Intervention en Assemblée générale du PCF du 19e arrondissement
11 Janvier 2008 , Rédigé par Réveil Communiste
Je suis intervenu deux fois, la première pour exposer l'intervention que j'avais préparée, la seconde concernant l'utilisation du "rapport de force" pour justifier l'alliance avec le PS.
Jonathan
I. Le contexte des élections municipales est le suivant : le PS qui laisse passer la ratification parlementaire du Traité de Lisbonne ; en Seine-Saint-Denis, il veut nous prendre la présidence du Conseil Général ; dans plusieurs villes de banlieue, il veut nous prendre la mairie. Et pendant ce temps, les directions nationale et fédérale du PCF crient "Union de la gauche", comme à la grande époque...
Les élections à venir posent 2 problèmes :
1. celui de la participation à une mairie, à un gouvernement, avec les socialistes. Naturellement, comme je ne suis pas un gauchiste, je n'en fais pas une opposition de principe. La question est de savoir si cette participation est utile aux citoyens, aux travailleurs, autrement dit si, dans le cadre de cette participation, le PCF parvient à exploiter les faiblesses et trahisons des socialistes pour créer, en lien avec le Parti (élément indispensable), le mouvement populaire qui, nous rejoignant, nous fait gagner du poids face au PS pour faire gagner nos choix. Or, soit par incapacité fondamentale, soit par volonté, cette exploitation de la participation, nous ne la faisons pas. Le résultat est bien simple : nous apparaissons comme la brave caution de gauche du PS, nous décevons nos électeurs, et malgré la fin de l'Union soviétique (je fais cette référence car certains imputent notre effondrement à nos liens à l'URSS ; à ces camarades je précises que l'URSS n'existe plus, et que le PCF, en 1997, était à presque 10%), comme nous continuons sur la voie stratégique suicidaire décrite à l'instant, nos résultats ne remontent pas, loin s'en faut. Ce qui m'amène à mon second problème :
2. celui de la constitution d'une liste commune, non avec les "forces de gauche" comme précisé sur le bulletin de vote (où, en plus, l'abstention est interdite, et où ne figurent pas le nombre d'adjoints à Delanoé...), mais avec le seul PS. Si, au second tour, l'union est nécessaire et indispensable, la faire dès le premier tour nous condamne à n'être que les godillots du PS. Garder notre autonomie dans la municipalité commence par l'affirmer dès le 1er tour de l'élection ; sinon, à quoi sert le 1er tour ? Garder notre autonomie dans la municipalité commence par rassembler les citoyens sur nos idées, pour avoir la légitimité de pouvoir dire Oui ou Non en toute indépendance au PS. A ce titre, il est incompréhensible que, engagés ou pas dans des négociations avec le PS depuis l'automne, la campagne n'ait pas commencé dès après la Fête de l'Huma. L'initiative du 27 octobre représentait à ce titre un excellent exemple d'élus, les parlementaires du Nord, utiles à leurs compatriotes, avec la Marche pour l'Emploi (et, anecdote : à leur descente du bus le samedi matin à Madeleine, il n'y avait pas un seul représentant du PCF national ou parisien...) ; pourquoi les élus parisiens ne s'en sont-ils pas inspirés ? N'auraient-ils pas pu peser plus fort face au PS dans les négociations et, dans l'hypothèse d'un échec de celles-ci (ce qui est selon moi le cas aujourd'hui), n'auraient-ils pas ainsi posé des jalons pour l'avenir avec une telle mise en campagne ?
A cela s'ajoutent d'autres considérations, liées à l'avenir du Parti. Je considère comme inadmissible que le PCF soit dirigé au niveau national par des camarades qui n'ont en tête que l'idée de le faire disparaître au prochain Congrès. De la même façon, puisque l'occasion se présente, je considérerais comme suspect de désigner comme candidats, et de voir élus, des camarades sur les mêmes positions. Après le 34e Congrès, où l'existence du PCF va se jouer, quelle que soit l'issue de ce Congrès, j'ai envie que les camarades élus sous l'étiquette communiste restent des communistes et pas des membres d'un éventuel, et très hypothétique, nouveau parti de "gôche". A l'occasion de l'AG de désignation de nos candidats, je demanderai à ceux qui seront proposés de prendre une position très claire sur le sujet, et de la rendre publique aux camarades présents, de façon à ce que ceux-ci se prononcent en toute connaissance de cause.
II. Il est insupportable que des camarades nous ressortent sans cesse l'argument du rapport de force favorable au PS pour justifier d'aller se jeter dans les bras protecteurs du PS. En 1995, 5 ans après la chute de l'URSS, Robert Hue faisait plus de 8% à la présidentielle ; 1997 : presque 10% aux législatives, et début de la participation au gouvernement de gauche plurielle, le début de l'effondrement réel ; 1999 : 6% aux européennes ; 2001 : malgré la victoire à Paris, c'est une débâcle aux municipales, où le PCF perd de nombreuses villes ; 2002 : Robert Hue n'a que 3% aux présidentielles, et la droite reprend le pouvoir ; 2004 : aux régionales, dans 4 régions nous menons des listes autonomes, et dans deux d'entre elles nous franchissons les 5%, dans les deux autres nous sommes à plus de 10%. Le "rapport de force" qui serait en notre défaveur est en réalité généré et entretenu par les alliances inconditionnelles avec le PS ; je n'accepte pas qu'il soit utilisé pour justifier une nouvelle alliance avec.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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