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Réveil Communiste

Explication interne des attentats terroristes à partir de l'exemple de Trèbes (23 mars 2018)

4 Février 2020 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate, #Répression, #GQ

 

Un homme de 25 ans, franco-marocain résident à Carcassonne, a tué quatre personnes  le 23 mars 2018, dont un gendarme qui s'était courageusement proposé pour prendre la place d'un otage (hommage lui soit rendu). Un terroriste de l'État Islamique, vraiment?

 

L'histoire du jeune meurtrier prolétarien de l'Aude ressemble à celle de ces tueurs nihilistes et suicidaires qui émaillent l'actualité de leurs exploits, particulièrement aux États-Unis. Outre le suicide, la motivation de ces meurtriers de masse semble se réduire à obtenir les armes à la main le « quart d'heure de célébrité » promis à tous et à chacun par l'artiste contemporain Andy Warhol. Pour le reste, sa vie sans perspective dans la banlieue de Carcassonne n'a consisté qu'en trafic, deal, et marginalité, et on peut comprendre qu'il n'ait plus voulu la continuer.

 

Mais lorsque le nihiliste perdu dans son délire d'auto-anéantissement dans la lumière du spectacle se trouve être identifié par ses origines, ou par son patronyme à l'immigration musulmane, il en va autrement de l’analyse des politiques et des médias : il ne s'agit plus d'un fait de société qu'on tente illusoirement de contrôler par la limitation des ventes d'armes aux particuliers, mais d'un acte de « terrorisme » ; et obligeamment, surgit alors des tréfonds du réseau Internet une revendication, en général au nom du sinistre État islamique qu'on n'en fini pas de combattre et de vaincre sur tous les écrans, et qui tel le Fantômas de Robert Desnos reparaît sans cesse. Cette revendication est immédiatement authentifiée et répercutée avec le maximum de vacarme sur tous les médias du monde tout entier.

 

Le réseau qui se prétend « État islamique », qui n’est pas un État et qui n'a pas grand chose d’islamique, à part les subventions des pétromonarchies du golfe, n'a quasiment rien à faire pour jouir de la notoriété universelle : il lui suffit de revendiquer tous les actes de folie meurtrière qui sont commis par des musulmans, ou assimilés, même s'il s'agit plutôt de dealers, de repris de justice, ou d'écoliers ignorants sous l'influence de prêcheurs extrémistes intouchables qui ne se salissent jamais les mains. Ils ont même tenté de récupérer l'attentat de Las Vegas, pourtant un pur produit autochtone de la culture « redneck » américaine. L'objectif est évident, la stratégie est simplissime : profiter de toutes les occasions pour diviser le peuple en entités ethniques et religieuses ennemies.

 

Tous les attentats qui font la Une des médias, tous les crimes spectaculaires qui excitent les penchants pervers du public et interrompent pour quelques heures le cours du train-train morne et abject de l'actualité suscitent ces revendications mythomanes, mais comme par hasard, dans le cas où les auteurs sont musulmans, elles sont systématiquement « homologuées », « validées », et leurs auteurs sont rehaussés au rang d’adversaires reconnus de notre État à nous, qui pour autant qu'on sache continue d'exister, et ne devrait pas accorder un tel statut à des déséquilibrés s'il se respectait. Auxquels il offre exactement ce qu'ils recherchaient : un sens à leur existence gâchée.

 

Certains criminels qui ont défrayé la chronique du sang sont effectivement liés matériellement au terrorisme des wahhabites, ils ont séjourné en Irak ou en Syrie, dans les zones rebelles qui ont été soustraites à l'autorité du gouvernement légal par les actions de nos services secrets et de nos mercenaires. Mais beaucoup et non des moindres n'ont strictement aucun autre lien avec le Moyen Orient que le journal télévisé où ils en ont entendu parler. Tel était le cas du tueur de la Promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet 2016. Et quant à ceux qui ont fait le séjour touristique en Syrie recommandé par les médias, pour faire tomber Bachar, « le bourreau de son propre peuple », ou pour augmenter leur pauvre réalité par les décapitations, ils finissent comme chair à canon, ou retournent chez eux la queue basse, fichés « S » pour le restant de leur existence misérable. Ils ne devraient pas se révéler si dangereux!

 

En réalité, si le terrorisme s'alimente en partie d'un discours haineux et extrémiste propagé dans le monde entier par les écoles coraniques financées par l'Arabie saoudite ou par le Qatar, et pour lequel la vie des infidèles n'a aucune valeur, il provient bien davantage de la pulsion de mort triomphante dans la société de consommation libérale marchande où la célébrité est le dernier paradis à atteindre, après la drogue. Les prêcheurs wahhabites trouveront donc perpétuellement de nouveaux adeptes au sacrifice pour une cause, et une religion, dont ils ne relèvent que par accident, ou carrément pas du tout.

 

Et les autorités pourront toujours se défausser lorsqu'on leur demandera des comptes pour leur incapacité à juguler le terrorisme qu'ils prétendent combattre, en désignant implicitement sous un langage hypocrite de tolérance et de droit à la différence chaque musulman comme un terroriste en puissance.

 

En attendant de traduire en justice et de punir tous ces criminels religieux ou laïcs qui croient pouvoir retenir la roue de l'histoire, la meilleure attitude à adopter par rapport à ces attentats petits et grands, vrais ou faux, c'est une solide indifférence, et ne pas se détourner du chemin de la lutte sociale pour défendre ses droits, son salaire, son emploi, et ses services publics. L'unique fonction du terrorisme à grand écho médiatique n'étant que la culture de la peur et de la passivité.

 

On pourra bien sûr continuer de s'interroger sur l'origine de ces attentats si utiles aux pouvoirs en place, et qui surviennent toujours si opportunément. Mais si, cas bien improbable, les pouvoirs qui gèrent le capitalisme étaient complètement innocents de ces événements, ils en seraient quand même comptables, de par le monde infâme de l'individualisme de masse agressif et délirant qu'ils ont créé et répandu sur la planète entière. Il devront en payer la facture, comme les classes dirigeantes de Russie et de Chine ont dû le faire dans le passé.

 

GQ, 24 mars 2018

PS, 30 mars 2018 :

Les revendications du "terroriste" et de sa petite amie ne sont pas suffisantes pour pouvoir considérer les crimes de Trèbes comme relevant d'un terrorisme international organisé. Les groupes islamo-fascistes émanant des pétromonarchies du Golfe qui sèment la terreur dans les pays musulmans se bornent à placer leur logo sur des dérives pathologiques bien de chez nous dont ils prennent connaissance comme tout le monde dans les médias. La violence qui s'exprime ainsi est une violence interne aux sociétés occidentales, dont les textes de nombreux rapeurs sont tout autant les révélateurs que les massacres absurdes, revendiqués qu'ils soient ou non par des groupes politiques ou religieux.

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