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Réveil Communiste

Le coté d'André Gérin (1er décembre 2007)

2 Décembre 2007 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Positions

Nous publions ici la seconde partie de la contribution d'André Gérin disponible sur son site (lien en page d'accueil)concernant directement la situation intérieure du PCF.

(...)

Trois propositions immédiates pour la rencontre nationale des 8 et 9 décembre 2007

1 – Pour un référendum des communistes

C’est pourquoi je propose que l’on organise en grand, au niveau national et sur un trimestre, un vrai référendum de tous les communistes autour de cette question : faut-il ou non garder une organisation qui s’appelle le Parti communiste français ? Faut-il ou non dissoudre le PCF et déposer le bilan ?

2 – Pour une direction provisoire en vue de préparer le congrès

Pour garantir la régularité de cette consultation à la fois au plan de la confrontation des points de vue et son organisation matérielle même, il me semble que la direction actuelle devait annoncer à l’occasion de l’assemblée générale des sections, les 8 et 9 décembre 2007, la désignation d’une nouvelle direction exécutive provisoire, représentative de la pluralité du parti et demander à l’assemblée générale de lui donner légitimité par un vote.

3 – Pour l'élection des dirigeants au suffrage universel des adhérents

Autre question cardinale, celle des dirigeants nationaux et départementaux. Nous devons revoir nos pratiques, redéfinir, repréciser les critères de choix, les rendre transparents. Il me semble qu’une avancée démocratique majeure serait accomplie avec l’élection au suffrage universel direct, par les adhérents, de chaque membre du conseil national et des conseils départementaux ainsi que de leurs premiers responsables.


Il s’agit selon moi de réussir un double pari : à la fois réinventer complètement le PCF du XXIème siècle et à la fois être complètement fidèles à nos choix fondamentaux. Peut-on parler d’organisation politique de classe ? Peut-on parler de projet généraliste de changement radical de société ? Peut-on parler de capacité à rassembler le peuple de France ?

Peut-on esquiver la force de nos expériences historiques et de nos convictions, la force de nos idéaux et de nos valeurs communistes ? Dans ces conditions, accuser ceux qui veulent préserver le PCF d’être partisan d’une sorte de statu quo conservateur relève de l’hypocrisie, du mensonge, de la manipulation voire de l’amnésie. Que reste-t-il à l’heure où une crise grave affecte le PCF ? L’urgence d’un ressaisissement de la pensée et du projet communiste se fait plus que jamais sentir.

Aurons-nous l’audace, le volontarisme de proposer des voies nouvelles pour la réflexion et la pratique politique contemporaine ? Abordons avec les communistes ces questions majeures pour un PCF en phase avec le monde. Est-ce si saugrenue de mettre au cœur de nos débats des questions telles : la conscience de classe, le rôle de l’intellectuel collectif, la question de la vérité, la question de la tactique, la question du pouvoir ? Peut-on aborder aujourd’hui les nouvelles formes d’aliénation, d’exploitation, les questions de l’idéologie et sa mise en spectacle permanente ? Au nom de qui ou de quoi pourrait-on, d’un revers de main ou d’une simple phrase, éluder 150 ans de culture marxiste et des liens innombrables et complexes qui se sont noués entre la théorie et l’action ?

L'abandon de la dictature du prolétariat en question...

Je propose de revisiter la question de l’abandon de la dictature du prolétariat, en 1976. Abandon nécessaire pour le sens qu’avait pris le mot mais avons-nous seulement pris le temps de savoir de quoi nous parlions ? N’avons-nous pas confondu : domination de classe – de ce point de vue nous vivons une véritable dictature du capitalisme – et forme du pouvoir politique ? Et surtout qu’avons nous mis à la place sinon une vision à court terme de la conquête du pouvoir par les voix électorales ? Nous nous sommes inscrits, qu’on le veuille ou non, consciemment ou non, dans le jeu de la démocratie libérale comme si le marxisme était déjà dépassé.

Nous n’avons jamais creusé véritablement la question de savoir ce que révolution démocratique pouvait réellement signifier, quelles pouvaient en être les modalités. Puisque nous acceptions le jeu électoral, nous étions devenus politiquement corrects mais hélas aussi politiquement inutiles. Quand avons-nous véritablement approfondi la question du lien entre mouvement social et expression politique par le suffrage universel ?

Dès 1972, le programme commun était déjà inadéquat aux questions nouvelles posées dans la société et à la mutation du capitalisme. Nous avons renoncé au changement de société, au renversement de la domination du capitalisme, choisissant de faire vivre des institutions dont nous condamnions les principes auparavant. Il fallait prendre le pouvoir, aller au gouvernement et on verrait après ! Finie la mise en cause de la Vème république ! Nous nous sommes piégés nous-mêmes dans la monarchie adoubée par François Mitterrand qui a consacré la domination sans partage de la haute finance sur toute la vie du pays.

Nous aboutissons au point d’orgue du président Nicolas Sarkozy qui s’engage vers un véritable déni de démocratie avec le traité constitutionnel européen simplifié. Le système politique français et plus encore européen repose sur un principe essentiel : exclure tout germe révolutionnaire, exercer une dictature sans partage pour le compte du capital. Nous avions réussi à conquérir des positions dans l’appareil d’Etat, notamment après la grande débâcle de 1940 et la faillite nationale de la bourgeoisie, dans la lutte pour la libération avec le Conseil national de la Résistance. Reste à analyser pourquoi et comment notre capacité de contestation radicale s’est émoussée.

L'abandon du centralisme démocratique en question

Je propose de revisiter aussi la question du centralisme démocratique. Le mot faisait peur, accolé à des pratiques bureaucratiques. Le mot a disparu mais les pratiques sont devenues de plus en plus bureaucratiques. L’abandon du centralisme démocratique n’a-t-il pas été un échappatoire, une défausse, une forme de culpabilisation idéologique à propos du stalinisme et des atteintes aux droits de l’homme dans les pays socialistes. quant au fond n'avons-nous pas rejeté une forme d’organisation qui permettait bon an mal an de résister à la formidable offensive idéologique du capitalisme ?

Avec l’abandon du centralisme démocratique n’avons-nous pas renoncé à ce qui constituait une part de notre originalité, un élément hors du commun en comparaison des autres forces politiques ? La question du centralisme démocratique, de la démocratie, constitue bien le cœur de l’existence du PCF. Précieuse est la conscience « centrale » de ce qui contribue au réveil du peuple exploité économiquement, dominé politiquement, influencé idéologiquement et conditionné dans sa vie quotidienne. Non moins précieuse est l’expression démocratique des militants et des adhérents, reflet de la diversité des vécus et des combats populaires.

Il nous faut prendre sans cesse la mesure des bouleversements apportés par le capitalisme dans l’idéologie du peuple. Depuis le milieu des années 1960, nous avons vécu un double recul : baisse de notre influence électorale, singulièrement marquante en 1981 et amoindrissement de la combativité populaire. Les forces de la bourgeoisie ont réussi à disloquer la conscience de classe comme cela se voit dans l’affaiblissement du mouvement syndical. La ruse du capitalisme que l’on observe depuis 1968, au moins, consiste à se saisir de l’ambition individuelle à évoluer, à avoir une place dans la hiérarchie sociale pour mettre en pièce la solidarité de classe. L’aspiration à une meilleure et plus épanouissante individualité a été pervertie dans une logique d’individualisme et d’égoïsme soutenue par une logique de consommation et de plaisir immédiat.

Nous avons parfois baissé la barre pensant nous mettre au niveau du mouvement populaire dans l’espoir de ne pas perdre ses suffrages. Mais à ce jeu, nous nous sommes laissés dévoyer nous-mêmes. Faute de tenir fermement sur notre engagement révolutionnaire, nous avons accompagné le recul de la conscience de classe. Ayons le courage de regarder les réalités en face : nous avons perdu sur les deux tableaux. Force est de dire que le centralisme démocratique, ce nerf de la guerre pour la culture révolutionnaire, permettait, au moins dans le principe, une dialectique forte entre le projet communiste et le niveau de conscience du peuple.

Le courage de penser à contre courant

Etre marxiste aujourd’hui, c’est avoir le courage de penser à contre-courant, de dire que la conscience de classe doit être restituée à la classe ouvrière dans son sens élargi en s’appuyant sur le seul combat cohérent qui est le combat pour l’égalité. Combat pour sortir les ghettos de la misère en pointant les conditions économiques, juridiques, politiques, d’une bonne intégration. Comment l’analyse marxiste aujourd’hui devrait être sans cesse une analyse des contradictions, y compris de nos propres contradictions.

Et notamment, comment être au top niveau de l’analyse des paradoxes si l’on oublie cette question délicate qu’est la perception contradictoire du réformisme dans notre réflexion sur la société en général et la gauche en particulier. De ce point de vue, on peut chercher longtemps des réponses chez les dirigeants de colonel Fabien.

Je souhaite vraiment que les vannes du dialogue, du débat, de la confrontation de fond, s’ouvrent et que la rencontre des 8 et 9 décembre ne soit pas une rencontre servant à une direction qui n’a plus de légitimité, à faire le contraire de ce que pensent, attendent et veulent la majorité des communistes.

A l’heure où nous avons le devoir de nous expliquer sur le marxisme, l’expérience historique est parlante. Nous le savons, la nécessité d’un parti révolutionnaire n’a rien de spontané. Je pense même que la nécessité d’un parti révolutionnaire dans un pays capitaliste développé peut être considérée comme anachronique.

Or c’est bien d’exister dont il s’agit, dans le prolongement de la pensée de Marx et Engels. Exister, agir sont inséparables du mouvement social et politique pour lequel la classe ouvrière, dans son sens élargi, constitue toujours, selon moi, la force principale de résistance et de contestation du mode de production capitaliste. Et c’est avec elle, avec l’ensemble du peuple, que nous pouvons porter une perspective d’une société supérieure, le socialisme, le communisme.

Alors oui, face à la politique de régression sociale, de recul démocratique, le PCF et ses dirigeants doivent être à l’offensive, sur tous les terrains. Ils doivent redonner de la visibilité aux valeurs communistes sur tout le territoire national, en étant les opposants résolus, en se montrant déterminés à élargir, à faire correspondre, à faire nouer toutes les capacités de résistance contre la droite sarkozienne et le MEDEF.

Le Parti communiste n'est pas mort

Le PCF est le patrimoine de générations et de générations de communistes. Forts d’une identité communiste renouvelée, forts de communistes adhérents ou non rassemblés, capables d’appréhender les interrogations et ouverts aux propositions de celles et de ceux qui refusent l’idée que le capitalisme est la fin de l’histoire, il est possible de reprendre pied dans la lutte des classes afin de renverser la spirale infernale qui conduit notre peuple dans l’impasse et la misère

Le Parti communiste n’est pas mort parce que la lutte des classes est plus que jamais présente. Pour certains ce serait trop tard, ce ne serait plus possible. Je crois qu’il faut combattre cette pédagogie du renoncement. Au vu du malaise social qui s’étend comme une marée noire dans la société française, nous sommes capables de grandes mobilisations idéologiques et politiques immédiates.

En prise avec la braise de la vie, avec les luttes, élaborons un projet, une perspective politique. Nous en avons les moyens et les forces. Ayons cette conviction et ce volontarisme pour nous arracher au pessimisme.

Le PCF peut surprendre sur le progrès et la modernisation au service de l’homme, sur le devenir et la grandeur de la France. Le PCF peut redevenir une aiguillon social et politique, constituer un rempart face au rouleau compresseur du capitalisme destructeur. Le PCF est reconnu par son rôle de sentinelle, toujours soucieux à préserver l’identité de la France, de la Révolution de 1789 et du siècle des Lumières. Le PCF peut incarner la possibilité d’entrevoir la gestation d’un autre monde.

Utopistes, debout ! Oui l’idéal communiste est toujours vivant. A nous de le rendre vivace.
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