Les refondateurs ne veulent pas continuer le parti (officiel)
Des voix se font entendre, depuis quelque temps, pour expliquer que les communistes ne peuvent rester dans l’incertitude et que l’assemblée extraordinaire de décembre prochain doit affirmer d’ores et déjà qu’il s’agit bien de continuer le Parti communiste français avec quelques réajustements.
Donc l'option que nos "refondateurs" soutiennent est l'inverse: ne pas continuer le Parti communiste français, même avec des réajustements. On le savait, mais ça va mieux en le disant.
Cela ne représente qu’une seule option, celle impulsée par Nicolas Marchand et Yves Dimicoli.
Que nenni! Outre Marchand et Dimicoli, et le groupe ANR, il y a aussi l'opposition de gauche du 33ème congrès " Fier d'être communistes " (Danglot, Gérin, Karman, etc) et "Remettons le PCF sur les rails de la lutte des classe" (le Quinzième), sans compter Maxime Gremetz et ses amis: 30% des mandats. La fédération du Nord, la plus importante de France en (véritables) adhérents est certainement, elle aussi, pour "continuer le PCF". Et une grande partie des militants catalogués comme "huistes" ou "légitimistes" n'y sont pas moins atttachés que les autres.
Qu’on le veuille ou non, le résultat de ce choix serait l’immobilisme ; le débat serait ainsi clos avant même qu’il soit réellement engagé.
Ce qui produit de l'immobilisme au parti, c'est d'abord et avant tout les faux débats identitaires métaphysiques suscités à foison depuis plus de quinze ans par le groupe refondateur. Celui-ci par exemple qui nous empêche de nous jetter à fond dans la riposte à la politique la plus antisociale menée en France depuis un siècle, Vichy excepté (et encore!).
De fait, tous les signes donnés par la direction du parti vont dans ce sens, de la manifestation du 27 octobre au meeting sur le référendum où le parti se retrouve volontairement seul, en passant par des déclarations sur « la matrice originelle » à préserver.
Cette "matrice" maléfique, rappelons qu'il s'agit pour eux du marxisme, de la révolution, de la classe ouvrière, et d'octobre 1917.
Nous nous inquiétons de cette éventualité ; rappelons qu’elle avait été écartée par la direction du parti en abandonnant l’idée d’un congrès. Il est donc surprenant qu’elle revienne, ce qui modifierait une fois de plus le sens de l’initiative décidée.
L'éventualité du maintien du PCF par sa direction les inquiète, on dirait même les stupéfie! Marie George, quel Judas comme sur la couverture de leur revue Regard ! Jean François Gau a voulu savoir "jusqu'où les communistes voudraient bien aller", maintenant qu'il sait qu'ils ne mangent pas de ce pain là, le groupe dirigeant s'est recentré et il a lâché les refondateurs.
Un débat est engagé, dans lequel quelques options s’expriment, différentes dans leurs conclusions. Les communistes en débattent, avec passion et avec sérieux, sans exclusive. Ils le font avec une exigence exceptionnelle de transparence, de pluralisme et de respect mutuel. À ce jour, aucune majorité se dégage et ne peut se dégager.
En fait il se dégage de plus en plus clairement que la majorité des adhérents du PCF ne veut pas dissoudre le parti dans une autre formation et veut conserver son identité communiste et révolutionnaire.
Comment pourrait-on vouloir changer au dernier moment le caractère d’une Assemblée qui n’a pas la représentativité d’un Congrès ?
C'est justement parce qu'il s'agit d'une réunion non statutaire, comme les refondateurs l'ont voulue, qu'on peut en faire n'importe quoi. Mais nous sommes bien d'accord: l'AGE ne représente plus qu'une thérapie de groupe.
En cherchant à forcer le passage d’une option et en écartant une ou plusieurs options en débat, on bafouerait la démocratie interne et on affecterait gravement l’unité même des communistes.
Ici (comme avec la candidature Marie George dans les collectifs) ces jésuites essayent justement d'empêcher l'expression majoritaire des communistes, qui veulent continuer leur parti et le démocratiser. Les diviseurs de décembre 2006 qui donnent des leçons d'unité!
Pour un long moment, nous avons besoin de réflexions et d’expérimentations, de clarification et d’enrichissement mutuel. Qu’à l’issue de cette période il faille décider, et cela sans demi-mesure, en toute clarté : voilà qui est pour nous une évidence. Mais si le moment de la décision venait trop tôt, en écartant d’emblée telle ou telle option, ce serait condamner par avance toute possibilité de relance.
Car eux, ils n'ont pas saboté la campagne présidentielle?
Car ne nous y trompons pas : si l’Assemblée prenait une décision d’exclusive, tout le monde y verrait le signe d’un enfermement du PCF dans un repli identitaire. Ce serait laisser le champ libre au bipartisme et, à gauche, au face-à-face déséquilibré d’une gauche d’adaptation et d’une gauche de protestation.
On peut toujours caricaturer comme archaïque (avec une pure rhétorique à la Rocard, du plus pur style ouiouiste) les positions de ses adversaires, mais les refondateurs sont largement à l'origine de la stratégie des collectifs dont nous avons vu avec quelle efficacité elle empêche le bipartisme!
Que deviendrait alors la perspective d’une gauche rassemblée autour d’un projet de transformation sociale, en rupture avec les choix ultralibéraux mais aussi avec les tentations sociales-libérales ?
"la gauche! la gauche! la gauche!". Sans parti communiste, elle deviendra rien du tout.
D’ores et déjà, nous constatons que le débat communiste se resserre autour de trois grandes questions. Que nous est-il arrivé et quelle est l’ampleur des transformations nécessaires pour rompre le cycle du déclin ? Que faisons-nous du communisme, quels changements profonds envisageons-nous pour qu’il puisse vivre ? De quelle force politique avons-nous besoin pour reconstruire l’espérance, et dans quelle construction politique d’ensemble ?
Le degré zéro de la théorie politique: le questionnement creux, les considérations emphatiques sur le déclin de l'Empire romain. L'autocritique globalisante n'est qu'une échappatoire: il s'agit d'échapper à des responsabiltés personnelles.
Sur ces trois points, des options existent d’ores et déjà. D’autres peuvent se formuler. Aucune ne peut être écartée a priori ; aucune ne peut être parée des vertus de quelque majorité que ce soit.
Pour un groupe qui n'a jamais osé présenter ses options au vote devant les militants, pas étonnant qu'on désavoue d'avance toute majorité. Mais ils ont bien raison, il aurait fallu un vrai congrès pour renouveller le groupe dirigeant dont ils font partie.
Nous mettons donc en garde contre toute tentation de refermer l’éventail des choix. Nous n’accepterions pas des processus qui, au bout du compte, déposséderaient les communistes de leurs choix. Ce serait hypothéquer lourdement l’avenir, même proche, celui de la présence politique du communisme, celui d’un mouvement populaire acteur, celui d’une gauche retrouvant majoritairement le sens de la transformation sociale.
Quel est le sens exact de ces menaces? Retenez-moi ou je fais un malheur? On y reconnaît en tout cas le style d'un groupe qui n'a rien d'autre à proposer que sa capacité de nuisance.
Gilles Alfonsi, Mouloud Bousselat, Patrick Braouezec (pour qui le parti est mort, qui ne condescend pas à présenter sa candidature devant ses militants) , Bernard Calabuig (qui a divisé par quatre le score électoral du parti à Argenteuil), Chantal Delmas, Frédérick Genevée, Sylvie Larue, Roger Martelli ("historien" qui raisonne comme Bush: il croit que la Seconde Guerre Mondiale est "une lutte de civilisation entre le fascisme et la démocratie"), Christian Martin, Dominique Neels -Martel, David Proult, Jean-Michel Ruiz, Philippe Stierlin, Nadine Stoll, Catherine Tricot, Sylvie Tricot-Devert, Pierre Zarka, Malika Zediri.
Il ne suffira pas que ce groupe ultra minoritaire jette le masque pour résoudre le problème crucial de l'efficacité et de la démocratisation du PCF, mais l'atmosphère y est assainie.