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Réveil Communiste

Le Lynx vu du coté de la section du PCF quinzième

31 Janvier 2008 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Qu'est-ce que la "gauche"

CC aujourd'hui sur le site du Quinzième, je ne connais pas l'auteur. GQ

Mercredi 30 janvier 2008

Succès électoraux de « la gauche » dans deux régions d’Allemagne

L’exemple de « Die Linke » : ni transposable, ni souhaitable en France.


Des élections régionales avaient lieu dimanche 27 janvier en Hesse et en Basse-Saxe. Pour la première fois depuis plus de 50 ans, des candidats s’affichant à gauche du Parti social-démocrate (SPD) ont été élus à ces deux parlements régionaux de l’ouest de l’Allemagne, comme cela avait déjà été le cas en mai dans la ville-région de Brême. Les listes conduites par le nouveau parti « die Linke », « la gauche », ont dépassé le seuil des 5%. Ces résultats modifient incontestablement la donne politique et ouvrent de nouvelles perspectives à la gauche "anticapitaliste" allemande, notamment des régions de l’ex-RFA, qui s’est investie dans la campagne de « die Linke ». Communistes français, nous nous en félicitons et saluons particulièrement l’élection en Basse-Saxe de Cristel Wegner, membre du parti communiste allemand (DKP).

Pour autant la situation de nos camarades allemands n’est pas la nôtre et le « modèle allemand » de « die Linke » vanté par certains en France ne nous paraît ni adaptable, ni souhaitable dans notre pays. Les travailleurs français n’ont pas besoin d’un nouveau parti social-démocrate, même estampillé « de gauche ». 

Pour le montrer, nous revenons, dans les lignes qui suivent, sur les origines spécifiques, les orientations et les perspectives de « die Linke ».


Le parti « die Linke », « La Gauche », a été officiellement constitué en Allemagne le 17 juin. Ce baptême a suscité l’engouement de certaines personnalités françaises qui y voient un nouveau modèle de recomposition politique « à gauche du PS » applicable à la France après l’essai des « collectifs antilibéraux ».

De nombreux dirigeants du PCF affichent leur enthousiasme. Dans son rapport au Conseil national du PCF du 22 juin, Marie-George Buffet érige le scénario allemand en premier exemple parmi les « idées émises pour examiner sans tabou, ni a priori l’avenir du PCF » : « décider la création d’un nouveau parti, de le dépasser pour en fonder un avec d’autres à l’exemple de Die Linke… ».  

Cherche-t-on à influencer le débat des communistes français avant le congrès de la fin de l’année à partir d’un exemple étranger méconnu et présenté de façon flatteuse ? Une « expérimentation » possible de nouvelle forme politique comme la direction du PCF a tenté de l’imposer dans le texte du mandat de l’assemblée extraordinaire de décembre ? C’est évident. Cela nous invite à nous intéresser plus précisément à cette expérience allemande. Disons-le de suite : elle n’est pas transposable en France et inacceptable pour les communistes français qui entendent le rester.

Un mariage déséquilibré.

Le nouveau parti se présente comme le résultat d’un processus, entamé depuis deux ans et marqué par des candidatures communes aux élections législatives d’octobre 2005, de fusion entre le Parti du socialisme démocratique (PDS) et de « l’Alternative électorale pour la justice sociale » (WASG). La disproportion entre les deux acteurs invite plutôt à parler de transformation du PDS en « die Linke » au moyen de la WASG.  

La WASG est un amalgame récent, créé seulement en 2004, de sociaux démocrates en rupture avec le SPD, de militants d’extrême gauche, d’altermondialistes, de responsables syndicaux… Il comptait autour de 11000 adhérents, dont plusieurs milliers ont refusé de rejoindre le nouveau parti. Comme son nom l’indique, la raison d’être d’origine était électorale. Dans le nouvel ensemble, la WAGS présente notamment deux caractéristiques : être une organisation de l’ouest, n’avoir aucune racine communiste. Mais son identité est peu définie. Pour l’immense majorité de l’opinion publique, ce conjoint du mariage est identifié à son leader, Oskar Lafontaine qui l’avait rejoint en 2005. Homme politique de premier plan, Lafontaine a été, entre autres, président du parti social-démocrate (SPD) de 1995 à 1999 et ministre des finances en 98 et 99 jusqu’à sa démission du gouvernement pour désaccord politique avec l’orientation social-libérale de Schröder. Positionné à l’aile gauche de la social-démocratie mais personnalité médiatique déroutante, Lafontaine a défrayé la chronique en 2005 par une sortie détonante affirmant que « l’Etat doit empêcher que des pères ou mères de famille ne deviennent chômeurs parce que des travailleurs étrangers leur prennent leurs places de travail avec des salaires plus bas ». Il a récidivé en septembre 2007 en se prononçant pour une « allocation pour les femmes aux foyers ».

Il est aujourd’hui l’un deux co-présidents de die Linke.

L’autre composante d’origine de die Linke est le PDS. Au moment de la fusion, il compte 60000 adhérents, principalement à l’est. Le PDS est issu de la transformation en 1990 du Parti socialiste unifié (SED) – parti au pouvoir (mais non parti unique) en RDA. Le SED était né en 1946 de la fusion dans la zone d’occupation soviétique de parti communiste d’Allemagne (KPD) et du parti social-démocrate. Le PDS représente donc un partenaire historique naturel du PCF.

A l’ouest, le parti communiste KPD a continué d’exister avant d’être interdit par le pouvoir de la RFA en 1956 et de renaître officiellement, après une période de clandestinité, en 1968 sous le nom de Parti communiste allemand (DKP). Le DKP, parti communiste se revendiquant comme tel, ne s’est pas fondu dans « die Linke ».

Le PDS porte (portait) donc une partie du riche héritage historique du mouvement ouvrier allemand et de l’expérience de construction du socialisme sur le sol allemand à l’est. Successeur d’un parti au pouvoir pendant 50 ans, il est marqué aussi par une culture administrative sinon gestionnaire plus que par une culture de lutte. Paradoxalement, l’anticommunisme d’Etat de la RFA, l’ostracisme et la répression qu’elle a appliqués à l’encontre des anciens cadres de la RDA, ont rendu impossible le recyclage, notamment vers le SPD, même des plus « réformateurs » d’entre eux, à l’opposé de ce qui a pu se passer dans d’autres pays de l’est. Certains se retrouvent au PDS.

Le PDS a acquis et conservé jusqu’à présent une forte influence dans les régions de l’ancienne RDA, avec des résultats électoraux très souvent supérieurs à 20%. Il est apparu pour beaucoup comme le seul parti susceptible de porter la colère et les revendications de nombreux citoyens de l’est. 17 ans après l’annexion par la RFA, ils subissent toujours des salaires inférieurs de 20% et un taux chômage largement supérieur à ceux de l’ouest. Donnée méconnue, la diminution de 15% de la population de ces régions par rapport à l’ancienne RDA illustre les aspects économiques dévastateurs de la « réunification ». Cette influence fait du PDS un parti d’élus : plus de 6000, 10% de ses effectifs.

A l’ouest, le PDS a progressé régulièrement mais lentement atteignant 1% des voix, localement plus et quelques milliers d’adhérents venant principalement de la gauche anticapitaliste et/ou pacifiste, souvent en décalage avec les directions de l’est.

La direction du PDS s’est trouvée confrontée à une contradiction. Seule son implantation régionale à l’est lui a donné un statut de parti national mais dans le même temps, à son corps défendant, elle le limite et l’identifie à un passé, à une option politique dont elle cherche obstinément à se dégager.

L’aboutissement du processus de mutation-disparition du PDS.

L’histoire des 17 ans d’existence du PDS est celle d’une mutation impulsée et imposée par son groupe dirigeant pour passer d’un parti marxiste-léniniste à un parti « de gauche », en fait ouvertement social-démocrate.

La transformation du SED en PDS a eu lieu en 1990 en plein effondrement de la RDA, quelques mois après la chute du Mur de Berlin. La plus grande partie de la direction du SED est alors disqualifiée ou a perdu pied. Le parti connaît une hémorragie des adhérents du « parti-Etat ». Il est même question d’une dissolution pure et simple du SED. Les adhérents de conviction, les communistes sont sous le choc, en plein désarroi.

Dans ce contexte, le courant le plus réformiste, gorbatchévien, parvient à l’emporter et prend une place prépondérante dans la direction du nouveau parti. Après avoir pris le contrôle de l’appareil, il ne la lâchera pas. Dès ce moment, sa figure de proue est l’avocat Gregor Gysi, qui devient alors la véritable coqueluche des media de la nouvelle RFA.

Gysi est désormais l’autre coprésident de « die Linke ».

Dès le départ, les statuts et objectifs du PDS ne sont pas ceux d’un parti révolutionnaire et communiste. Mais l’héritage du SED, les repères idéologiques de la plupart de ses adhérents « de base », les premiers combats pour défendre les citoyens de l’est et les acquis de la RDA, la stigmatisation systématique par les autorités et partis de la RFA, maintiennent de fait dans l’opinion une identification communiste.

C’est surtout après la phase de consolidation électorale (de 4 à 5,1% nationalement entre 1994 et 2002), que se manifestent plus clairement l’orientation réformiste et la première préoccupation stratégique de l’équipe dirigeante : l’intégration dans la vie politicienne institutionnelle de la RFA et ses jeux d’alliance. Elle multiplie les gages de rupture avec tout héritage « communiste » pour se conformer aux normes « démocratiques » de la RFA, devenue toute l’Allemagne.

Révélateur de cette évolution, en 2000, la direction a tenté de faire valider le soutien, au cas par cas, d’interventions militaires allemandes à l’étranger. Les délégués du congrès de Münster avaient alors mis en échec cette résolution soulignant le décalage entre direction et base du parti. Une anecdote significative : en 2002, trois députés qui avait déployé une petite banderole « Mr Bush - Stop The War » à l’occasion d’un discours de Bush devant le Bundestag ont été désavoués par la direction du Parti qui s’est excusée directement auprès de Bush.

Gérer le capitalisme mieux que les autres ?

Cette ligne réformatrice modérée a trouvé sa pleine réalisation à partir de 2002 avec la participation du PDS à deux gouvernements régionaux en coalition avec la social-démocratie dans le Mecklembourg et à Berlin. Le bilan est éloquent. La majorité de « gauche », SPD-PDS à Berlin réussit ce que la coalition droite-SPD n’avait pas osé faire : forte augmentation des impôts locaux, privatisation de milliers de logements sociaux, autorisation de l’ouverture des commerces 24 heures sur 24, suppression de milliers de postes de fonctionnaires, réduction de leurs droits d’intervention dans les organismes paritaires… et cerise sur le gâteau : accord donné à la destruction du Palais de la République (de la RDA) et à la reconstruction à sa place du palais des Hohenzollern. La députée et dirigeante berlinoise du PDS, maintenant de « die Linke », Petra Pau, a bien résumé les choses en déclarant en 2005 : « nous avons fait la preuve à Berlin que nous étions capables d’administrer le capitalisme et même mieux que d’autres ». Cette démonstration d’assimilation au système politique (ouest)-allemand n’a pas convaincu les électeurs. Aux élections régionales de l’automne 2006, le résultat du PDS berlinois a fondu de 22,6 à 13,4%. La direction du parti n’en a pas moins décidé de poursuivre sa cogestion avec le SPD (au Mecklembourg, le SPD a préféré s’allier avec la droite).

Le cas berlinois n’est pas une anomalie. La présence dans les institutions, au plan national maintenant, est plus que jamais au centre de la stratégie de la direction de l’ex-PDS. Elle a motivé le processus de transformation étalée sur deux ans depuis 2005 en « die Linke » en passant par l’étape intermédiaire du « Linkspartei-PDS » (changement de nom du PDS en « parti de la gauche »). « Die Linke » répond à l’objectif de rupture avec l’héritage et peut-être surtout l’image d’héritier du socialisme de l’est, tout en essayant de conserver le capital électoral dans ces régions, pour devenir un parti de gouvernement de toute la RFA.

Cette aspiration a rencontré la volonté de Lafontaine de se remettre en selle nationalement mais aussi celle de milliers de progressistes ouest-allemands qui n’en finissent plus d’être dégoûtés par le SPD.

Premiers succès (et déboires) électoraux

Les circonstances politiques sont particulièrement favorables au nouveau parti. Le gouvernement SPD-Verts de Schröder a été battu aux législatives de fin 2005 après avoir mené une politique violemment antisociale. Depuis, faute de majorité absolue, le SPD participe, dans le cadre d’une « grande coalition », au gouvernement de Angela Merkel qui poursuit et aggrave la même politique. Le SPD laisse beaucoup de terrain à gauche. « Die Linke » peut aussi espérer servir de débouché électoral (pas forcément politique) aux très fortes mobilisations des salariés, ces dernières années contre le programme de casse sociale appelé « Hartz 4 » (augmentation du temps de travail, démantèlement des retraites…). Cela a commencé à se vérifier.

L’alliance électorale PDS-WAGS a obtenu 8,7% aux élections générales de fin 2005, score qui a créé l’événement. Les élections dans la ville-région de Brême au printemps 2007 ont confirmé le résultat de 2005 avec 8,4% avant les résultats du 27 janvier 2008 en Hesse et Basse-Saxe. Mais le résultat déjà mentionné de Berlin en 2006 entre temps ternit le tableau, d’autant plus qu’il correspond à une sanction de la ligne défendue par la plupart des dirigeants du Parti.

Quel espace peut occuper « die Linke »? Peut-elle jouer un autre rôle que celui prévu de deuxième parti social-démocrate, "de gauche"?

Pour des raisons historiques connues, il n’y a pas en Allemagne capitaliste, depuis l’après-guerre, de parti anticapitaliste de classe et de lutte, ayant atteint une représentation significative dans la vie politique nationale. « Die Linke » peut-il le devenir ?

Certains en ont l’espoir comptant sur une dynamique populaire nouvelle, issue du mouvement social, susceptible de dépasser les objectifs des fondateurs du parti. En tout état de cause, « die Linke » constitue un nouveau cadre politique dont les communistes et l’ensemble des militants « anticapitalistes » doivent tenir compte, à l’image de nos camarades du DKP.

La montée de dissensions entre Lafontaine et les ex-dirigeants du PDS fait partie des éléments imprévisibles. Paradoxalement, Lafontaine affiche des positions beaucoup plus radicalement critiques vis-à-vis de son ancien parti le SPD, notamment en matière sociale et beaucoup nettement anti-impérialistes en matière de politique extérieure (visite à Cuba – contre les interventions allemandes à l’étranger…).

Enfin, même peu organisés et largement évincés des directions, il reste beaucoup d’adhérents de l’ex-PDS, issus du SED, fortement attachés au socialisme et se revendiquant communistes. Dès les années 90, le décalage entre direction et élus d’une part, base des adhérents de l’autre a été souligné par tous les observateurs. Les évolutions du PDS ont suscité des oppositions internes. En 2000, au congrès de Münster, la direction du PDS avait été mise en échec dans sa tentative de faire valider le soutien aux interventions militaires allemandes à l’étranger (sous mandat de l’ONU). Au sein du PDS, plusieurs « plateformes » (tendances), qui se réclament du marxisme et du communisme, se sont opposées à la fusion-transformation en « die Linke », se prononçant pour de simples alliances électorales avec l’ex-WAGS. Elles se sont toutefois intégrées dans « die Linke ». Par ailleurs, les dizaines de milliers d’adhérents qui se sont détournés ou ont été écartés du PDS depuis 10 ans (la moitié des effectifs) resteront-ils sur la touche ?

Quelle capacité peuvent avoir ces forces, dans le contexte de la situation sociale, pour influer sur le cours futur de « die Linke » ? Nous n’avons pas les éléments pour répondre à cette question.

Mais ce qu’il ne fait pas de doutes, c’est que « die Linke » a été conçu comme un deuxième parti social-démocrate « de gauche » et que c’est la volonté de ses dirigeants actuels de le faire exister comme cela dans la suite de leurs options antérieures.

Les textes du congrès fondateur abondent des notions asexuées de « gauche » et d’« antilibéralisme ». Ils portent indiscutablement des orientations réformistes dans la prolongation des positions du PDS. Au-delà d’un vaste catalogue de réformes sociales, les axes programmatiques adoptés définissent un « socialisme démocratique » qui s’accommode de la propriété capitaliste de l’économie, éventuellement régulée. On retrouve la notion que nous avons appris à connaître avec la « Mutation » du PCF de « dépassement », dépassement du capitalisme, dépassement de la logique du profit, dépassement de l’OTAN : le dépassement qui implique l’acceptation. Ce programme d’aménagement du capitalisme est parfaitement compatible avec l’objectif prioritaire : la collaboration à un gouvernement dominé par le SPD. L’expérience berlinoise l’illustre. Ce qui va se passer en Hesse où le SPD (prétendument dominé par son aile gauche dans cette région)  peut avoir besoin des élus de « die Linke » pour former sa majorité sera intéressant à suivre comme confirmation ou contrepoint.

Les repères historiques affichés par les dirigeants de die « Linke » sont également assez éloquents. Lafontaine, social-démocrate lui-même, a réussi au congrès fondateur de juin un amalgame détonnant en associant dans son panthéon personnel Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, les fondateurs du Parti communiste allemand, sauvagement assassinés en 1919 sous la consigne du ministre social-démocrate Noske, à Willy Brandt, chancelier social-démocrate de la RFA dans les années 70, président de l’internationale socialiste de 1976 à sa mort. Pour leur part, Gysi et Bisky, ex-président du PDS, viennent de faire le choix d’honorer le 15 janvier dernier tout en même temps Luxemburg et Liebknecht à l’occasion de l’anniversaire de leur assassinat et « les victimes du stalinisme ».

Bisky a été désigné président du « Parti de la gauche européenne » au congrès de novembre. Communistes français, nous retombons en terrain de connaissance. Nous avons eu maintes fois l’occasion de dénoncer le PGE, promoteur de l’intégration européen et financé par la Commission européenne pour cela. Bisky a succédé à l’Italien Bertinotti dont le parti a participé jusqu’au bout au gouvernement centriste de Prodi, malgré la politique de casse des retraites et de soutien aux USA en Afghanistan et qui tente aujourd’hui de créer un nouveau « parti de la gauche » en Italie. « Gauche européenne », « gauche italienne », « gauche allemande », « gauche française » demain ? Comme MG Buffet en juin, c’est ce que Francis Wurtz préconise. « La gauche sera européenne ou ne sera pas » s’est-il envolé dans son discours comme invité au congrès fondateur de « die Linke ».

Quelles que soient les incertitudes sur le devenir de « die Linke », l’objectif de sa création est clair et la mise en avant comme modèle de cette expérience par les dirigeants français correspond étroitement à leur objectif de sabordage du PCF et de transformation en « chose de gauche », tournant le dos à l’identité révolutionnaire et communiste de notre parti. Communistes résolument déterminés à mettre en échec cette perspective, nous serons amenés probablement à éclairer et dénoncer la réalité du « modèle allemand » et des intentions qu’il porte.

L’exemple de « die Linke » n’est absolument pas souhaitable pour les communistes français. Une transposition n’est pas non plus crédible en France.

Les conditions politiques du moment ne sont pas du tout les mêmes.

Le PS, malgré les avances de Sarkozy, ne participe pas au gouvernement. Même si ses positions sont aussi socio-libérales que celles du SPD, il reste largement identifié comme un parti de « gauche ».

La personnalité, le courant du PS susceptible de jouer le rôle incarné par Lafontaine n’existe pas. Toujours à l’affût, Mélanchon (comme d’ailleurs la créature médiatique Autain) s’est montré à Berlin au congrès fondateur de « die Linke ». Mais l’ex-secrétaire d’Etat de Jospin, issu du PT, ne compte guère de divisions. Pas plus que l’ex rocardienne Lienemann.  Emmanuelli à peine plus. Quant à Fabius, son passé n’est pas vraiment marqué « à gauche ». Ces derniers ont compris d’emblée qu’ils avaient tout à perdre à quitter le PS pour rejoindre un PCF très affaibli mais encore très encombrant politiquement pour eux.

C’est bien là que réside l’impossibilité structurelle d’un scénario à l’allemande. Le PCF n’est pas le PDS. Il ne dispose plus de positions électorales locales prédominantes mais il représente, profondément ancré dans l’histoire de l’ensemble de notre pays, le parti anticapitaliste de masse et de classe que l’Allemagne n’a plus connu depuis 1933.

C’est cet acquis que nous voulons défendre, faire renaître. Plus que jamais, le monde du travail, la France ont besoin du Parti communiste français ! L’échange, la solidarité avec nos camarades allemands seront aussi importants dans cet objectif.

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A
Voilà un très bon texte, qui m'a permis de voir plus clair (normal, le Lynx est connu pour ses yeux perçants :) )Une comparaison me vient à l'esprit: nos dirigeants ne veulent plus de leur jouet (le PCF) qu'ils estiment defectueux. Malgré le refus de la base de changer de jouet, et au lieu de le réparer, ils préfèrent en acheter un autre, plus cher, plus complexe, plus "mode". Ce qu'il se passe au PCF me semble clair: une majorité de nos dirigeants, essentiellement parisiens d'ailleurs, ne veulent plus d'un parti communiste parcequ'il veulent un parti conforme "aux normes démocratiques" (je cite le texte) comme le PDS. Le communisme, quoiqu'on dise, ça fait toujours peur, c'est pas "politiquement correct", ça fait chier les bourgeois. Alors, pour recycler les cadres du parti, il faut leur trouver un nouveau joujou. Et tant pis si on fait fi de l'opinion d'une énorme majorité des militants (bah quoi, ils ont rien exprimé, c'est vrai, à l'ANE, ils n'ont pas pris la parole, les camarades, c'est qu'ils étaient d'accord, hein!). Je n'avais cependant pas perçu cette dérive social-démocrate (ou plutôt, je ne voulais pas la voir!) qu'il existe chez nos cadres. En faisant une petite recherche sur internet, je suis tombée sur un article qui parlait de la campagne de Mitterand en 81. Le slogan de la campagne c'était: "changer la vie". Ca ne vous rappelle rien? Quand on commence a utiliser des mots et slogans aseptisés, c'est mauvais signe...Les "slogans Carrefour " (c'est comme cela que je les qualifient) qu'on a utilisés pendant la campagne de MGB étaitent de cette teneur là; et ont peu à peu remplacé les termes "communisme", "lutte", "aliénation", "révolution", etc. Je sais que je suis lourde là dessus, mais j'y tiens: les mots sont un thermomètre qui déterminent le degré de contamination social-démocrate au sein de notre parti...Alors, la chasse au lynx risque-t-elle de se terminer en chasse au dahut: la chasse d'un animal imaginaire ?
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