Pour un bilan critique de l'action du PCF - Episode 3
La suite de nos péripéties au Parti Communiste Français, avec aujourd'hui le 3e épisode (et pas le moins tragi-comique), les collectifs antlibéraux, et le jeu du PCF en leur sein.
II. Le PCF dans les collectifs antilibéraux, en route pour 2007
Alors que tout le monde savait que les objectifs visés par les participants à ce rassemblement étaient divergents, le PCF choisit de poursuivre cette voie en dissimulant ces contradictions. Cette situation intenable tint son dénouement en décembre 2006 quand, face au blocage, le Parti Communiste se décida à présenter Marie-George Buffet comme candidate à l'élection présidentielle.
1. Dans la foulée du Congrès, le PCF croit pouvoir mener la danse
Au printemps 2006, le PCF lança donc un appel au rassemblement antilibéral et à la constitution de Collectifs d'Union Populaire. Les antilibéraux lancèrent peu après, eux-aussi, un appel au rassemblement, distinct sur la forme, quasiment identique sur le fond, mais qui ne s'adressait pas aux organisations politiques. Le PCF, soucieux de coller au mouvement en cours, décida néanmoins de signer cet appel, en se contentant de consulter le Comité exécutif et sans discussion ni vote au Conseil national. Or, manifestement et de façon totalement évidente, si les antilibéraux avaient choisi d'exclure les organisations de leur cible, c'est bien qu'elles les gênaient. Et laquelle plus que la principale d'entre elles aurait eu un impact suffisant pour les empêcher de faire exactement ce qu'ils voulaient faire ? Dans le même temps, dans un soucis matériel, il était bien évident que les apports militants et financiers du PCF étaient appréciables. C'était lui qui finançait les meetings organisés par le rassemblement antilibéral, fournissait le matériel d'affichage, etc. Avec un allié aussi puissant et aussi docile (mais qui éditait cependant du matériel à l’effigie de sa secrétaire nationale), toutes les audaces étaient en effet permises.
Ainsi, dans les rangs antilibéraux, lorsque la question du choix du candidat antilibéral se présenta, à l'automne, on crut, de très bonne foi, pouvoir berner le vieux PCF en lui faisant avaler une candidature non issue de ses rangs. Se présentèrent donc Clémentine Autain (dont les arguments étaient qu'elle soit une femme et jeune), poussée par une tendance de la direction du PCF dont les représentants les plus connus sont Roger Martelli et Pierre Zarka ; José Bové, qui se retira assez rapidement ; Patrick Braouezec, député PCF convaincu depuis longtemps que ce parti n'a plus vocation à exister ; Yves Salesse, conseiller d'Etat ; Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF.
2. Le blocage de l'automne 2006 et le passage en force du PCF
La direction du PCF, bien décidée à imposer Marie-George Buffet comme candidate, ne lâcha rien sur ce point. Le consensus ne se fit aucunement, et sur aucun candidat, même après le retrait de Patrick Braouezec. Des trois qui restaient, deux n'appartenaient à aucun parti politique. Or, dès l'été, une règle nouvelle fit son apparition dans les réunions antilibérales, selon laquelle on ne pouvait prétendre incarner le rassemblement lorsqu'on était membre d'un parti politique, et a fortiori son dirigeant national, ce qui revenait à exclure Marie-George Buffet de la partie. Cette conception était sous-entendue par le principe du <<personne au centre>> des collectifs, auquel le PCF se prêtait volontiers, comme le confirme son texte de Congrès. Une pétition exigeant le retrait de Marie-George Buffet fut signée par les deux autres candidats, ce qui contribua nettement à l'accroissement de la tension dans les collectifs. Le journal Regards, dirigé par Roger Martelli et Clémentine Autain, fit même sa Une en présentant Marie-George Buffet comme le Judas de la table des apôtres antilibéraux. La violence et l'irrationalité des attaques contre les communistes qui participaient aux collectifs atteinrent un niveau sans précédent. Lors des réunions antilibérales pour la désignation du candidat, il fut demandé aux militants du PCF, même ceux qui avaient délibérément boycotté le mouvement antilibéral, de venir sauver le navire PCF. Le mode de désignation par consensus prit localement des formes délirantes, puisque le vote par préférence fut, sous la pression de militants opposés à la candidature de Marie-George Buffet, adopté dans plusieurs collectifs locaux, alors que, depuis le marquis de Condorcet, on sait qu'il n'est pas interprétable correctement et permet toutes les manipulations. Dans plus de 55% des collectifs, ce fut Marie-George Buffet qui fut toutefois désignée candidate. En revanche, au niveau national, le consensus fut loin d'être atteint, aucune autre organisation que le PCF n'acceptant de soutenir sa candidature. Le double consensus montra à cet instant la logique mortifère qu'il portait en lui.
Le sommet de ce poker menteur fut sans aucun doute la réunion nationale de Saint-Ouen, en décembre 2006, où le candidat devait être désigné, mais dont il ne sortit rien finalement. Les antilibéraux tentèrent d'ultimes coups, en proposant les noms de Francis Wurtz, député européen communiste, qui n'avait rien demandé et soutenait Marie-George Buffet, de Didier Le Reste, membre du PCF et secrétaire de la fédération CGT Cheminots, puis en acceptant de soutenir tout communiste plus connu pour son engagement social que pour son appartenance au PCF, celle-ci étant jugée comme absolument néfaste au mouvement antilibéral. La direction du PCF, s'appuyant hypocritement sur les 55% de collectifs ayant désigné Marie-George Buffet candidate, alors même qu'elle avait accepté la règle du double consensus, décida de faire ratifier sa candidature par les militants du PCF, qui, par un vote, la désignèrent sans hésitation.
Cette opération peu glorieuse laissa des traces dans le PCF, de nombreux militants n'étant soit pas fiers de ce qu'ils avaient fait, d'autres ayant accepté de le faire uniquement parce que la situation d'urgence l'exigeait, d'autres enfin qui, ne pouvant l'accepter, s'en désolidarisèrent et se mirent en retrait du Parti, voire le quittèrent. Elle entraina enfin la démission du Comité exécutif de 6 membres de celui-ci.
3. Les collectifs : une impasse totale
Reste cependant à se poser les questions : pourquoi la direction du PCF a-t-elle poussé les feux de l'engagement des militants dans les collectifs ? Pourquoi a-t-elle encouragé à ce point le PCF à délocaliser sa souveraineté, et donc à la déléguer, dans ces collectifs ? Avait-elle connaissance, dès le départ, des risques encourus en s'engageant dans cette démarche ? Si oui, pourquoi l'avoir choisie ? Si non, qu'attendait-elle vraiment de ce rassemblement ? Et si elle a pris conscience en cours de route de l'impasse dans laquelle elle se trouvait, pourquoi avoir continué de louer ce rassemblement et ne pas l'avoir dénoncé ? Il se trouve qu'en encourageant à la démarche dite unitaire, elle a nourri de faux espoirs chez des militants sincèrement attachés à cette stratégie, et désespéré ceux qui, dès le début, avaient mis en garde contre les dangers du rassemblement antilibéral avec le consensus comme mode de décision, la composition de celui-ci, et la volonté de certains de se servir de ce rassemblement pour constituer un nouveau parti. Avec le recul, il semblerait que l'intention de la direction du PCF était de séduire le mouvement antilibéral, en se mettant intégralement à son service, de façon à pouvoir désigner la candidate Marie-George Buffet avec l'appui du reste du mouvement. Or, évidemment, les autres partenaires poursuivant un autre objectif politique que celui du PCF, celui de la constitution d'une nouvelle force politique, il était clair qu'ils n'allaient pas remettre le PCF au centre du jeu. Il était même impératif de lui faire perdre toute visibilité politique, ce qui passait nécessairement par son absence à l'élection présidentielle. Les personnalités isolées du mouvement, tout autant que les groupuscules le constituant, n'ayant rien à perdre d'une telle position, la poussèrent jusqu'au bout, et profitèrent à fond du poids égal qui leur était conféré dans le collectif national pour bloquer le PCF dans ses desseins, malgré leur faiblesse comparés au PCF. A cela s'ajoute que les militants minoritaires de partis comme les Verts ou la LCR, en participant toujours à ces collectifs, ne perdirent pas une occasion de tirer à boulets rouges sur le PCF et mirent tout en oeuvre pour lui couper l'herbe sous le pied, en soutenant n'importe quel candidat pourvu que ce ne soit pas Marie-George Buffet. Il faut ajouter, enfin, que plusieurs ténors du PCF, souvent qualifiés de <<refondateurs>>, ont saisi l'opportunité des collectifs pour travailler à leur objectif d'effacement du Parti.
Le PCF fut donc la victime consciente et consentante d'une stratégie d'échec volontaire qu'il avait sciemment choisie.
II. Le PCF dans les collectifs antilibéraux, en route pour 2007
Alors que tout le monde savait que les objectifs visés par les participants à ce rassemblement étaient divergents, le PCF choisit de poursuivre cette voie en dissimulant ces contradictions. Cette situation intenable tint son dénouement en décembre 2006 quand, face au blocage, le Parti Communiste se décida à présenter Marie-George Buffet comme candidate à l'élection présidentielle.
1. Dans la foulée du Congrès, le PCF croit pouvoir mener la danse
Au printemps 2006, le PCF lança donc un appel au rassemblement antilibéral et à la constitution de Collectifs d'Union Populaire. Les antilibéraux lancèrent peu après, eux-aussi, un appel au rassemblement, distinct sur la forme, quasiment identique sur le fond, mais qui ne s'adressait pas aux organisations politiques. Le PCF, soucieux de coller au mouvement en cours, décida néanmoins de signer cet appel, en se contentant de consulter le Comité exécutif et sans discussion ni vote au Conseil national. Or, manifestement et de façon totalement évidente, si les antilibéraux avaient choisi d'exclure les organisations de leur cible, c'est bien qu'elles les gênaient. Et laquelle plus que la principale d'entre elles aurait eu un impact suffisant pour les empêcher de faire exactement ce qu'ils voulaient faire ? Dans le même temps, dans un soucis matériel, il était bien évident que les apports militants et financiers du PCF étaient appréciables. C'était lui qui finançait les meetings organisés par le rassemblement antilibéral, fournissait le matériel d'affichage, etc. Avec un allié aussi puissant et aussi docile (mais qui éditait cependant du matériel à l’effigie de sa secrétaire nationale), toutes les audaces étaient en effet permises.
Ainsi, dans les rangs antilibéraux, lorsque la question du choix du candidat antilibéral se présenta, à l'automne, on crut, de très bonne foi, pouvoir berner le vieux PCF en lui faisant avaler une candidature non issue de ses rangs. Se présentèrent donc Clémentine Autain (dont les arguments étaient qu'elle soit une femme et jeune), poussée par une tendance de la direction du PCF dont les représentants les plus connus sont Roger Martelli et Pierre Zarka ; José Bové, qui se retira assez rapidement ; Patrick Braouezec, député PCF convaincu depuis longtemps que ce parti n'a plus vocation à exister ; Yves Salesse, conseiller d'Etat ; Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF.
2. Le blocage de l'automne 2006 et le passage en force du PCF
La direction du PCF, bien décidée à imposer Marie-George Buffet comme candidate, ne lâcha rien sur ce point. Le consensus ne se fit aucunement, et sur aucun candidat, même après le retrait de Patrick Braouezec. Des trois qui restaient, deux n'appartenaient à aucun parti politique. Or, dès l'été, une règle nouvelle fit son apparition dans les réunions antilibérales, selon laquelle on ne pouvait prétendre incarner le rassemblement lorsqu'on était membre d'un parti politique, et a fortiori son dirigeant national, ce qui revenait à exclure Marie-George Buffet de la partie. Cette conception était sous-entendue par le principe du <<personne au centre>> des collectifs, auquel le PCF se prêtait volontiers, comme le confirme son texte de Congrès. Une pétition exigeant le retrait de Marie-George Buffet fut signée par les deux autres candidats, ce qui contribua nettement à l'accroissement de la tension dans les collectifs. Le journal Regards, dirigé par Roger Martelli et Clémentine Autain, fit même sa Une en présentant Marie-George Buffet comme le Judas de la table des apôtres antilibéraux. La violence et l'irrationalité des attaques contre les communistes qui participaient aux collectifs atteinrent un niveau sans précédent. Lors des réunions antilibérales pour la désignation du candidat, il fut demandé aux militants du PCF, même ceux qui avaient délibérément boycotté le mouvement antilibéral, de venir sauver le navire PCF. Le mode de désignation par consensus prit localement des formes délirantes, puisque le vote par préférence fut, sous la pression de militants opposés à la candidature de Marie-George Buffet, adopté dans plusieurs collectifs locaux, alors que, depuis le marquis de Condorcet, on sait qu'il n'est pas interprétable correctement et permet toutes les manipulations. Dans plus de 55% des collectifs, ce fut Marie-George Buffet qui fut toutefois désignée candidate. En revanche, au niveau national, le consensus fut loin d'être atteint, aucune autre organisation que le PCF n'acceptant de soutenir sa candidature. Le double consensus montra à cet instant la logique mortifère qu'il portait en lui.
Le sommet de ce poker menteur fut sans aucun doute la réunion nationale de Saint-Ouen, en décembre 2006, où le candidat devait être désigné, mais dont il ne sortit rien finalement. Les antilibéraux tentèrent d'ultimes coups, en proposant les noms de Francis Wurtz, député européen communiste, qui n'avait rien demandé et soutenait Marie-George Buffet, de Didier Le Reste, membre du PCF et secrétaire de la fédération CGT Cheminots, puis en acceptant de soutenir tout communiste plus connu pour son engagement social que pour son appartenance au PCF, celle-ci étant jugée comme absolument néfaste au mouvement antilibéral. La direction du PCF, s'appuyant hypocritement sur les 55% de collectifs ayant désigné Marie-George Buffet candidate, alors même qu'elle avait accepté la règle du double consensus, décida de faire ratifier sa candidature par les militants du PCF, qui, par un vote, la désignèrent sans hésitation.
Cette opération peu glorieuse laissa des traces dans le PCF, de nombreux militants n'étant soit pas fiers de ce qu'ils avaient fait, d'autres ayant accepté de le faire uniquement parce que la situation d'urgence l'exigeait, d'autres enfin qui, ne pouvant l'accepter, s'en désolidarisèrent et se mirent en retrait du Parti, voire le quittèrent. Elle entraina enfin la démission du Comité exécutif de 6 membres de celui-ci.
3. Les collectifs : une impasse totale
Reste cependant à se poser les questions : pourquoi la direction du PCF a-t-elle poussé les feux de l'engagement des militants dans les collectifs ? Pourquoi a-t-elle encouragé à ce point le PCF à délocaliser sa souveraineté, et donc à la déléguer, dans ces collectifs ? Avait-elle connaissance, dès le départ, des risques encourus en s'engageant dans cette démarche ? Si oui, pourquoi l'avoir choisie ? Si non, qu'attendait-elle vraiment de ce rassemblement ? Et si elle a pris conscience en cours de route de l'impasse dans laquelle elle se trouvait, pourquoi avoir continué de louer ce rassemblement et ne pas l'avoir dénoncé ? Il se trouve qu'en encourageant à la démarche dite unitaire, elle a nourri de faux espoirs chez des militants sincèrement attachés à cette stratégie, et désespéré ceux qui, dès le début, avaient mis en garde contre les dangers du rassemblement antilibéral avec le consensus comme mode de décision, la composition de celui-ci, et la volonté de certains de se servir de ce rassemblement pour constituer un nouveau parti. Avec le recul, il semblerait que l'intention de la direction du PCF était de séduire le mouvement antilibéral, en se mettant intégralement à son service, de façon à pouvoir désigner la candidate Marie-George Buffet avec l'appui du reste du mouvement. Or, évidemment, les autres partenaires poursuivant un autre objectif politique que celui du PCF, celui de la constitution d'une nouvelle force politique, il était clair qu'ils n'allaient pas remettre le PCF au centre du jeu. Il était même impératif de lui faire perdre toute visibilité politique, ce qui passait nécessairement par son absence à l'élection présidentielle. Les personnalités isolées du mouvement, tout autant que les groupuscules le constituant, n'ayant rien à perdre d'une telle position, la poussèrent jusqu'au bout, et profitèrent à fond du poids égal qui leur était conféré dans le collectif national pour bloquer le PCF dans ses desseins, malgré leur faiblesse comparés au PCF. A cela s'ajoute que les militants minoritaires de partis comme les Verts ou la LCR, en participant toujours à ces collectifs, ne perdirent pas une occasion de tirer à boulets rouges sur le PCF et mirent tout en oeuvre pour lui couper l'herbe sous le pied, en soutenant n'importe quel candidat pourvu que ce ne soit pas Marie-George Buffet. Il faut ajouter, enfin, que plusieurs ténors du PCF, souvent qualifiés de <<refondateurs>>, ont saisi l'opportunité des collectifs pour travailler à leur objectif d'effacement du Parti.
Le PCF fut donc la victime consciente et consentante d'une stratégie d'échec volontaire qu'il avait sciemment choisie.
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