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Réveil Communiste

Questionnement critique sur le mouvement communiste international. Pourquoi en sommes nous là?

4 Octobre 2017 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Réseaux communistes, #lutte contre l'impérialisme, #Economie, #Europe de l'Est, #Russie, #Front historique, #Théorie immédiate, #Afrique, #Asie

 

 

Extrait d'une discussion sur le net, publié avec l'autorisation de l'auteur, spécialiste de l'Europe de l'Est. Ci dessus son ouvrage sur la Russie publié aux éditions Delga

Le Vendredi 29 septembre 2017 12h41, Bruno DRWESKI a écrit :
 

Je pense que, pour résumer, nous en sommes là parce que
 
1/ "nous" avons oublié dans un tout premier temps de sortir de l'eurocentrisme et donc de prendre en compte la réserve que constituait pour le système capitaliste-impérialiste les USA, comme nous avons, y compris les Russes, continué trop longtemps à voir l'Europe (occidentale) comme restant le centre du monde. Donc, même si la donne USA a été finalement prise en compte, elle l'a été avec retard. Quant à la donne "pays coloniaux" a elle été prise en compte aussi avec retard, et toujours en l'analysant avec un tropisme culturel ouest-européocentré, ce que même les mouvements de libération nationale, communistes en particulier, ont aussi eu tendance à répéter. Avec quelques régions où les choses se sont mieux passées (Asie orientale et Cuba). Du coup, globalement, les révolutionnaires ont eu tendance à perdre le contact avec leur peuple réellement existant et ses capacités de créativité alternative. Le penchant pour la "colonisabilité" dont parlait Malek Bennabi a certainement constitué un des handicaps majeur qui a touché les révolutionnaires, hors Europe occidentale, alors que le tradeunionisme constituait le handicap majeur qui a touché les révolutionnaires en Europe occidentale, à côté d'un néocolonialisme mental implicite.
 
2/ "nous" n'avons pas vraiment voulu analyser les processus de lutte de classe continuant à exister à l'intérieur du socialisme et dans les partis communistes, car nous avons eu une vision "religieuse" du communisme et imaginé qu'il devait être analysé ...hors des catégories socialistes scientifiques comme un bloc "pur, sain, idéal", etc ...Le fameux hymne du parti est-allemand SED de 1946 en constituant la caricature "épiscopale" parfaite ..."Die Partei, die Partei, die Partei is immer recht !!!" ?????? ...et ca se voulait marxiste !!!! alors que ce n'était qu'une nouvelle Eglise ...L'histoire de l'Eglise prouvant que les courants populaires y étaient systématiquement marginalisés au profit des courants conservateurs pour des raisons à la fois mentales et structurelles ...processsus idéaliste qui s'est produit aussi dans la plupart des partis communistes donc. Puisqu'ils ont largement fonctionné selon les mêmes modes mentaux, sociaux et administratifs. Ce qui repose aussi la question de la religiosité dans les processus humains, y compris la religiosité qui se déclate "athée" ou "laïque", mais qui apparait dans les faits comme une nouvelle forme de la vieille religiosité. 
 
La première réponse réelle à cette lutte des classes dans le socialisme a donc été "épiscopale", inquisitoriale, décidée au sommet, ce fut la réponse "stalinienne" qui, étape historique tout à fait compréhensible et qui ne doit donc pas être condamnée en bloc, était plus réaliste que l'idéalisme puriste trotskyste, mais qui n'en était pas moins simpliste, hiérarchique, policière (démarche poursuivie jusqu'à son ultime conséquence par l'Albanie hoxhaïste avec son échec final, le Parti apparaissant dans ce pays tout aussi gangréné voire plus que dans tous les partis révisionnistes est-européens).
La seconde étape, en Asie mais dans une certaine mesure aussi à Cuba (et par certains côtés aussi dans la Jamahiriya libyenne socialiste), a été l'appel aux masses plutôt qu'à l'appareil de sécurité fait par Mao et "ses proches compagnons d'armes" d'en appeler directement au peuple, et en particulier à la jeunesse en principe pleinement éduquée dans "l'idéal communiste" et révolutionnaire au moment de la Révolution culturelle, "idéal" et donc idéalisme quelque part qui constituait un développement théoriquement intéressant mais basé sur une réalité sociale encore très post-féodale, pré-moderne, qui ne pouvait donc permettre de dépasser réellement le capitalisme puisqu'on avait affaire à une société mentalement pré-capitaliste, post-féodale, avec les mentalités qui vont avec... même chez les jeunes gardes rouges qui se sont dans les faits comportés plus souvent comme de petits chefs féodaux tentés par un individualisme pré-consumériste (voir leurs récits publiés qui sonnent très "soixante-huitard bobo" dans beaucoup de cas, avec le recul) même si exprimé sous une forme parfois mais pas toujours plus puritaine. Cette étape de la révolution a conduit vers une anarchisation du pays qui l'a poussé vers l'étape de remise en ordre militaire et "bonapartiste" (Lin Biao) puis son éviction au profit de l'ancien appareil du Parti "restauré" et en partie au moins "révisionniste" et à la chute des derniers "révolutionnaires prolétariens" constitués autour de l'épouse "féministe" du grand timonier ...dans un pays encore très partriarcal et machiste.
 
Dans ce contexte, il était normal aussi que le processus de "démocratisation" style Gorbatchev soit pris en main par la bourgeoisie au sein du Parti communiste et non pas par les "derniers" révolutionnaires ni même par le spontanéisme populaire qui, comme Marx l'avait déjà souligné il y a fort longtemps, car les ouvriers sont spontanément orientés plutôt vers le tradunionisme que vers la révolution socialiste conséquente. Les ouvriers pendant la perestroïka quand ils ont profité de la glasnost pour dénoncer la réalité, en ont profité pour faire la promotion d'un idéal assez anarcho-syndicaliste qui a achevé de délégitimer le pouvoir d'Etat ...qui, lui, était pris en main au même moment par les bourgeois néo-libéraux au sein du Parti. La compétition, la lutte de classes objectives, entre ces deux courants ne pouvant en finale que se terminer en faveur de celui qui avait investi l'Etat et au dépens de celui qui rejetait l'Etat par pur idéalisme. Donc la bourgeoisie soviétique contre ce qui restait des soviets, ce qui s'est terminé avec la liquidation meurtrière du Soviet suprême en 1993 défendu par une poignée de gauchistes, d'anarchistes et de nationalistes ...et de quelques communistes conséquents.
 
L'épisode de masse Solidarnosc en Pologne ayant d'ailleurs aussi démontré cela puisque le spontanéisme des revendications et du programme de Solidarnosc était clairement anarcho-syndicaliste ....alors que ses chefs et conseillers financés par l'Ouest, eux, étaient passés en 25 ans du révisionnisme au trotskysme puis à la social-démocratie pour finir quelque part entre le social-libéralisme et le néolibéralisme ...et le néoconservatisme qui les a rapprochés de l'Eglise post-féodale et des USA néolibéraux. Ce sont donc les bourgeois à l'intérieur de Solidarnosc et les bourgeois à l'intérieur du Parti "communiste" qui se sont entendus entre eux au printemps 1989 pour marginaliser les "anarcho-syndicalistes" de Solidarnosc et les "marxistes" au sein du Parti et des syndicats "officiels", au sein d'une coalition néolibérale qui allait servir de modèle de restauration du capitalisme à tous les révisionnistes bourgeois des pays de l'Est à partir de l'été 1989. 
 
Il faudra donc faire le bilan scientifique de tout cela, analyser la situation concrète et les moyens de la dépasser toutes ces étapes antérieures pour pouvoir reprendre la marche en avant qui doit viser l'abolition du capitalisme.
 
 
envoyé par l'auteur le 29 septembre 2017
 
 
 
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D
Une tentative de réponse très partielle, et sans doute un peu simple ; on en est là parce qu'on avait oublié de faire des analyses concrètes de situations concrètes... à la place il y avait les discours-fleuve indigestes, avec effectivement un côté assez religieux. Des grand-messes disaient certains. Par exemple, analyser le cursus de Mitterrand pendant et après la guerre mondiale, durant la guerre d'Algérie par exemple, aurait peut-être permis d'éviter de livrer le PCF, et le peuple de France, à ce triste personnage et à ce parti historiquement douteux (le PS), avec les suites que l'on sait.<br /> On aurait pu analyser, avec profit, les grands personnages du communisme, et en fonction de leurs mérites, et en fonction de leurs échecs - s'agissant d'êtres humains -, au lieu de faire de certains des dieux vivants, et d'autres des excommuniés...
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