Mariatégui, le problème de la terre au Pérou (notes)
Le problème agraire et le problème indien Colonialisme = Féodalisme La politique du colonialisme : dépopulation et esclavage Le colonisateur espagnol La " commune " sous l'occupation espagnole ...
https://www.marxists.org/francais/mariategui/works/1928/00/mariategui_1928.htm
[1] Luis E. Valcárcel, "De l'Ayllu à l'Empire".
[2] César Antonio Ugarte, "Ébauche d'une l'Histoire Économique du Pérou".
[3] Javier Prado, "L'État Social du Pérou pendant la domination espagnole", "les Annales Universitaires du Pérou", tome XXII.
[4] Ugarte, op. citée.
[5] José Vasconcelos, "Indología".
[6] Javier Prado, op. citée.
[7] Georges Sorel, "Introduction à l'économie moderne".
[8] Ugarte, op. cité.
[9] Eugéne Schkaff, "La Question Agraire en Russie".
[10] Esteban Echeverría, "Antécédents et premiers pas de la révolution de Mai".
[11] Vasconcelos, conférence sur "Le Nationalisme en Amérique Latine", dans Amauta n° 4. Ce jugement, exact en ce qui concerne les relations entre la domination des chefs militaires et la propriété agraire en Amérique, n'est pas valable au même titre pour toutes les époques et les situations historiques. Il n'est pas possible d'y souscrire sans cette réserve.
[12] Ugarte, op. cité.
[13] Le Pérou Contemporain.
[14] Ugarte, op. cité.
[15] Si l'évidence historique du communisme inca n'apparaissait pas incontestable, la communauté, organe spécifique du communisme, suffirait à nous débarrasser de tout doute. Le "despotisme" des incas a cependant heurté les scrupules libéraux de quelques esprits de notre temps. Je veux réaffirmer ici la défense que j'ai faite du communisme inca en m'oppsant à la thèse de son adversaire le plus récent, Augusto Aguirre Morales, l'auteur du roman "Le Peuple du Soleil".
Le communisme moderne est différent du communisme inca. C'est le premier qu'a besoin d'apprendre à connaître le chercheur qui explore le Tawantinsuyo [n]. L'un et d'autre communisme sont produit de différentes expériences humaines. Ils appartiennent à des époques historiques distinctes. Ils consiste en l'élaboration de civilisations dissemblables. Celle des incas a été une civilisation agraire. Celle de Marx et de Sorel est une civilisation industrielle. Dans la première l'homme se soumettait à la nature. Dans l'autre la nature se soumet parfois à l'homme. Il est absurde, par suite, de confronter les formes et les institutions de l'un et l'autre "communisme". On peut seulement confronter leurs ressemblances essentiellement intemporelles, en tenant compte des différences matérielles importantes de temps et d'espace. Et pour cette confrontation un peu de relativisme historique est nécessaire. Et d'un autre côté il y a un certain risque de tomber dans les erreurs retentissantes dans lesquelles est tombé Víctor Andrés Belaunde à l'occasion d'une tentative de ce genre.
Les chroniqueurs de la conquête et de la colonialisme ont regardé le panorama indigène avec les yeux du moyen-âge. Indubitablement leur témoignage ne peut être accepté que sous bénéfice d'inventaire.
Leurs jugements correspondent invariablement à des points de vue espagnols et catholiques. Pero Aguirre Morales est, à son tour, victime de ce point de vue fallacieux. Sa position dans l'étude de l'Empire Inca n'est pas une position relativiste. Aguirre considère l'Empire avec les à priori libéraux et individualistes. Et voilà qu'il pense que le peuple inca a été un peuple esclave et malheureux parce qu'il lui a manqué la liberté.
La liberté individuelle n'est qu'un aspect du concept de liberté. Une analyse réaliste peut la définir comme la base juridique de la civilisation capitaliste, (sans le libre-arbitre il n'y aurait pas de libre-échange, ni de concurrence, ni d'industrie libre). Mais une analyse idéaliste peut la définir comme un acquis de l'esprit humain à l'âge moderne. Cette liberté n'existait en aucun cas dans la vie des incas. L'homme du Tawantinsuyo ne sentait absolument pas la nécessité de la liberté individuelle. Ainsi il ne sentait absolument pas, par exemple, la nécessité de la liberté de publication. La liberté d'impression peut servir à quelque chose à Aguirre Morales, mais les indiens pouvaient très bien être heureux sans la connaître et même sans la concevoir. La vie et l'esprit des indiens n'étaient pas tourmentées par la volonté de spéculation et de création intellectuelle. Ils n'étaient pas non plus subordonnés à la nécessité de faire du commerce, de contracter, de trafiquer.
À quoi pourrait servir, par conséquent, à l'indien, cette liberté inventée par notre civilisation ? Si l'esprit de la liberté s'est révélé au quechua, c'est sans doute à travers une formule ou, plutôt, dans une différente manière de ressentir le concept jacobin et individualiste de liberté. Comme la révélation de Dieu, la révélation de la liberté varie selon les âges, les peuples et les climats. Confondre l'idée abstraite de la liberté avec les images concrètes d'une liberté avec bonnet phrygien – fille du protestantisme, de la renaissance et de la révolution française – c'est se faire abuser par une illusion qui dépend peut-être du simple, bien que non désintéressé, astigmatisme philosophique de la bourgeoisie et de sa démocratie.
La thèse d'Aguirre, en niant le caractère communiste de la société inca, réside complètement en un concept erroné. Aguirre part de l'idée que autocratie et communisme sont deux termes inconciliables. Le régime inca, constate-t-il, a été despotique et théocratique. Il en déduit immédiatement qu'il n'a pas été communiste. Mais le communisme ne suppose pas, historiquement, la liberté individuelle et le suffrage universel. L'autocratie et le communisme sont incompatibles à notre époque, mais ils ne l'ont pas été dans les sociétés primitives. Aujourd'hui un nouvel ordre ne peut renoncer à aucun des progrès moraux de la société moderne. Le socialisme contemporain – d'autres époques ont eu d'autres types du socialisme que l'histoire désigne sous divers noms – est l'antithèse du libéralisme, mais il naît en son sein et se nourrit de son expérience. Il ne dédaigne aucune de ses conquêtes intellectuelles. Il ne le bafoue pas et ne villipende que ses limitations. Il apprécie et comprend tout ce qui existe de positif dans l'idée libérale : il condamne et attaque seulement ce qui y est négatif et laissant prévoir un naufrage dans cette idée.
Le régime inca a été, certainement, théocratique et despotique. Mais c'est un trait commun de tous les régimes de l'antiquité. Toutes les monarchies de l'histoire se sont appuyées sur le sentiment religieux de leurs peuples. Le divorce du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel est un fait nouveau . Et plus qu'un divorce c'est une séparation de corps. Jusqu'à Guillaume de Hohenzollern les monarques ont invoqué leur droit divin.
Il n'est pas possible de parler abstraitement d'une tyrannie. Une tyrannie est un fait concret. Et voilà qu'elle ne serait réelle que dans la mesure où elle opprimerait la volonté du peuple ou dans qu'elle contrarierait et étoufferait son énergie vitale. Souvent, au contraire, dans l'antiquité, un régime absolutiste et théocratique a incarné et représenté cette volonté et cette énergie. Ce qui semble avoir été le cas de l'empire inca.
Je ne crois pas à son oeuvre taumaturgique. Je juge évidente sa capacité politique, mais je ne pense pas moins évident que son oeuvre a consisté à construire l'Empire avec le matériel humain et les éléments moraux amassés par les siècles. L'ayllu – la communauté – , a été la cellule de l'Empire. Les Incas ont fait l'unité, ils ont inventé l'Empire, mais ils n'ont pas créé sa cellule. L'État juridique organisé par les Incas a reproduit, sans nul doute, l'État naturel pré-existant.
Les Incas n'ont rien violenté. Est bien qui exalte leur oeuvre; qui est méprisé et diminue la geste millénaire et populaire de laquelle cette oeuvre n'est pas mais une expression et une conséquence.
Il ne faut pas réduire, et encore moins nier ce qui de cette oeuvre appartient à la masse. Aguirre, littérateur individualiste, prend plaisir à ignorer le rôle de la multitude dans l'histoire. Son regard romantique cherche exclusivement le héros.
Les vestiges de la civilisation inca font une témoignent unanimement, contre la requête d'Aguirre Morales. L'auteur du "Peuple du Soleil" invoque le témoignage des milliers d'huacos [o] qui ont défilé devant ses yeux. Et bien, ces huacos disent que l'art inca était un art populaire. Et le meilleur document laissé par la civilisation inca est, peut-être, son art. La céramique de style synthétique des indiens ne peut pas avoir été produite par un peuple grossier et barbare.
James George Frazer – très distant spirituel et physiquement des chroniqueurs coloniaux – , écrit : " En remontant le cours de l'histoire, on trouvera que ce n'est pas par pur accident que les premiers grands pas vers la civilisation ont été faits sous des gouvernements despotiques et théocratiques comme ceux de la Chine, de l'Égypte, de Babylone, du Mexique, du Pérou, tous pays dans lesquels le chef suprême exigeait et obtenait l'obéissance servile de ses sujets par son caractère double de roi et de dieu. Ce serait à peine une exagération de dire que dans cette époque lointaine le despotisme est le plus grand ami de l'humanité et aussi paradoxal que cela paraît, de la liberté. Puisqu'après tout, il y a plus de liberté, dans le meilleur sens du terme – une liberté d'élaborer les pensées et de modeler les destins – , sous le despotisme le plus absolu et la tyrannie la plus oppresseuse que sous l'apparente liberté de la vie sauvage, dans laquelle le destin de l'individu, du berceau à la tombe, est fondu dans le moule rigide des coutumes ancestrales "(The Golden Bough, 1ère partie).
Aguirre Morales dit que dans la société inca, le vol était ignoré simplement par manque d'imagination pour faire le mal. Mais un ingénieux trait d'humour littéraire ne supprime pas le fait social qui prouve, précisément, ce qu'Aguirre s'obstine à nier : le communisme inca. L'économiste français Charles Gide pense que la formule : "Le vol c'est la propriété" est plus exacte que la formule célèbre de Proudhon. Dans la société inca le vol n'existait pas parce que la propriété n'existait pas. Ou, si l'on préfère, parce qu'existait une organisation socialiste de la propriété.
Invalidons et annulons, autant qu'il est nécessaire, le témoignage des chroniqueurs coloniaux. Mais c'est un fait que la théorie d'Aguirre cherche protection, justement, dans l'interprétation d'esprit moyennageux de ces chroniqueurs de la forme de propriété des terres et des produits.
Les fruits du sol ne sont pas thésaurisables. Ils n'est pas vraisemblable, par conséquent, que les deux tiers en étaient accaparés pour la consommation des fonctionnaires et de prêtres de l'Empire. Beaucoup plus vraisemblable est que les fruits supposés réservés pour les nobles et l'Inca, étaient destinés à constituer les réserves de l'État.
Et qu'ils représentaient, en somme, un acte de prévoyance sociale, caractéristique d'un ordre socialiste.
[16] Castro Pozo, "Notre Communauté Indigène".
[17] Ibíd.
[18] En rédigeant ce travail, j'ai rencontré dans le livre de la Haye de la Torre "Pour l'émancipation de l'Amérique Latine", des concepts qui coïncident absolument avec les miens sur la question agraire en général et sur la communauté indigène en particulier. Nous partons des mêmes points de vue, de telle manière qu'il est inévitable que nos conclusions sont aussi les mêmes.
[19] Castro Pozo, op. cité.
[20] Ibíd.
[21] Schkaff.
[22] Castro Pozo. L'auteur a des observations très intéressantes sur les éléments spirituels de l'économie communautaire. " L'énergie, la persévérance et l'intérêt – signale-t-il – avec lesquels un comunero [membre d'une communauté agricole n.d.t.] charge [Quipichar : charger sur le dos. Une coutume indigène répandue dans toute la sierra. Les chargeurs, les fleteros – chauffeurs-transporteurs en principe indépendants n.d.t. – et les arrimeurs de la côte, chargent sur l'épaule] une moisson, une gerbe de blé ou de l'orge, et marche, d'un pas léger vers des temps heureux, lançant tout en courant une plaisanterie à son compagnon ou souffrant de voir celui qui va derrière en ployant sous sa charge, présentent une différence décisive et profonde, avec le laisser-aller, la froideur, le laxisme de l'âme et, apparemment, la fatigue, des yanaconas qui prêtent leurs services pour des travaux identiques ou d'autres de même nature, franchissent visiblement l'abîme qui sépare ces deux états psycho-physiques très différents. Et la première interrogation qui vient à l 'esprit, est : 'quelle influence exerce dans le processus du travail son objectivation dans une finalité concrète et immédiate' ? "
[23] Sorel qui a consacré beaucoup d'attention aux concepts de Proudhon et Le Play sur le rôle de la famille dans la structure et l'esprit de la société considère avec sagacité "la partie spirituelle du milieu économique". S'il a regretté quelque chose chez Marx, c'est un esprit pas assez porté vers le côté juridique des chose, bien qu'il ait admis que cet aspect de la production n'échappait pas à la dialectique de l'homme de Trèves. " Il est connu – écrit-il dans son "Introduction à l'économie moderne" – que l'observation des coutumes des familles de la plaine saxonne a beaucoup impressionné Le Play au commencement de ses voyages et a exercé une influence décisive sur sa pensée. Je me suis demandé si Marx n'avait pas pensé à ces anciennes coutumes quand il a accusé le capitalisme d'avoir fait du prolétaire un homme sans famille". Par rapport aux observations de Castro Pozo, je veux rappeler un autre concept de Sorel : " Le travail dépend, dans une très vaste mesure, des sentiments que les ouvriers ressentent devant leur travail ".
[24] Schkaff, op. cité.
[25] Il ne faut pas oublier, parce qu'il touche les manoeuvres montagnards, l'effet exténuant de la côte chaude et insalubre sur l'organisme de l'indien de la sierra, de la prise sûre du paludisme, qui le menace et prédispose à la tuberculose. Il ne faut pas non plus oublier l'attachement profond de l'indien à son foyer et à la nature. Sur la côte il se sent un exilé, un mitimae [peuple vaincu déplacé].
[26] L'une des constatations les plus importantes auxquelles conduit ce cliché est celle de la solidarité intime de notre problème agraire avec notre problème démographique. La concentration des terres aux mains des caciques constitue un frein, un cancer de la démographie nationale. Il n'y a que quand on aura cassé ce frein du progrès péruvien, que le principe sud-américain "Gouverner c'est peupler" aura été réellement adopté.
[27] Le projet conçu par le Gouvernement pour créer la petite propriété agraire s'inspire des critères économiques libéraux et capitalistes. Sur la côte son application, subordonnée à des expropriations et à l'irrigation de terres en friche, peut encore correspondre à de plus ou moins vastes possibilités de colonisation. Dans la sierra ses effets seraient beaucoup plus restreints et douteux. Comme toutes les tentatives de dotation de terres qu'enregistre l'histoire de notre république, il se caractérise par sa prétention à la connaissance préalable de la valeur sociale de la "communauté" et par sa timidité devant les propriétaires de latifundia dont il veut sauvegarder les intérêts avec un zèle évident. En établissant le paiement de la parcelle au comptant ou sous 20 ans, il semble inapplicable dans les régions de la sierra où n'existe pas encore une économie commerciale monétaire. Dans ces cas, le paiement devrait être stipulé non en argent mais en nature. Le système prévu de l'État, acquérir des terres pour les distribuer entre les indiens témoigne d'un prévenance excessive par les propriétaires de latifundia, auxquels il offre l'occasion de vendre des terres peu productives ou mal exploitées, dans des conditions avantageuses
[28] Schkaff, op. cité.
[29] Francisco Ponce de Léon : les systèmes de location des terres cultivées dans le département de Cuzco et le problème de la terre.
[30] Les expériences récemment pratiquées, en des points distincts de la côte par la "Commission pour le développement de la Culture du Blé", ont eu, comme elle l'a rendu public, un succès satisfaisant. On a encore obtenu les rendements appréciables de la variété "Kappli Emmer" – exempt du "roya" [ensemble de maladies touchant les céréales n.d.t.] – , dans les "hauts".
[31] Herriot, Croire.
Notes du traducteur
[a] Virreinato : période où la couronne d'Espagne régnait sur le Pérou.
[b] Perricholismo : Mode littéraire, musicale, etc. décadente dans la Lima de l'ère coloniale. Du nom de "La Périchole" qui aurait réellement existé sous le nom de Micaela Villegas, au XVIIIe siècle. Un jour où elle aurait été impertinente avec le vice-roi du Pérou, ce dernier l'aurait traité de "Perra chola" (chienne d'indigène), expression qui serait à l'origine de son surnom.
[c] Régnicole : Terme de jurisprudence et de chancellerie. Il se dit des habitants naturels d'un royaume, d'un pays, considérés par rapport aux droits dont ils peuvent jouir. En 1682, on permit également aux régnicoles et aux étrangers de faire pendant cinq ans le commerce des Indes sur les vaisseaux de la Compagnie, RAYNAL, Hist. phil. IV, 16. Il se dit, par extension, des étrangers naturalisés à qui ces mêmes droits sont accordés. Les Guise firent comprendre dans le nombre des cent [chevaliers de l'ordre du St-Esprit] les huit prélats et les chevaliers étrangers non régnicoles, SAINT-SIMON, 121, 77. (Littré)
[d] Mita : Bien que la législation des Indes ait interdit l'esclavage des indigènes, il existait dans le Río de La Plata, comme dans le reste de l'Amérique espagnole, trois types de travail forcé faisant appel à une main-d'oeuvre indienne : l'encomienda, la mita et le yanaconazgo.
La mita était une institution, créée sur le modèle inca, qui obligeait chaque population ou tribu à fournir aux espagnols un nombre de travailleurs, Mitayos, qui était périodiquement renouvelé. En Quetchua, la Mita signifie Tour. Le système des mitas fut appliqué surtout à l'exploitation minière, où les pénibles conditions de travail et de vie provoquèrent une forte mortalité parmi les mitayos indigènes. La mita impliquait aussi le paiement d'un salaire mais dans la plupart des cas, les mitayos ne reçurent d'autre rétribution que le strict minimum pour subsister. La pratique de la mita fut courante dans l'activité minière du haut Pérou, notamment au Potosí, et son application brutale entraîna chez les populations concernées un taux de mortalité extrêmement élevé.
[e] Civilisme : Le "Civilismo" péruvien n'est pas seulement le nom du courant politique structuré autour du parti Civil, fondé dans les années soixante-dix du XIXème siècle. Le terme ne se limite pas non plus à la seule dénomination de l'opposition civile à l'hégémonie de l'armée et des militaires dans la vie publique de la période post-indépendante. C'est bien plus l'instrument de la première transition socio-politique péruvienne, de la période coloniale et d'un incertain XIXème siècle vers la "modernité" capitaliste, vers le XXème siècle. (Pablo F. Luna, Le Civilisme)
[f] Encomienda : Dans le système de l'encomienda, les indiens étaient placés sous la responsabilité d'un encomendero, genre de fermier général désigné par l'autorité royale, qui devait les protéger, les nourrir, les vêtir et les évangéliser. En échange, les indiens lui fournissaient leur travail, et payaient un impôt sur les terres dont ils avaient la possession. A cette fin, les populations indigènes étaient périodiquement recensées et inspectées.
[g] Neogodos : nouveaux Goths
[h] Regantes : Les regantes sont des paysans qui, grâce à leur culture millénaire, ont une économie autonome, basée fondamentalement sur leur sagesse dans l´usage de l´eau.
[i] Yanaconazgo : Les indiens yanacones étaient soumis à un travail obligatoire à vie.
[j] Minga : Travail collectif, on mange, on se réunit et après on travaille ensemble.
[k] Enganche : Le rapport avait établi que les communautés indigènes d´Atalaya qualifiées de «captives» sont réduites à une situation de servitude à l´intérieur d´exploitations agricoles ou forestières, grandes ou moyennes, et constituent une main-d´œuvre gratuite ou semi-gratuite, dans le cadre du système de «habilitación» ou «enganche». Dans ce système, le patron fournit à l´indigène, à titre d´avance, des instruments de travail, des aliments ou de l´argent pour que ce dernier puisse extraire du bois et ainsi, en théorie, rembourser sa dette initiale et tirer un revenu. Astreints à payer la dette initiale plus les intérêts, les indigènes restent définitivement prisonniers du cercle vicieux de l´exploitation et de la misère. (OIT)
[l] Pongos : Indiens soumis à la servitude.
"Les pongos étaient condamnés à la servitude la plus humiliante. Les familles des élites les offraient à leurs enfants pour qu´ils se chargent de toutes les nécessités de ces petits privilégiés. Les pongos devaient dormir à même le sol, près de la porte de la chambre, au cas où par hasard le patron se réveillerait à trois heures du matin et demanderait un verre d´eau. C´étaient les pongos qui étaient chargés d´apporter dans leurs mains les excréments de lama nécessaires pour créer un bon feu dans la cuisine..." (Edmundo Paz Soldan)
[m] Paludes : En langue espagnole comme en français, marais salants.
[n] Tawantinsuyo : Tahuantinsuyu, Tawantin Suyu ou Tahuantinsuyo est le nom donné par les Incas à leur empire, dans les 3 transcriptions couramment admises.
[o] Huacos : Vases, souvent à représentation érotique