : c'est la révolution (celle de 17 mais aussi celle de 89). C'est une opinion ! Mais ce n'est pas la nôtre.
« Ces deux orientations sont franchement différentes.
Nous pensons en effet que notre recul historique plonge ses racines dans des causes
bien plus profondes que les errements des dernières années. Dans les conditions de
1920, les communistes ont eu le courage de rompre avec leur parti, la SFIO engluée
dans la guerre et le nationalisme, pour créer un nouveau parti qui porterait les combats
de la révolution dans l'ère industrielle et dans le sillage de la révolution soviétique. Cette
phase est terminée. Et il faut avoir une audace, une inventivité aussi grande qu'alors. »
Depuis qu'ils disent cela, (c'est-à-dire depuis le lendemain de la chute du mur de Berlin), les refondateurs n'ont eu ni l'audace ni l'inventivité dont ils parlent, alors qu'ils participent sans discontinuer à la direction du parti. Ils ont su contribuer au désarmement idéologique, et c'est tout
« C'est un cycle qui se termine et non pas une somme d'erreurs réparables.
Au moment où nous proposons de nous engager dans la construction d'une nouvelle
force politique, nous pensons nécessaire de lire les pages de notre histoire. Cet examen
n'est pas une autoflagellation
mais un travail nécessaire pour pouvoir s'ouvrir aux autres »
« S'ouvrir aux autres », mais quels autres, et qu'est ce que c'est que ce concept « les autres », les bourgeois, les sociaux démocrates, les indifférents à la politiques, les opportunistes de toute sorte ? Et au niveau platement moralisteur et « catho » ou se situe en fait cette injonction, on aura beau s'ouvrir aux autres si on n'a rien à leur apporter ni à leur proposer, ce sera pour rien. Une collègue de travail me disait récemment « le problème du parti, c'est qu'il ne propose rien. Il dit « je vous écoute », et rien de plus, et d'ailleurs en plus il n'écoute pas, il fait ce qu'il avait déjà décidé : aller au gouvernement ».
« En particulier, il nous faut prendre le temps d'analyser l'expérience ratée de construction
d'une candidature antilibérale ; (...) En quelques semaines, cet espoir s'est écrasé sur une exigence que nous étions nombreux à dire irréaliste : faire de la secrétaire nationale du Parti communiste la candidate de ce rassemblement inédit. »
Cette exigence était pourtant sa condition de possibilité : seule une candidature issue du PCF pouvait faire l'unité des collectifs et du PCF à la fois. Nous sommes des milliers, et parmi les plus militants, qui n'auraient pas levé un doigt pour un Bové ou une Autain, et les faits qui ont montré depuis à tous ce que valent Bové et Autain nous ont donné raison. Les collectifs sans le PCF, vous le savez très bien, ce n'est rien du tout. Les collectifs n'ont jamais été qu'une mise en scène d'unité, utilisant une quarantaine de jeunes ambitieux du « collectif national » et des dissidents de la LCR. De quel droit les militants du PCF auraient laissé à ces compagnons de route de rencontre le choix de leur candidat ?
« De nombreuses voix appelaient en vain la
direction du parti à ne pas casser cette espérance : des élus, des syndicalistes, des
camarades engagés dans la vie associative. L'ultime appel lancé par 4 personnalités
parmi les plus estimées des communistes, Georges Séguy, Roland Leroy, Lucien Sève
et Jean Ferrat, aurait permis de ne pas casser l'espoir sans perdre la face. Fait unique
dans l'histoire du PCF, 10 000 communistes se prononçaient, lors d'une consultation
interne au PCF, pour le retrait de la candidature de la secrétaire nationale. Ecouter tous
ces camarades, dans leur diversité, nous aurait fait renouer avec ce qui fut aussi une
tradition communiste : placer les intérêts populaires et la solidarité internationale audessus
de tout »
à chaque congrès depuis quinze ans 10 à 20 000 communistes votent pour les textes alternatifs ou les motions de la gauche du parti mais bien entendu cette sensibilité est dans doute extérieure au « cercle de la raison »! Et en quoi une candidature Bové est-elle l'intérêt du peuple ? Plus que celle d'un animateur de TF1?
« Cet échec ne s'est pas seulement traduit par de l'éparpillement, mais par une sanction
très lourde pour les forces alternatives(...)
Cet affaiblissement se double d'un grave discrédit : les communistes apparaissent
comme politiquement inutiles.
C'est le fond de l'explication du bipartisme. »
Le vrai problème c'est plutôt qu'ils ont été bien trop utile à des politiques de compromis que les Français rejettent de plus en plus.
« (...) le Parti socialiste conteste les
méthodes autoritaires du pouvoir mais, bien qu'il s'en défende, le PS n'a pas su dégager
d'autre projet que le sociallibéralisme
et se trouve dans la même impasse que les autres
partis socialistes ou sociaux démocrates
européens. »
Le PS n'est pas dans une impasse, il soutient les politiques que vous dénoncez, en prétendant être de gauche, comme vous vous soutenez la social-démocratisation du PCF en prétendant rester communiste (en tout cas quand vous vous adressez à nous!).
« D'avoir fait le choix de l'éclatement du mouvement antilibéral au profit de la candidature
de Marie George
Buffet a des conséquences pour le parti aussi graves que le déni du
rapport sur le stalinisme de Khrouchtchev en 1956, ou l'incompréhension du mouvement
de mai 68. »
Ce qui est exagéré est insignifiant !
« Dans le contexte de notre affaiblissement, il s'agit d'une faute historique dont le parti peut
ne pas se relever.
Notre culture de parti est en cause
Pourquoi n'avonsnous
pas entendu ces mises en garde, ces appels qui venaient des
propres rangs communistes ? »
Pourquoi n'avons-nous pas voté massivement pour les textes alternatifs « fier d'être communiste « « remettre le PCF sur les rails de la lutte des classes, ou « colère et espoir » qui avaient au moins le mérite d'empêcher une dérive comme celle des collectifs où l'on prétendait désigner le candidat par des non-encartés, sans liste électorale ...
« Pourquoi avoir pris le risque inconsidéré de briser un
espoir, de faire le plus mauvais résultat communiste depuis 1920, de compromettre
jusqu'à l'existence même du parti ? »
Ceux qui ont pris ce risque, de gaité de cœur, devant le fait que les militants voulaient Buffet, c'est vous : Braouezec, Perreux, Martelli, et vos compagnons de routes Bové, Autain, etc. Vous êtes fâchés contre MGB parce que vous croyez que nous au PCF nous ne sommes que des godillots et qu'on peut nous faire voter la chose et son contraire selon les décisions prises par la direction. Vous en voulez à MGB parce qu'elle ne s'est pas effacée. Elle aurait bien voulu, la pauvre ! Mais les communistes ne voulaient pas.
Comment se faitil
qu'échec après échec, ce soit toujours le même
groupe qui dirige le parti et organise déjà sa propre succession ?
Et soudain la lumière fut ! La direction se désigne elle-même ! Ce n'est pas normal! Pas démocratique! tout à fait d'accord ! mais ça ne vous gênait pas du tout quand vous pensiez que ce groupe allait appliquer vos idées.
« Notre esprit de parti, héritage concret du centralisme démocratique, conduit chacun a
intérioriser, à accepter avant même qu'elle soit décidée, « la ligne ». Et nous faisons du
(de la) secrétaire national(e) la pierre angulaire de l'édifice. Toute voix différente est
vécue comme une menace de destruction. Nous continuons de tolérer que « la ligne »
soit, au total, peu discutée et largement le fait du (de la) seul(e) secrétaire national(e) et
de son entourage. Nous avons importé dans nos pratiques le dogme d'infaillibilité du
secrétaire national. »
Vous n'avez qu'à fréquenter plus souvent la gauche du parti au lieu d'organiser contre elle des chasses aux sorcières ou des campagnes de calomnie, vous verrez si Marie George est infaillible sur le Réveil.
« Nous souffrons profondément de notre culture d'appareil. Elle nous a
rendu sourds à des attentes ; elle produit le conformisme qui nous sclérose. Au total,
toutes les avancées récentes se sont embourbées dans ces conceptions inchangées du
parti. «
Mais lorsqu'André Gerin propose une élection directe du secrétaire, vous ne dites rien. Quand quelqu'un propose de changer directement ce « centralisme » qui vous déplait tant (alors que vous êtes au CN et à l'exécutif depuis 3 congrès), vous vous effacez, parce que qui sait ça pourrait renforcer ce PCF qui selon vous est déjà mort.
« C'est pour n'avoir pas su remettre en cause cet héritage de façon cohérente et constante
qu'a finalement échoué la mutation initiée par Robert Hue. »
Voilà voilà, on a échoué faute d'être allé au bout de la direction de Robert Hue. On s'en doutait !
« C'est pour n'avoir pas su nous
en détacher, pour l'avoir valorisé excessivement, que notre existence est en question. »
Notre existence est en question donc pour n'avoir pas voulu nous supprimer, comme le PC italien.
« Notre grandeur passée nous étouffe
Le passé ne nous pèse pas seulement dans sa dimension bolchevique maintenue de fait. »
Le bolchevisme, voilà l'ennemi !
« (...) Une fois encore pouvonsnous
seulement enregistrer notre décalage, notre retard sur la société ? Au bout d'un
moment, une structure qui rate tant de rendezvous
doit ellemême
être interrogée. »
Elle rate tous les rendez-vous de la lutte sociale depuis la mutation de Robert Hue.
« Cette tradition conduit la direction à adopter en permanence la posture d'un grand parti
de gouvernement. Mais cette posture, par ailleurs utile, nous étouffe quand il faut avoir le
courage et l'audace qu'impose l'invention ; »
Elle est surtout ridicule, et vous avez raison de le remarquer. Mais vous vous voulez faire pareil avec un PSG à la gauche du PS qui sera conduit aux mêmes coalitions, faute de cohérence.
« Nous sommes plombés par un ensemble de
réponses passées que nous ne savons pas remettre en cause. En témoignent, par
exemple, la banalité et l'exhaustivité du catalogue de positions et de propositions qui
serait notre projet, selon le texte proposé pour le congrès. Il faut recommencer à penser. »
Justement en cela votre méthode et absolument la même que celle du groupe dirigeant dans son ensemble ; il s'agit d'ouvrir des questions sans réponses, d'inviter au débat le plus large, pour pouvoir imposer vos solutions opportunistes à la faveur de la cacophonie que vous avez-vous-même créée. Le programme question c'est le truc habituel des jésuites pour se sortir des difficultés, qui est de répondre aux questions « quel est votre programme » « que proposez-vous », par une autre question « quelle gauche voulez-vous ». En espérant un chèque en blanc à l'arrivée.
« Evidemment le parti n'est plus
le parti stalinisé des années 5060
ni même le parti autoritaire des années 80. C'est vrai
que depuis le 22° congrès nous avons rompu avec le « marxisme léninisme
». Et la liste
des ruptures est longue : de la dictature du prolétariat au centralisme démocratique...
mais ces abandons ne furent pas remplacés par une culture et une théorie alternative
cohérentes ni par l'invention de pratiques nouvelles. »
C'est bien la preuve que ces abandons étaient des erreurs.
« (...) Alors comment comprendre qu'aujourd'hui encore la majorité du conseil
national refuse explicitement (par un vote) « l'égalité de traitement » entre tous les points
de vue lors de la préparation du congrès ? »
Absolument d'accord, je rappelle que vous faites partie de la majorité des congrès qui a voté ces statuts.
« Comment justifier que des membres du
conseil national soient légitimes pour présenter des rapports et d'autres, non ? Comment
expliquer l'omnipotence du secrétaire national qui seul(e) peut intervenir autant qu'il (ou
elle) veut, arbitrer, conclure ? »
Quand elle perturbe le déroulement de l'ANE pour empêcher le vote d'un texte fermé à la création « d'une autre formation », on ne vous entend pas protester !
« Le texte de
congrès n'atil
pas été adopté par seulement 88 membres d'un CN qui en comptent
250 ? Nous ne savons toujours pas organiser les débats contradictoires qui pourtant sont
nécessaires à toute élaboration politique. Fin du centralisme démocratique mais toujours
aucun droit pour les points de vue politiques alternatifs à ceux de la direction. Ni
reconnaissance statutaire, ni droit de tendance, ni moyens, ni participation aux
exécutifs... Tout ceci au nom de l'unité du parti qu'il faudrait préserver. Croiton
vraiment
que le contournement du débat ait permis la préservation de cette unité ? Le
raidissement actuel est plus un aveu de faiblesse et une technique de captation du
pouvoir qu'une preuve de l'esprit de rassemblement. »
Je bois du petit lait je viens d'écrire la même chose dans ma critique de la note interne de Marie George où elle dit qu'elle ne veut plus voir qu'une tête au CN: mais pourquoi vous n'avez rien dit tant que vous étiez alliés à la direction ?
« Malgré ce passé si tenace, difficile à surmonter, nous faisons partie de ces communistes
qui ne veulent pas renoncer à ce nom parfois jugé encombrant. »
ça c'est nouveau, encore un effort camarades et vous comprendrez que Martelli et Braouezec ne le sont plus depuis longtemps.
« (...) Quoi qu'il en coûte, et à l'heure où le texte de congrès promet d'engager un nouveau
processus de changement du PCF, nous devons nous interroger sur le fait que l'histoire
communiste du XX° siècle est aussi celle des échecs de toutes les tentatives de
transformation. Pourtant ces tentatives ont commencé dès le début avec Trotsky,
Boukharine, Gramsci et se sont poursuivies en Urss et ailleurs avec Khrouchtchev, le
printemps de Prague et la perestroïka de Gorbatchev »
Les deux dernières tentatives sont certes des tentatives de libéralisation, mais, certainement plus des tentatives communistes, on ne peut guère être appelé ainsi quand on finit par porter les valise pour la publicité pour Louis Vuitton !
« (...) C'est pour cette raison que, faisant le choix du communisme politique, nous ne pouvons
le séparer de l'ambition de refondation. Ce parti pris suppose aujourd'hui, comme au
début du XXe siècle, de décider explicitement d'entrer dans une nouvelle étape de notre
histoire. Aujourd'hui comme en 1920, rester dans les cadres du système installé, c'est se
résoudre au dépérissement de l'idée. »
En 1920, la social démocratie avait été discréditée parce qu'elle avait renié ses principes en participant à l'Union sacrée. Aujourd'hui nous sommes discrédité par des gens comme vous qui nous ont mis à la remorque de Bové, ou par Hue et Marie George qui nous ont embringué dans la gauche plurielle. Vous avez raison, il faut changer, mais dans la direction opposée à celle que vous préconisez.
« Parce que nous ne pouvons accepter que la France s'englue dans le bipartisme , parce
que nous ne croyons plus dans les capacités de relance du PCF seul et parce que nous
connaissons la richesse des forces militantes et intellectuelles qui peuvent converger,
nous faisons la proposition aux communistes de travailler à l'émergence d'une force
politique neuve dans laquelle se reconnaissent, se retrouvent les contestataires et les
utopistes d'aujourd'hui.
Cette force inclurait en son sein une composante communiste et ferait toute sa place aux
différentes traditions critiques de la gauche française. Ces forces qui pourraient s'agréger
sont multiples ; elles vont de la gauche du Parti socialiste à l'extrême gauche, en passant
par les communistes, les écologistes, les républicains. Elles sont diverses par leurs
pratiques : certaines sont engagées dans l'action politique et sont d'ores et déjà
constituées en partis ou quasipartis
; beaucoup sont inorganisées ; d'autres
s'investissent dans le champ syndical ou associatif ; certaines se réclament plus ou
moins directement des traditions de la République ou du mouvement ouvrier, d'autres se
retrouvent dans de nouvelles conceptions de la mise en commun et de l'action collective.
Toutes rejettent le libéralisme et ne se reconnaissent pas dans la version affadie du
socialisme qui s'est identifiée aux gestions socialesdémocrates
des trois dernières
décennies, et notamment à sa variante « socialelibérale
».
Dans notre proposition, les communistes continueraient d'être organisés afin d'apporter à
la nouvelle force ce qu'ils ont de mieux.
Il s'agit donc de supprimer le PCF et de le remplacer par un courant dans autre parti qui regroupe les militants de gauche (à gauche de quoi, de qui ? personne ne sait). On nous propose de devenir une tendance dans un parti bourgeois ! Ce qui est proposé est exactement ce qui a conduit Rifundazione en Italie au désastre : la coalition arc en ciel à obtenu 3% des voix au lieu des 11% des partis qui la constituaient. Et cet échec s'explique aisément : on ne remplace pas un parti de classe par un bricolage politicien.
« L'exigence proprement communiste, alors que le
capitalisme s'est mondialisé et que l'espace de la marchandise s'est universalisé, a
conservé et même conforté sa pertinence fondamentale. Mais ce n'est pas parce que
l'idée communiste est moderne, pertinente qu'elle gagnera. »
Heureusement que vous nous avez convaincu : elle est archaïque et à coté de la plaque ! ou alors j'ai rien compris à ce que je suis en train de lire depuis une heure !
« En Allemagne, les communistes allemands ont eu l'audace de construire « Die Linke », l
Les communistes allemands ne sont pas communistes, ils sont postcommunistes (lire leurs textes) le PDS contient des tendances communistes minoritaires, et une de ses ailes droites soutient le TCE.
« En proposant à tous les communistes d'avoir l'audace de s'engager dans cette véritable
révolution, nous ne renions rien des engagements qui nous ont fait opter pour le
communisme. Nous tirons les conséquences d'expériences, de débats, de recherches
que nous avons partagés avec tous nos camarades.
Nous ne proposons pas de saborder le PCF mais d'engager un processus de
dépassement du Parti communiste pour construire une nouvelle force qui réinvente la
gauche et constitue un espace favorable aux idées communistes. »
Un : on ne comprend pas la raison de cette dénégation, « dépasser » ça veut dire la même chose que « saborder » avec la péjoration en moins. Deux : Si encore il s'agissait de réinventer le communisme, mais non, il s'agit de réinventer « la gauche » alors que chacun sait que ça, c'est finit.
« Cette recherche d'une
nouvelle forme politique, adaptée aux conditions du combat émancipateur d'aujourd'hui,
s'observe dans de nombreux pays européens (Italie, Allemagne, Grèce, etc.). »
Et elle est rejetée partout, sauf en Allemagne, où la situation n'a rien à voir.
« (...) Quelle alternative propose le texte de la direction ? Celle de continuer la solitude du parti. »
La direction sait que le parti est prêt à entrer dans des rassemblements mais pas au prix du renoncement à ses principes, et qu'il reste attaché profondément tout ce que cette direction et ses alliés refondateurs ont consciencieusement saccagé depuis s dix ans : Marxisme, classe ouvrière, révolution, socialisme. Comme vous le savez bien, ce que Braouezec dit tout haut, Marie George le pense tout bas. Vous n'êtes qu'un épouvantail, pour crédibiliser une ligne qui détruit le parti lentement mais sûrement. Et je vous l'accorde, votre opposition enfin déclarée à l'avenir du parti, est bien moins dangereuse que cette équipe qui veut faire par ses actes stupides et nombreux la preuve du déclin que vous affirmez.
Nous sommes convaincus que le PCF seul est voué à une existence marginale.
(...) Plus aucune force politique n'incarne
l'engagement internationaliste et l'ancrage local, le radicalisme et l'inscription dans
l'espace institutionnel.
Plus aucune force politique ne représente la classe ouvrière, ni se réfère au matérialisme historique depuis que vous participez à la direction du PCF.
« (...) Pendant quelques décennies, les communistes ont majoritairement récusé la
transformation du parti. Beaucoup l'assimilaient à la liquidation du parti. Le résultat est
hélas devant nous : le PCF auquel nous avons adhéré n'existe plus. »
Et vous y avez contribué en participant aux majorités de congrès qui nous ont mené là.
« La liquidation, c'est celle qui est en cours ; celle qui fait du communisme une force marginale, qui n'en finit pas de s'étioler ; celle qui place le communisme politique en situation vassale par rapport à une socialdémocratie en crise et réduite à se ranger derrière le sociallibéralisme.
De cela nous ne voulons pas. Nous faisons des propositions pour l'éviter. Nous aimerions qu'enfin un débat sérieux se noue autour de ces analyses. »
Votre ligne, c'est le « PSG », le parti socialiste de gauche, sans ancrage de classe, sans théorie, sans principes. Au cœur du groupe dirigeant vous avez anticipé ou accompagné la dérive sociologique du parti vers la classe moyenne. Aujourd'hui vous nous jouez la comédie de l'opposition de sa majesté, et vous ferez tonner des tribunes dans l'Huma et dans les médias bourgeois, mais vous savez bien que Marie George, comme elle le fait toujours, finira par trancher en votre faveur. Son bilan et le bilan de son groupe est aussi le vôtre. Mais votre texte, rempli d'illusions, de paralogismes et de contre-vérités a au moins le mérite de poser des thèses et de pouvoir être critiqué, rien à voir en cela avec le texte attrape-tout et visqueux qui est censé servir de base commune, et dont le seul but est de noyer le poisson, et de faire oublier ce bilan que vous interprétez délibérément à contre sens. GQ 27 septembre 2008