Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Réveil Communiste

Conversations avec Eusebio Leal, historien de La Havane

30 Septembre 2015 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Cuba, #Impérialisme

Conversations avec Eusebio Leal, historien de La Havane

Salim Lamrani : Evoquons à présent un autre sujet. Quels changements a apporté le tourisme à Cuba ?

Eusebio Leal : Pour une île victime d’un blocus depuis un demi-siècle, surveillée, satanisée, le fait que le tourisme se développe à Cuba, brisant ainsi toutes les campagnes anti-cubaines, est un motif de satisfaction. Nous sommes une île et nous avons besoin d’avoir un dialogue permanent avec le monde qui nous entoure, et toute tentative de nous isoler est une erreur. Toute tentative de nous exclure est une erreur.

Les Cubains sont prêts à ce dialogue. Harcelés et assiégés par de multiples nécessités, il est logique qu’au début du développement du processus touristique surgissent des frictions et des situations complexes. Celui qui apporte de l’argent a toujours un rôle dominant dans une société en crise. Cela ne fait aucun doute. Mais nous ne pouvons pas non plus nous enfermer dans une forteresse de cristal. Pour ces raisons, nous sommes favorables au dialogue, indépendamment du fait que cela engendre des ressources économiques indispensables à Cuba, surtout depuis que quelques citoyens des Etats-Unis peuvent se rendre à Cuba, grâce aux mesures de flexibilisation prises par l’administration Obama.

Certes, ces mesures ne sont pas celles que nous espérions ni celles qu’exige la Constitution des Etats-Unis, mais c’est un premier pas. Rappelons que Cuba est le seul pays au monde que les citoyens des Etats-Unis ne peuvent pas visiter librement.

SL : Cuba vit actuellement une époque de changements, de réformes, d’actualisation de son modèle socioéconomique. Quelle voie prétend suivre Cuba ?

EL : Cuba, qui a pratiqué la solidarité et qui a tendu sa main généreuse à tous ceux qui luttent et qui souffrent, a le droit de choisir sa propre voie. Nous ne trahissons personne. Nous n’avons de dette envers personne. Cuba se libère seule et jouira pour cela de la solidarité de toutes les personnes décentes et généreuses de la terre. Je crois que le meilleur héritage que nous ayons reçu de notre histoire est cette volonté d’être originaux. On attribue au maître de Simón Bolívar le fait d’avoir dit une fois : « Quand nous n’inventons pas, nous nous trompons » (Cuando no inventamos, erramos).

On nous attend au tournant, comme toujours, à chaque fois que nous menons une bataille victorieuse. Mais peu importe, nous sommes habitués à cela. Le changement est inévitable. Tout ce qui stagne, périt. Le peuple a le droit de rectifier ses propres erreurs, dans la recherche de la vérité, dans la recherche de son propre chemin. Je suis persuadé que Cuba va dans la bonne direction, sans hésitation. A l’évidence, on met à l’épreuve la célèbre loi de la lutte entre les contraires, entre ceux qui veulent le progrès et leurs adversaires, entre ceux qui veulent lever les sanctions économiques et les partisans de cette politique anachronique.

Extrait de : Cuba, parole à la défense ! Paris, Editions Estrella, 2015 20€

Envoyé par l'auteur

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article