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Réveil Communiste

Sur mines, mineurs, syndicats et la violence en Bolivie (augmenté)

26 Août 2016 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Bolivie, #Economie

Potosi
Potosi

26 août 16:30, mises au point extraites de discussion, l'intervenant principal à l'air de connaître le sujet (ndgq)

Il faut savoir que le secteur minier bolivien, qui couvre toute sorte de métaux, de l'or à l'étain, est grossièrement divisé en trois : les mines d'État, le secteur privé et le secteur coopératif.

Le premier fonctionnait de façon autogérée et dépendait de la Confédération Ouvrière Bolivienne. Il a subi dans les années 1980 un mouvement de privatisation qui a réduit le personnel jusqu'à 7000 membres, mais aussi détruit toutes les structures sociales et protectrices, qui allaient jusqu'à la création d'écoles, etc. Morales a depuis renationalisé une partie des mines, mais on est loin des avantages sociaux d'avant privatisation.

Le secteur privé, lui, s'est longtemps réduit à un monopole, celui de la Banque minière de Bolivie, la Banin, sur l'achat de la production opérée par des mineurs artisans à leur compte. À cela s'ajoutaient des compagnies minières, qui ont connu le phénomène de centralisation des capitaux .

Avec l'effondrement des prix des matières premières, le phénomène s'est accentué et près de la moitié des mineurs salariés ont été licenciés. Soit, ces derniers ont migré vers les villes soit ils survivent comme artisans mineurs, avec une technologie des plus réduites, face aux grandes compagnies minières. Leur survie est devenue d'autant plus précaire que la Banin ne leur achète plus leur production.

Enfin, le secteur coopératif est composé de mineurs artisans, qui exploitent leur filon avec peu de technologie. La plupart de ces coopératives sont en effet des coop d'achat de la production et non des coopératives de production unissant des mineurs indépendants rassemblant leurs forces et leurs outils de travail. Dès lors, nous avons des intérêts très contradictoires au sein des mineurs. Et tout conflit dans ce secteur doit être regardé à la loupe avant de se prononcer.

Dernière précision, la COB regroupe plus de deux millions de salariés sur une population totale de 10 millions d'habitants. Son secrétaire général est traditionnellement un mineur. Elle a généralement soutenu Morales à chaque grande crise. Il sera donc bien d'entendre ce qu'elle a à dire.

Une objection :

Avez-vous lu l'article au moins?

"Les mineurs bloquent depuis plusieurs jours un axe routier important pour exiger le droit de se réunir en syndicats. Selon le ministre de l'Intérieur, ils cherchent en réalité à recevoir l'autorisation de louer leurs concessions minières à des entreprises privées et étrangères, ce qui est interdit par la Constitution."

R

Les syndicats dont ils parlent ne sont pas de salariés mais d'artisans, ce qui n'est pas la même chose. La COB réclame depuis de nombreuses années l'extension du domaine nationalisé et par là même l'intégration des mineurs artisans à ce secteur et leur salarisation. Les compagnies minières, bien évidemment, ne veulent pas en entendre parler. Pour elles, la période autogestionnaire dite "révolutionnaire" des années 1950 et 1960 est un cauchemar. Morales navigue au milieu de tout ça. Le résultat, c'est que les artisans mineurs, qui n'ont plus de débouchés pour leur production devenue trop chère parce que sans technologie digne de ce nom, se retrouvent sans solutions. Dès lors, ils cherchent à vendre à qui veut de leurs concessions.
En fait, éparpillées, ces mines ne valent pas grand chose et il est douteux que des compagnies minières étrangères veuillent les racheter pour les exploiter. Il s'agit plutôt là d'une manière habile d'opposer les artisans mineurs au gouvernement et, de la part des compagnies étrangères, de glisser un pas dans la porte. Pour les compagnies minières boliviennes, cela peut paraître introduire de la concurrence, mais, à l'heure de la mondialisation, il ne fait aucun doute que nombre de leurs propriétaires se feraient une joie de vendre au plus offrant.
Dans cette affaire, des travailleurs indépendants, vivant dans une misère noire, se retrouvent acculés au désespoir et du coup manipulables et manipulés par leurs pires ennemis.

(...)

Ne fais pas de Morales ce qu'il n'est pas. Il ménage la chèvre et le chou. Il aurait pu depuis longtemps nationaliser les mines des artisans et leur donner les moyens de vivre en les intégrant au complexe minier de l'État. Il ne l'a pas fait pour éviter l'affrontement avec les grandes compagnies minières boliviennes. Le résultat aujourd'hui est une impasse tragique où d'un côté des familles d'artisans mineurs travaillent dans des mines, adultes, enfants, hommes, femmes, grands-parents pour pouvoir survivre et n'arrivent plus à vendre leurs minerais trop chers car leur production n'est quasiment pas mécanisée, des familles qui en sont à réclamer la possibilité de vendre leurs concessions invendables car trop éparpillées, et de l'autre côté, un gouvernement impuissant à trouver des solutions sans entrer en conflit avec les grosses compagnies minières ou remettre en cause la protection contre les capitaux étrangers.
Pas besoin d'imaginer des fascistes réunis dans un repaire et décrétant aujourd'hui lynchage, demain on égorge. Non, ce sont des forces sociales qui s'affrontent et une petite-bourgeoisie dans la misère qui ne sait plus à quel saint se vouer et dont les actes de désespoir sont évidemment récupérés par la grande bourgeoisie bolivienne qui renforce ainsi ses positions et sa pression sur Morales. Et Morales, comme tous ceux qui ménagent la chèvre et le chou, finit par devenir le chou que la chèvre croque.

Autre objection :

Epargne moi tes longs discours. Pour assassiner sauvagement un ministre venu parlementer il faut une bonne dose de haine ou ça semble prémédité pour provoquer un embrasement

R

Et la haine, d'où vient-elle ? Maintenant, si tu as envie, tu peux toujours prendre le régime alimentaire de ces gens-là et peut-être que tu comprendras quelque chose à leur état d'esprit. Bonne disette.
Pas besoin de préméditation, l'embrasement est déjà là. C'est une impasse pour les artisans mineurs dont la solution est dans les mains de Morales. Soit il nationalise, soit il cède. Mais dans tous les cas, il n'évitera pas le conflit.

lu sur FB, groupe non-officiel CGT, principal intervenant Yves Tripon

NDGQ : l'assassinat du ministre fait carrément penser au mode d'action habituel des groupes fascistes latino-américains, à mon avis il n'y a rien de spontané là-dedans; par contre ils travaillent sur un terrain réel.

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