Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Réveil Communiste

Jacques Bouveresse, contre le relativisme, mais dans le rejet philosophique de l'histoire

20 Août 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Théorie immédiate, #Front historique

Jacques Bouveresse, contre le relativisme, mais dans le rejet philosophique de l'histoire

En hommage à Jacques Bouveresse, qui vient de décéder, un texte critique de GQ qui remonte à 2005 (ndgq 27 mai 2021)

Commentaire sur une invitation des éditions Agone.

Présentation des éditions Agone :

                Jacques Bouveresse
        *La Connaissance de l'écrivain*
      Sur la littérature, la vérité & la vie

Les postmodernes ont érigé la littérature en une sorte de genre suprême, dont la philosophie et la science ne seraient que des espèces. Chacune des trois disciplines aurait aussi peu de rapport avec la vérité que les autres; chacune se préoccuperait uniquement d’inventer de bonnes histoires, que nous honorons parfois du titre de "vérités" uniquement pour signifier qu'elles nous aident à résoudre les problèmes que nous avons avec le monde et avec les autres hommes.

Une des conséquences les plus remarquables de cette conception a été de détourner l'attention de la question cruciale: pourquoi avons-nous besoin de la littérature, en plus de la science et de la philosophie, pour nous aider a résoudre certains de nos problèmes? Et qu'est-ce qui fait exactement la spécificité de la littérature, considérée comme une voie d'accès, qui ne pourrait être remplacée par aucune autre, à la connaissance et à la vérite?

Quelle sorte de savoir trouve-t-on dans un roman, que ni la vie quotidienne ni une étude scientifique ne nous communiquent? En quel sens peut-on parler de vérité en littérature? Quels rapports y a-t-il entre la forme d'une œuvre et la connaissance qu'elle nous procure?
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Musil et Kraus. Convaincu que la littérature, autant que les sciences, mérite une philosophie exacte, il croise ici les réflexions de philosophes contemporains, comme Putnam et Nussbaum, avec celles de Zola, Henry James et Proust.


Collection "Banc d'essais"
Format 12*21 cm
224 pages, 22 euros
ISBN :  978-2-7489-0082-8

En librairie le 15 fevrier 2008
http://atheles.org/agone/bancdessais/laconnaissancedelecrivain/

 

Jacques Bouveresse, professeur au collège de France, fut l'introducteur de ce coté-ci de l'Océan il y a déjà longtemps de la philosophie analytique (c'est à dire d'une forme de positivisme qui ne dit pas son nom, populaire dans les campus américains). Je lui dois la découverte de Lakatos, le philosophe des sciences d'Oxford, formé par le léninisme, et la remise en cause de postmodernes gauchistes comme l'ancien de la Wehrmacht Feyerhabend (auteur de Pour une théorie anarchiste de la connaissance) ou comme cette grande autorité surévaluée, Thomas Kuhn (auteur de La structure des révolutions scientifiques, où il invente le pseudo-concept de "paradigme", un des lieux communs philosophiques les répandus à l'heure actuelle), ou d'autres relativistes envahissant le champ intellectuel, et je l'en remercie.

Mais Bouveresse se pose en critique radical du mandarinat philosophique universitaire. Cette position ne lui vient pas d'une théorie sociologique de la connaissance mais d'une affinité de son destin social avec celui de Bourdieu, comme lui d'origine populaire, qui le conduit à ne pas aimer les normaliens grands bourgeois, surtout quand ils sont d'extrême-gauche comme Althusser.

En ce moment [2005] Bouveresse cherche à déterminer la nature de la vérité qui se trouve dans la littérature, dans l'objectif quasi-militant de tarir à leur source les mystifications postmodernes et l'usage débridé des métaphores qui fait une bonne partie de la pensée de la "gauche multiple" des Derrida, Deleuze, et même Foucault. Il estime qu'une pensée qui tourne le dos au vrai prolifère comme des mauvaises herbes dans le champ intellectuel, et qu'elle n'est pas dépourvue de dangers. Il ne tient pas compte de la leçon de l'Idéologie allemande de Marx et croit que ce sont les idées qui font l'histoire. C'est d'ailleurs un retour à l'innocence très courant dans les interventions universitaires actuelles.

Bouveresse tente aussi de jouer un rôle d'intellectuel critique dans la succession de Bourdieu, mais sans succès. Si on veut jouer un rôle historique, même dans l'altermondialisme qui n'est pas très exigeant, il faut au moins croire à l'histoire. Et il semble bien que cette discipline n'ait aucune place dans son système de pensée. Lorsque je lui ai demandé à la fin de son cours : "comment situez-vous entre les deux vérités dont vous parlez, celle qui est la plus essentielle à mon avis, la vérité historique, et quel est pour vous son statut?", il s'est emporté, à ma grande surprise, et m'a répondu en substance que ça suffisait comme ça, que l'histoire était constituée de faits objectifs, que si l'on suivait la direction qu'il m'imputait on n'aurait rien à objecter à ceux qui disent que les chambres à gaz n'ont pas existé, etc. J'en ai retenu que Bouveresse pose le faux problème du vrai en littérature pour ne pas poser le vrai, celui de la vérité historique, qui effectivement est insoluble pour ceux qui pratiquent la dénégation de la science historique, dont la seule forme qui se soit effectivement développée dans la théorie est le marxisme.

C'est l'ancien disciple d'Althusser, Jacques Rancière, qui pose bien le problème du statut de l'histoire, même s'il lui manque maintenant la volonté révolutionnaire pour être complètement scientifique. Non que le marxisme soit une collection de propositions toutes exactes, mais il s'agit bien de l'ultime avancée de la pensée rationnelle confrontée à l'histoire, et elle n'a fait que reculer ou tourner en rond depuis. Cet aboutissement est en même temps la ruine de la bourgeoisie et de ses catégories non-dialectiques, de son dogme de l'individualisme méthodologique dans les sciences de l'homme. Et voilà pourquoi, comme Robert Musil, grand écrivain mais mauvais observateur historique, Bouveresse croit que l'histoire "c'est toujours la même histoire". Wittgenstein pour sa part se rendit compte que les choses changeaient, puisqu'il eût le projet d'aller poursuivre sa quête ascétique en URSS!

article sur Carlo Ginzburg

Pour la critique des relativistes postmodernes et des révisionnistes on pourra lire Carlo Ginzburg. Car Ginzburg a conscience du problème de la vérité en histoire et de celui posé par les liens de l'histoire et de la littérature.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
I
Voici l'ensemble de ce qui est répondu à la pensée médiocre dite analytique et aussi évidemment à leur frère ennemis en réalité frère surtout en élimination du caractère fondé spéculativement et philosophique soit donc dialectiquement du matérialisme historique comme d'ailleurs du matérialisme historique de l'individu désirant et affecté ou pathologique normalement qu'est la psychanalyse. C'est long mais moins bavard que la prétention au fond platonicienne de ces pseudo-logicien et réel ignards à la médiatisation survalorisante et gangrenant l'université <br /> <br /> https://www.facebook.com/notes/olivier-imbert/philosophie-et-logique-des-sciences-comme-fond-d%C3%A9cran-de-l%C3%A9pist%C3%A9mologie-historiq/10216671795739969/?hc_location=ufi<br /> <br /> https://www.facebook.com/notes/olivier-imbert/du-rationalisme-critique-dalain-au-mat%C3%A9rialisme-rationnel-et-rationalisme-appliq/10216671845101203/?hc_location=ufi<br /> <br /> https://www.facebook.com/notes/olivier-imbert/une-th%C3%A9orie-de-la-science-et-singuli%C3%A8rement-dune-science-de-lhistoire/10215489357779759/?hc_location=ufi<br /> <br /> https://onedrive.live.com/edit.aspx?cid=e50b44a85b46e996&page=view&resid=E50B44A85B46E996!2618&parId=E50B44A85B46E996!146&app=Word
Répondre
G
Je ne suis pas certain d'avoir très bien caractérisé la philosophie analytique comme une forme de positivisme. Mais apparemment tout le monde s'en fout, depuis dix ans que cet article a été publié.
Répondre
R
Pas vous en tout cas. Mais encore?
B
En effet tout le monde se fout de votre article assez lamentable.
A
"comment situez-vous entre les deux vérités dont vous parlez, celle qui est la plus essentielle à mon avis, la vérité historique, et quel est pour vous son statut?"<br /> <br /> Qu'est ce que vous pouvez nous saouler avec votre soit disant vérité historique dont en plus vous avez une vision si étriquée avec votre axiome non pas dialectique mais dogmatique, car jamais démontré évidemment sinon ça se saurait, de "l'histoire de toute société jusqu'à nos jours, c'est l'histoire de la lutte des classes".<br /> <br /> Au fond, quelle misère intellectuelle que la vôtre !
Répondre
A
Réveil Communiste, Pour un parti du prolétariat maintenant, democraty is the freedom to elect your our dictators... <br /> <br /> Ah oui, réveillez-moi ! Quel cauchemar ! <br /> <br /> Le peuple des prolétaires ne veut pas de vous, sinon vous seriez au pouvoir depuis longtemps, quand allez-vous l'admettre ? JAMAIS ! ON EMMERDE LE PEUPLE ! et s'il ne veut pas comprendre où est son intérêt on le lui fera entendre à coup de fusils...Viva la Revolución !
Répondre
G
Quitte à avoir des dictateurs mieux vaut ne pas les élire.
G
<br /> Cet article ayant eu quelques lecteurs récents, je l'ai revu et corrigé.<br />
Répondre