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Réveil Communiste

Transition mondiale au socialisme, et nostalgies du libre marché

7 Octobre 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Economie, #Théorie immédiate, #Front historique

Transition mondiale au socialisme, et nostalgies du libre marché

Le système économique du capitalisme libéral évolue nécessairement par le jeu de ses contradictions internes, et se transforme à travers une succession de crises, en système socialiste.

La rationalité de la planification économique et du contrôle public des moyens de production est supérieure à long terme, en principe mais aussi dans les faits à l’anarchie du marché – et conforme à l’idéal démocratique et à ce titre passer du capitalisme au socialisme fait passer la démocratie de l’abstrait au concret.

Les vices privés - vertus publiques du libéralisme, pour lequel l’égoïsme individuel travaille inévitablement au bien collectif, sont des personnages de conte de fée, des arguments rhétoriques qui visent à la vraisemblance et des hypothèses astucieuses qui ne sont jamais prouvées. Personne n’a prouvé que la volonté de réussite et d’enrichissement personnel contribue positivement au bien public à l’échelle macro-économique. Mais il est bien certain que la volonté d’accaparement des ressources et les monopoles privés provoquent à terme une spirale négative.

Le capitalisme réel qui domine actuellement le monde comporte de nombreux éléments de socialisme et n’a pas pu durer autrement qu’en se les incorporant peu à peu, délibérément ou contraint et forcé par la lutte des classes nationale et internationale, et les grands conflits mondiaux depuis un siècle et demi.

Mais ces éléments de socialisme sont périodiquement attaqués par les intégristes du libre marché, influents dans les médias, les universités, et les think-tank qui déterminent la gouvernance occidentale, surtout depuis le tournant néo-libéral mondial des années 1980. Ce courant piétine et son influence sur les élites décline depuis la crise des Subprime en 2008 mais avec un certain décalage il gagne de l’influence dans la culture populaire des consommateurs de masse.

Dans la pratique de compromis qui a résulté de l’histoire du XXème siècle les États ont acquis une influence systémique sur l’économie – qui évite l’appropriation directe et la prise de responsabilité qu’elle implique – mais la bourgeoisie en tant que classe contrôle de manière de plus en plus directe ces États. Les richesses produites dans ce cadre économique monopolistique hybride servent à la constitutions de rentes parasitaires, notamment par la privatisation des services publics, des banques, etc, au service des détenteurs privés du capital qui restent dominants politiquement, qui sont devenus transnationaux, et qui se sont ainsi sanctuarisés des interventions politiques.

Dans ce contexte un retour aux mécanismes idéalisés du libre marché tels qu’ils sont décrits dans le grand roman épique qu’est la Richesse des Nations, d’Adam Smith (1776) peut paraître presque révolutionnaire et c’est bien dans ce sens que cette idéologie réactualisée a été instrumentalisée contre le socialisme réel, parmi les dissidents Est-Européens dont Thatcher, Reagan et Pinochet furent les idoles.

Ces réactions des nostalgiques de l’anarchie capitaliste originelle ont des conséquences toutefois limitées par la réalité de la concurrence internationale et les menaces de guerre contre les puissances émergentes – où il apparait clairement que le capitalisme ne transcende pas les frontières de l’Occident - ou qu'il doit se fixer un programme mondialiste qu'on peut qualifier de totalitaire, si ce terme doit avoir un sens.

Le capitalisme sénile actuel a involué un néo-féodalisme illégitime au regard de ses propres justifications et le socialisme reste l’avenir du capitalisme, mais c’est un avenir possible probable et souhaitable, mais nullement certain.

D’abord parce que le capitalisme maintenu au-delà de sa date de péremption peut détruite l’humanité et/ou la planète avant, par la guerre, par la destruction du milieu naturel, et surtout imparablement par la non-rémunération à sa valeur de la force de travail qui provoque à terme l’effondrement démographique et une spirale appauvrissement collectif.

Ensuite parce que la résistance de la bourgeoisie et de la société de classe s’enkyste et se radicalise dans le royaume de la "pensée pure", devient fanatique, et convoque toutes les classes et toutes les idéologies réactionnaires du passé cet effet. Il existe une vaste couche intellectuelle qui prolifère comme un poisson dans l’eau dans le cyber-espace, biberonnée à l’idéologie individualiste et persuadée de l’avoir choisie librement, qui produit des rejetons déclassés prêts à mourir pour se maintenir dans l’illusion d'avoir atteint le faîte de la civilisation. Jusqu’à une époque récente, les libéraux mobilisaient des fanatiques d’autres obédiences pour faire leur sale travail de déstabilisation, de terrorisme et de contre-révolution. Il paraît maintenant sur les champs de batailles et à la télévision, en Ukraine, en Palestine, et bientôt à Taïwan, des soldats de fortune qui se portent volontaire pour les croisades du capitalisme comme modèle civilisationnel.

C’est le temps qui revient des monstres, que la Grande Guerre de 1914-1918 avait libérés par millions dans toute l’Europe, ceux dont parle Gramsci dans une citation célèbre qui plaît beaucoup mais qui n’est pas souvent bien comprise dans son sens littéral. Pour lui le « neuf » qui tardait à paraître il y a déjà un siècle de cela à cause des bandes fascistes armés de gourdins et d'huile de ricin n’était rien d'autre que le socialisme prévu par Marx au terme du développement nécessaire du capitalisme et qui commençait à être réalisé en URSS, et non une utopie émancipatrice inconsistante sans base économique.

C'est pour toutes ces raisons que la croisade contre l'État soviétique n'a pas pris fin avec sa destruction et qu'il continue à hanter l'imaginaire des derniers hommes du capitalisme libéral.

GQ, 20 septembre 2024

 

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