Pour un bilan critique de l'action du PCF - Episode 5
Voici l'ultime numéro de la série d'articles consacrés au bilan du PCF sur la dernière période.
V. Les élections législatives
Après un tel résultat à l'élection présidentielle, le pire était à craindre pour les élections législatives. Pourtant, les candidats communistes et apparentés réussirent à obtenir 18 députés, insuffisamment toutefois pour pouvoir constituer un groupe parlementaire autonome, ce qui poussa la direction du Parti à constituer un groupe avec les Verts et des députés d'Outre-Mer, dit groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine, dans des conditions suscitant de nombreuses interrogations.
1. Les élections legislatives
Si, dans certains cas, un candidat d'union antilibérale fut présenté, la plupart du temps le candidat fut un candidat communiste ou apparenté. Néanmoins, les candidats présentés souffrirent, forcément, du faible score de Marie-George Buffet. On releva cependant que le travail de proximité des élus communistes fut reconnu et que cette reconnaissance se traduisit dans les urnes. Ainsi, dans la Somme, le conflit opposant la direction du PCF à Maxime Gremetz prit la forme navrante d'une opposition entre le député sortant, plus membre du PCF, et le candidat désigné par les militants, et tourna finalement en faveur de Maxime Gremetz.
V. Les élections législatives
Après un tel résultat à l'élection présidentielle, le pire était à craindre pour les élections législatives. Pourtant, les candidats communistes et apparentés réussirent à obtenir 18 députés, insuffisamment toutefois pour pouvoir constituer un groupe parlementaire autonome, ce qui poussa la direction du Parti à constituer un groupe avec les Verts et des députés d'Outre-Mer, dit groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine, dans des conditions suscitant de nombreuses interrogations.
1. Les élections legislatives
Si, dans certains cas, un candidat d'union antilibérale fut présenté, la plupart du temps le candidat fut un candidat communiste ou apparenté. Néanmoins, les candidats présentés souffrirent, forcément, du faible score de Marie-George Buffet. On releva cependant que le travail de proximité des élus communistes fut reconnu et que cette reconnaissance se traduisit dans les urnes. Ainsi, dans la Somme, le conflit opposant la direction du PCF à Maxime Gremetz prit la forme navrante d'une opposition entre le député sortant, plus membre du PCF, et le candidat désigné par les militants, et tourna finalement en faveur de Maxime Gremetz.
Malgré la perte de plusieurs circonscriptions (dont celle de Frédéric Dutoit, la dernière tenue par le PCF à Marseille), une fut gagnée (Jean-Paul Lecoq, en Seine Maritime), des successions furent réussies (Jean-Jacques Candelier, dans le Nord, après Georges Hage ; Roland Muzeau après Jacques Brunhes dans les Hauts-de-Seine ; Pierre Gosnat après Jean-Claude Lefort dans le Val-de-Marne), tandis que d'autres furent ratées (Gilles Poux après Muguette Jacquaint en Seine-Saint-Denis). Plusieurs candidats augmentèrent leur score de 2002 : André Chassaigne dans le Puy-de-Dôme, Alain Bocquet dans le Nord, Marie-George Buffet en Seine-Saint-Denis, tandis que d'autres subirent une baisse : Patrick Braouezec en Seine-Saint-Denis, André Gérin dans le Rhône (ce dernier ayant souffert de la candidature socialiste absente en 2002, ce qui ne l’empêcha pas cependant d’être réélu en augmentant son score au second tour).
On put constater l'absence de campagne nationale communiste à l'occasion de cette élection législative, chaque candidat étant seul à mener sa propre campagne. On put constater aussi que la distribution des circonscriptions en fonction du score obtenu montrait que le PCF obtenait des scores intéressants dans un nombre de circonscriptions de plus en plus faible. Une étude interne au PCF signée par Roger Martelli en conclut que c'était le PCF qui, inexorablement, déclinait sans que rien ne puisse empêcher cette issue fatale. En aucun cas ne furent mis en relation les stratégies d'effacement du PCF, que ce soit dans le cadre de la Gauche plurielle ou dans celui des collectifs antilibéraux, et les résultats obtenus par celui-ci. C'était pourtant la conclusion logique à laquelle un scientifique, qu'est normalement un historien, aurait dû aboutir : à force de casser un outil, celui-ci finit par fonctionnee de plus en plus mal. La mise à bas des cellules, des structures d'entreprises, en particulier, qui permettaient d'être présent dans les moindres replis de la société française, ont éloigné le PCF du peuple. Le pouvoir médiatique n'ayant en aucune époque fait de cadeau au PCF, c'est le point central de la visibilité du PCF, sa proximité avec les travailleurs, avec les citoyens, qui a été mis en cause. Comment s'étonner, dès lors, de l'affaiblissement du PCF ?
A cela s'ajoute que les stratégies d'union de la gauche, que ce soit avec Mitterrand ou Jospin, ont également pénalisé lourdement le PCF, celui-ci jouant systématiquement le rôle de caution de gauche et d'allié sans faille du PS, plutôt que de relais des aspirations populaires. En tirer une conclusion invoquant un déclin historique inéluctable du communisme et du PCF relève de la malhonnêteté intellectuelle et du postulat pur et simple. Si, certes, la chute de l'Union soviétique a pu perturber le PCF, ce n'était pourtant pas sur l'admiration de ce modèle que le PCF fondait l'essentiel de son assise sociale et électorale. Ainsi, en 1995, Robert Hue parvint à obtenir plus de 8% des suffrages à l'élection présidentielle, et en 1997, aux législatives, le PCF obtint presque 10% et 35 députés. Il n’y a ainsi aucune corrélation observable entre les résultats du PCF et les événements politiques des pays communistes, sauf peut-être juste après 1956. Mais ce n’est pas la peine d’être un expert pour deviner qu’un parti communiste dans un gouvernement de privatisations ne peut aller bien loin.
2. La constitution du groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine
A l'Assemblée nationale, le seuil pour constituer un groupe parlementaire est de 20 élus. N'ayant pu les obtenir, le PCF avait devant lui deux possibilités, non mutuellement exclusives : travailler à l'abaissement du seuil, et/ou constituer un groupe parlementaire technique avec d'autres formations politiques. Tout en proclamant oeuvrer à la première option, la direction du PCF prit en réalité le chemin de la constitution d'un groupe avec d'autres formations, mais qui n'était pas un groupe technique.
Les députés sollicités furent ceux des Verts, au nombre de quatre, et des députés d'Outre-mer, au nombre de deux. Il eût été possible de désigner le groupe, très simplement, <<Groupe Communiste, Verts et Ultra-marin>>, de faire en sorte que les moyens attribués aux différentes composantes du groupe soient proportionnels à leur poids dans celui-ci, et que la présidence soit confiée au groupe majoritaire, et pourquoi pas au président sortant, Alain Bocquet.
La réalité fut tout autre, et donna lieu à un nouvel exercice d'effacement symbolique et matériel du PCF. Ainsi, le groupe déclara une plate-forme politique et pas du tout technique (ce qui pose question, tant les différences entre le PCF et les Verts sont importantes, sur des sujets essentiels comme l'Europe, la décentralisation, l'énergie, l'industrie, etc.) ; il prit, en conséquence, le nom cité plus haut, ne faisant référence ni au communisme, ni à aucune des composantes du groupe ; les moyens attribués aux communistes furent égaux à ceux attribués aux Verts et aux Ultra-marins, de même que le temps de présidence du Groupe (20 mois chacun), à l'opposé d'une présidence proportionnelle au poids de chacun. Les assistants parlementaires du groupe communiste et républicain sortant furent, par conséquent, licenciés au profit d'autres s'adaptant mieux à la configuration nouvelle du groupe, ne permettant pas un travail correct aux députés communistes, simplement par manque de personnel. Le président Bocquet, sans doute trop connu pour son attachement au PCF et à l'autonomie de celui-ci, fut évincé et relégué au rang de porte-parole, la présidence revenant à Jean-Claude Sandrier, signataire de l'appel <<Gauche avenir>> appelant à la constitution d'un nouveau parti à gauche. Enfin, l'objectif d'abaisser le seuil de constitution d'un groupe fut abandonné.
Conclusion : la poursuite de la stratégie de l'échec, ou le redressement du PCF ?
Nous l'avons démontré, de façon totalement irresponsable, les dirigeants du PCF ont mené celui-ci dans l'ornière et n'ont jamais pu se départir de leur médiocrité structurelle de réflexion, d'imagination et d'action.
Au regard des prises de position des uns et des autres, au plus haut niveau du Parti, ces dernières semaines, pour la constitution d'un nouveau parti succédant au PCF, où la référence au communisme serait gommée ou ne serait qu'une composante d'un ensemble plus large, on peut légitimement s'interroger sur le niveau de conscience de la direction des erreurs commises et même le caractère délibéré de la mise en oeuvre de celles-ci. <<Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage>> : cette célèbre formule s'applique bien à la situation du PCF. Avant de se prononcer pour la constitution d'un nouveau parti, il fallait créer les conditions pour ne pouvoir que constater la faiblesse et les difficultés du PCF ; comment, en effet, auraient-ils pu appeler le Parti à se saborder au profit d'un autre projet, si le Parti, justement, avait connu des progrès d'influence ?
Incapables d'êtres talentueux et de mener le PCF sur les chemins du succès, le groupe dirigeant du PCF est tout autant incapable de faire la moindre auto-critique, et préfère invoquer une improbable loi naturelle (le <<déclin structurel du PCF>>) que de constater sa propre incapacité à redresser ce parti. Mais, s'ils se montrent incompétents pour mener le PCF vers la réussite, les dirigeants nationaux du PCF sont en revanche experts dans la conservation de leur pouvoir et de leur place dans le PCF. Or choisir une nouvelle ligne impose de changer de direction. C'est pourquoi il est nécessaire de remplacer tout autant les stratégies d'effacement du PCF, par une stratégie d'amélioration et d'affirmation de celui-ci, que de remplacer la direction actuelle par une direction désireuse de reconquête et de succès politiques, et responsable de son action devant les militants.
Un congrès extraordinaire, tenu immédiatement après les élections municipales et cantonales de 2008 permettrait de relancer le PCF, sans attendre, sur des rails nouveaux lui permettant de renouer avec les travailleurs le peuple français.
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