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Réveil Communiste

le centralisme démocratique est-il condamné par l'histoire? une discussion sur Réveil Communiste

19 Juillet 2017 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Théorie immédiate, #Front historique, #Réseaux communistes

Une discussion sous l'article suivant publié en 2013 et complété depuis :

Pour un parti prolétarien et communiste d'un genre nouveau, un parti "moléculaire" (nouveau titre)

http://www.reveilcommuniste.fr/article-la-destruction-des-partis-communistes-par-le-haut-et-comment-y-remedier-ou-la-fin-du-centralisme-démocratique-120569304.html

Xuan (2013)

Le retour au capitalisme a-t-il commencé avec Gorbatchev ou avant ?
Mais les questions qui nous intéressent le plus sont :
Est-ce le centralisme démocratique qu'il faut incriminer ou son abandon ?
Le centralisme est-il nécessaire ? La démocratie est-elle nécessaire ?
Qu'est-ce qui devrait être corrigé dans notre expérience du centralisme démocratique ?
La critique et l'autocritique n'ont-elles pas été abandonnées ? S'agit-il par là de destruction ou de renforcement ? Sur quoi devraient-elles porter ?
Qu'est-ce qu'une discipline consciente et librement consentie ?

Nic Enet 24/12/2016 23:59

Je suis assez d’accord avec Xuan.

Ce n’est pas le centralisme démocratique qui est en cause mais la mort du centralisme démocratique suite à la disparition d’une lutte des idées «organisée» (au niveau des cellules, des provinces, du pays ; revue, blog, pages FB, forum prévu explicitement pour cette lutte).
Du reste le CD vivant non seulement permet mais encourage les expériences locales d’avant-garde, en concentre les meilleures et les diffuse à tous les échelons.

Cette idée, que GQ propose à la réflexion, d’un parti «moléculaire» dont l’unité serait fondée sur une idéologie commune forte me semble totalement fantaisiste mais de plus, inopportune alors que le PCF part en nouilles (ce n’est bien sûr pas le CD qui sauvera le PCF) et que les sectes dites communistes se multiplient dans tous les pays.

Un parti Communiste n’est pas une religion représentée par un Dieu vivant (Pape, Dalaï Lama, etc.) ou un livre saint (bible, évangiles, coran) dans lesquels chacun peut se reconnaître.
C’est un organisme politique, en principe vivant, qui doit constamment se remettre en question face aux situations concrètes. Et malgré tout maintenir l’unité dans ses rangs.

"Le bolchevisme existe comme courant de la pensée politique et comme parti politique depuis 1903. Seule l'histoire du bolchevisme, tout au long de son existence, peut expliquer de façon satisfaisante pourquoi il a pu élaborer et maintenir, dans les conditions les plus difficiles, la discipline de fer indispensable à la victoire du prolétariat.

Et tout d'abord la question se pose: qu'est-ce qui cimente la discipline du parti révolutionnaire du prolétariat? qu'est-ce qui la contrôle? Qu'est-ce qui l'étaye? C'est, d'abord, la conscience de l'avant-garde prolétarienne et son dévouement à la révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme. C'est, ensuite, son aptitude à se lier, à se rapprocher et, si vous voulez, à se fondre jusqu'à un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non prolétarienne. Troisièmement, c'est la justesse de la direction politique réalisée par cette avant-garde, la justesse de sa stratégie et de sa tactique politiques, à condition que les plus grandes masses se convainquent de cette justesse par leur propre expérience. A défaut de ces conditions, dans un parti révolutionnaire réellement capable d'être le parti de la classe d'avant-garde appelée à renverser la bourgeoisie et à transformer la société, la discipline est irréalisable. Ces conditions faisant défaut, toute tentative de créer cette discipline se réduit inéluctablement à des phrases creuses, à des mots, à des simagrées. Mais, d'autre part, ces conditions ne peuvent pas surgir d'emblée. Elles ne s'élaborent qu'au prix d'un long travail, d'une dure expérience; leur élaboration est facilitée par une théorie révolutionnaire juste qui n'est pas un dogme, et qui ne se forme définitivement qu'en liaison étroite avec la pratique d'un mouvement réellement massif et réellement révolutionnaire. Si le bolchevisme a pu élaborer et réaliser avec succès, de 1917-1920, dans des conditions incroyablement difficiles, la plus rigoureuse centralisation et une discipline de fer, la cause en est purement et simplement dans plusieurs particularités historiques de la Russie.

D'une part, le bolchevisme est né en 1903, sur la base, solide s'il en fut, de la théorie marxiste. Et la justesse de cette théorie révolutionnaire - et de cette théorie seule- a été prouvée non seulement par l'expérience universelle au XIX° siècle tout entier, mais encore et surtout par l'expérience des flottements et des hésitations, des erreurs et des déceptions de la pensée révolutionnaire en Russie. Pendant près d'un demi-siècle, de 1840-1890, en Russie, la pensée d'avant-garde, soumise au joug d'un tsarisme sauvage et réactionnaire sans nom, chercha avidement une théorie révolutionnaire juste, en suivant avec un zèle et un soin étonnant chaque "dernier mot" de l'Europe et de l'Amérique en la matière. En vérité, le marxisme, seule théorie révolutionnaire juste, la Russie l'a payé d'un demi-siècle de souffrances et de sacrifices inouïs, d'héroïsme révolutionnaire sans exemple, d'énergie incroyable, d'abnégation dans la recherche et l'étude, d'expériences pratiques, de déceptions, de vérification, de confrontation avec l'expérience de l'Europe. Du fait de l'émigration imposée par le tsarisme, la Russie révolutionnaire s'est trouvée être dans la seconde moitié du XIX° siècle infiniment plus riche en relations internationales, infiniment mieux renseignée qu'aucun autre pays sur les formes de théories du mouvement révolutionnaire dans le monde entier.

D'autre part, le bolchevisme né sur cette base théorique de granit, a vécu une histoire pratique de quinze années (1903-1917), qui, pour la richesse de l'expérience, n'a pas d'égale au monde. Aucun autre pays durant ces quinze années n'a connu, même approximativement, une vie aussi intense quant à l'expérience révolutionnaire, à la rapidité avec laquelle se sont succédé les formes diverses du mouvement, légal ou illégal, pacifique ou orageux, clandestin ou avéré, cercles ou mouvement de masse, parlementaire ou terroriste. Aucun autre pays n'a connu dans un intervalle de temps aussi court une si riche concentration de formes, de nuances, de méthodes, dans la lutte de toutes les classes de la société contemporaine, lutte qui, par suite du retard du pays et du joug tsariste écrasant, mûrissait particulièrement vite et s'assimilait avec avidité et utilement le "dernier mot" de l'expérience politique de l'Amérique et de l’Europe.»

Lenine, «La maladie infantile du communisme».

Réveil Communiste

Une remarque sur la forme du raisonnement utilisé dans cette objection: on pourrait le résumer en disant que centralisme démocratique aurait échoué parce qu'il n'aurait pas été appliqué assez résolument. On peut dire ça de tout (les libéraux défendent leur bilan de la même manière : si la thérapie de choc en URSS n'a pas marché, c'est qu'elle n'est pas allée assez loin) , et ce qui explique tout n'explique rien. En fait cette défense du centralisme démocratique est justement ce qu'on peut lui objecter de plus sérieux : ce système de gouvernement socialiste au delà d'une certain point crée de lui-même un personnel politique dont les aspirations et l'action entre en contradiction avec le socialisme.

Donc si le centralisme démocratique est abandonné c'est à la suite d'une évolution historiquement nécessaire du centralisme démocratique lui-même, qui est le jeu de sa contradiction interne, et qui se manifeste dans la conscience des cadres du parti-État du socialisme, qui le désertent vers la gauche au nom de l'autonomie prolétarienne et vers la droite au nom de l'efficacité économique.

Le communisme n'est pas une religion, sans doute pas, puisqu'il ne promet pas de récompense dans l'au-delà, le parti communiste n'est pas une Église, mais pour ce qui est de sa cohésion, de sa combattivité et de la discipline, comme les Églises il repose sur une bonne part de foi, en l'espèce la foi en la justesse de l'analyse et en la victoire finale. Comme pour les autres sciences, la plupart des disciples ne maitrisent véritablement de la théorie qu'un discours de vulgarisation, et seul les grands savants et les grands dirigeants savent en faire un usage créatif. Ce discours est suffisant pour invalider les prétentions idéologiques des théories issues de la féodalité, de l'ancien régime ou de la bourgeoisie dans ses avatars, mais il doit être suppléé par la foi pour produire le dévouement et le sens du sacrifice dont toute cause a besoin pour s'imposer et réaliser de grands effets historiques.

Tout cela ne vient pas de moi mais de Gramsci. GQ, 26 décembre 2016

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