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Réveil Communiste

L’économie au miroir de la transition

13 Avril 2015 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Economie, #Impérialisme, #l'Europe impérialiste et capitaliste, #Russie, #Europe de l'Est

L’économie au miroir de la transition

12 avril 2015 lu sur PCF bassin

Près de 17 ans nous séparent de la crise financière d’août 1998 qui marqua la fin de la première période de la transition, mais aussi signa l’échec des politiques occidentales dans les pays de l’Est et en Russie. De cet événement découlent des modifications importantes dans le discours de certaines organisations internationales, comme le FMI, mais aussi des changements géopolitiques importants, que l’on a résumé sous le titre d’un « retour de la Russie ». En fait, c’est plus précisément un « retour des Nations » dont il s’agit[1]. Il est donc important de bien comprendre ce qui fut à l’origine de ce changement majeur. Par ailleurs, on s’obstine à vouloir reproduire aujourd’hui au sein de la zone Euro, et en particulier en Grèce, certaines des politiques qui ont échoué en Russie. Comprendre les raisons de cet échec constitue donc un second enjeu d’importance par rapport à la situation actuelle en Europe.

I. Le contexte.

La désintégration des systèmes économiques de type soviétique a lancé un défi conceptuel de première grandeur à la « macroéconomie standard ». Certains des meilleurs représentants de cette école sont intervenus, directement ou indirectement, dans l’application des politiques économiques de la Russie. Or, ces dernières ont abouti à la crise financière du 17 août 1998 qui a emporté non seulement un gouvernement mais aussi bien des illusions[2]. Si aboutissement n’implique pas nécessairement causalité, ceci pose néanmoins un certain nombre de questions auxquelles il convient de prêter attention. Pour avoir accepté un rôle de conseiller, l’économiste ne peut plus se soustraire à une controverse sur les conséquences de ses conseils, que ces derniers aient été appliqués à la lettre ou non.

Les événements qui sont survenus dans les pays ex-« socialistes » constituent un moment privilégié de vérification d’un certain nombre de conjectures, des pans entiers de cadres théoriques étant soumis à un test de validation. Ceci n’est pas nouveau : en réalité, on pouvait dès 1993 tirer un premier bilan théorique[3]. Au cœur des divergences entre les analyses sur l’évolution de la situation économique en Russie se trouvait une confrontation entre cadres théoriques opposés, et en particulier sur la nature et la dynamique de l’inflation [4]. Le débat, entre 1992 et 1995, n’eut pas lieu entre ceux qui proposaient une approche macroéconomique du problème de la stabilisation (globalement les partisans de la macroéconomie standard) et ceux qui auraient eu une approche plus microéconomique (globalement, leurs opposants). Le débat se situait entre des économistes prétendant que l’on peut faire de la macroéconomie sans passer par la microéconomie et ceux qui, au contraire, affirmaient qu’il ne saurait y avoir de propositions énoncées au niveau macroéconomique que fondées sur une analyse microéconomique. C’est donc une vision globale de l’économie, du comportement et de la nature des agents qui y opèrent et des formes de médiations entre les différents niveaux qui est en cause.

Au-delà, on peut considérer que la méconnaissance par nombre des économistes standards des caractéristiques spécifiques des économies soviétiques a été la base d’une attitude qui a largement nié la spécificité de la transition[5]. Mais, on peut aussi avancer que la méthodologie instrumentaliste qui caractérise l’économie standard[6], et qui se manifeste par un refus de prendre en compte le « réalisme », constitue l’explication d’une attitude dont les résultats se sont révélés désastreux.

II. Les enjeux d’une controverse

On appelle transition le mouvement de décomposition et de destruction de l’ancien cadre institutionnel, conjugué à un processus de reconstruction d’un nouveau cadre. L’emploi de la formule “transformation systémique” peut laisser penser que le changement est en l’occurrence une totalité faisant système. Or persistent dans le cours du processus des éléments antérieurs. Plus profondément, l’idée d’un changement de type systémique, si elle peut être pertinente à long terme, risque de masquer à court terme les phénomènes de réemploi d’institutions anciennes dans des contextes nouveaux[7]. Ces phénomènes ne sont nullement particuliers à la transition étudiée et doivent être entendus comme une forme même du changement social. En spécifiant strictement un contenu institutionnel du terme transition, on évite tout autant l’écueil du normativisme que celui d’une vision télescopant un devenir incertain dans un présent mesurable. Mais, justement, la nécessité où l’on se trouve de devoir spécifier un terme montre que la théorie affleure immédiatement dans l’analyse descriptive et que des débats méthodologiques plus ou moins refoulés resurgissent au sein de la discussion théorique [8]. Tel est le premier sens que l’on peut donner à un test de validation. Il oblige les participants à expliciter les fondements de leurs analyses, même et surtout si ces fondements semblaient a priori hors de toute discussion.

Ce test peut avoir une deuxième signification : la confrontation d’énoncés prescriptifs de la forme « pour obtenir (a) il convient de réunir les éléments (x,y,…) » avec les résultats obtenus. Cette signification est certainement celle que l’on retient le plus couramment, en raison justement de la multiplication des énoncés prescriptifs ayant accompagné la transition. On rappelle ici que la validation (ou l’invalidation) ne peut se dérouler à ce deuxième niveau sans mobiliser le premier que l’on vient d’évoquer. Pour spectaculaire et pédagogique qu’elle soit, la confrontation prescription/résultat ne peut donner lieu à une généralisation que dans la mesure où elle est mise en perspective par une seconde confrontation, celle entre l’énoncé prescriptif et ses fondements théoriques et méthodologiques. Les deux significations du test doivent être combinées en raison de la présence d’éléments théoriques dans les instruments servant à établir les résultats. Ce problème, une manifestation de la conjecture de Duhem et Quine[9], est par ailleurs au cœur de toute méthodologie scientifique dans les sciences sociales. La confrontation avec les données n’est donc pas suffisante pour prétendre à une vérification, dans la mesure où toutes les données sont construites, c’est-à-dire incorporent un élément théorique plus ou moins important. Reconnaître ceci est une critique explicite tant de la démarche inspirée de Karl Popper[10] que de la manière dont elle est pratiquée en économie. Ceci qui ne condamne pas naturellement l’usage des données, ni l’économétrie, mais conduit à adopter une méthode de travail particulière où l’on cherche à prendre en compte le réalisme des hypothèses de base[11], ainsi que la cohérence interne du discours telle qu’elle se manifeste par le respect des hypothèses de base et la non-introduction d’une hypothèse ad hoc dans le cours du raisonnement[12].

III. Une critique de la macroéconomie standard.

La très grande majorité des énoncés formulés au sujet de la transition l’ont été du sein de ce que l’on appellera ici la macroéconomie standard, qui combine un attachement à la notion d’équilibre et des éléments issus d’une des lectures de Keynes (la plus conformiste possible), le tout plus ou moins mélangé, suivant les époques, avec des influences monétaristes (dans les années quatre-vingt) ou néo-institutionnalistes (dans les années quatre-vingt-dix). Dans un premier temps, il y a donc des énoncés généraux quant à la stabilisation macroéconomique, puis des énoncés particuliers censés tenir compte des conditions spécifiques des pays concernés. Pour ces deux temps, et contrairement à des affirmations imprudentes, les énoncés n’ont jamais été indiscutables. Ils ont toujours donné lieu à des débats plus ou moins vifs et c’est au prix d’une déformation sensible de la vérité qu’ils ont été présentés comme des points de consensus pour l’ensemble des économistes.

Dans ce cadre, la stabilisation macroéconomique signifiait à l’époque l’inflation la plus faible possible combinée à un équilibre de la balance des paiements courants[13] et à la stabilisation du taux de change. Si le pays était fortement endetté[14], le dégagement d’un excédent commercial devenait à son tour un objectif[15]. Des paramètres comme la stabilisation du déficit budgétaire à moins de 5 % du PIB et la stabilité du taux de change sont aussi utilisés pour définir la stabilisation. Suivant les auteurs, son contenu est plus ou moins réduit à la lutte contre l’inflation. Cette définition renvoie à une analyse des causes de la déstabilisation. Certains mettent en relief des erreurs antérieures de la politique macroéconomique (souvent qualifiée alors de “populiste”). D’autres auteurs ont souligné la montée de déséquilibres structurels qui détériorent la compétitivité de l’économie considérée. Ces déséquilibres sont généralement associés à ce qui est présenté, dans la vision de la macroéconomie standard, comme des déformations structurelles : la permanence de politiques protectionnistes, des systèmes de contrôle des prix ou encore la présence d’un large secteur public fortement subventionné[16].

Sous des aspects qui sont en apparence descriptifs, la définition de la stabilisation est ainsi en réalité normative. Bien souvent, elle s’accompagne d’une confusion entre les situations d’inflation et d’hyperinflation[17], comme ce fut le cas justement pour la Russie[18]. Ce raisonnement chartiste est dépourvu de toute base scientifique. L’hyperinflation procède en réalité d’un changement radical des conditions de formation des anticipations des agents qui conduit à une accélération régulière des rythmes de l’inflation[19]. Quand l’inflation est totalement identifiée à une hyperinflation, les énoncés prescriptifs insistent sur la mise en place d’une règle monétaire la plus rigide possible, pouvant en certains cas culminer dans un Currency Board [20]. Il s’agit là d’une solution extrême, qui est loin cependant de faire l’unanimité parmi les économistes standards.

Si la déstabilisation antérieure n’est pas le produit d’un choc exogène ou d’un déséquilibre macroéconomique clairement identifiable, la stabilisation implique que les facteurs structurels de déstabilisation sont en voie de réduction. M. Bruno considère ainsi que dans, une situation où l’essentiel réside dans des restructurations micro-économiques importantes, tout taux d’inflation stable compatible avec ces restructurations peut être qualifié de stabilisation[21]. Notons la grande similitude de cette position avec celle qui aujourd’hui est opposée au gouvernement grec par l’Eurogroupe. Cette position représente fort probablement l’autre extrême, en opposition à l’appui au Currency Board, dans le spectre propre à la macroéconomie standard. Néanmoins, le plus souvent, la recherche du taux d’inflation le plus faible possible reste une sorte d’article de foi, la faible inflation étant supposer engendrer mécaniquement des taux d’intérêt bas et une stabilité de l’environnement, propices au développement de l’investissement.

Ceci introduit le problème de la dynamique de la stabilisation. Or certains auteurs reconnaissent que le passage de la lutte contre l’inflation à la croissance est extrêmement difficile[22]. La séquence déstabilisation – programme de stabilisation – ajustement structurel – croissance stabilisée n’est pas automatique et ne résulte pas automatiquement de la baisse de l’inflation et de celle, consécutive, des taux d’intérêt. Elle sous-entend des investissements considérables. Ces derniers doivent être réalisés simultanément dans le secteur public et dans le secteur privé, en raison de leur complémentarité[23]. Toute politique de stabilisation freinant ces investissements, par exemple par des taux d’intérêt trop élevés ou une contraction trop forte des dépenses publiques, contribue en réalité à la perpétuation des causes profondes de la déstabilisation[24]. C’est ce qui fut constaté en Russie dans les années 1990, et que l’on peut observer à nouveau dans le cas de la Grèce. Dans nombre de cas, l’ampleur des restructurations implique de les amorcer en même temps que la stabilisation. Les éléments d’un conflit d’objectifs, qui peut sérieusement perturber tant l’élaboration que la mise en œuvre d’une politique économique, sont donc réunis. Rappelons simplement ici une évidence : si la séquence optimale n’est pas déterminée, voire si elle n’est pas déterminable hors des préférences particulières des acteurs, l’élaboration de la politique économique suppose la constitution d’un espace de parole public permettant l’expression des préférences et le dégagement d’une opinion commune. Mais, l’existence de cet espace de parole public n’est pas, et c’est le moins que l’on en puisse en dire, perçu de manière favorable tant par les institutions internationales que aujourd’hui par la Commission de Bruxelles.

Ceci signifie que la détermination de la politique économique doit renvoyer à un ordre démocratique et non à un ordre technicien[25]. Elle ne peut être le seul fait des experts mais nécessite un soutien majoritaire au sein du système politique. Or, nouvelle contradiction, les experts appartenant au monde de l’économie standard ont souvent pris des positions tendant à la réduction de l’espace démocratique au profit d’un exécutif autoritaire, censé être le mieux placé pour appliquer la politique résultant de leurs conseils.

On doit alors distinguer deux lignes de partage dans les énoncés prescriptifs concernant la stabilisation. La première est celle qui oppose les programmes dits hétérodoxes aux programmes réputés orthodoxes. Ces derniers se caractérisent par des mesures fiscales (réduction des dépenses et dégagement d’un excédent budgétaire) et monétaires (contrôle direct de la masse monétaire et hausse très importante des taux d’intérêt) extrêmement strictes, dont on a dit qu’elles pouvaient culminer dans un Currency Board. Ils se réfèrent principalement à des situations comme celle de l’Allemagne ou de l’Autriche des années vingt. En revanche, les programmes dits hétérodoxes peuvent introduire des éléments de contrôle des prix ou de politique des revenus ; ils sont toujours associés à des mesures structurelles visant à renforcer le degré de concurrence[26]. La seconde ligne de partage oppose une démarche privilégiant la dimension macroéconomique de la stabilisation à une démarche tenant compte des conditions microéconomiques. La première position voit se rejoindre de manière paradoxale les influences monétaristes et la vulgate keynésienne. Non seulement l’inflation est purement envisagée comme un phénomène monétaire, mais sa réduction brutale est tenue pour être sans influence sur le niveau d’activité à moyen terme. Ceci n’implique pas nécessairement que la microéconomie soit ignorée, mais on suppose que les acteurs opérant à ce niveau s’ajustent automatiquement aux conditions créées par les mesures macroéconomiques. La décision microéconomique est donc réduite à l’action d’un automate parfaitement prévisible.

IV. Les énoncés contradictoires de la transition.

En ce qui concerne la transition des anciennes économies de type soviétique, les énoncés prescriptifs comportaient le plus souvent un mélange de ces programmes orthodoxes et hétérodoxes[27]. Dans la plupart des cas, on retrouvait les cinq mesures suivantes[28]:

- une libération des prix, totale ou progressive, mais aboutissant rapidement au même résultat ;

- une politique budgétaire visant à la réduction du déficit, voire au dégagement d’un excédent ;

- une politique monétaire fortement restrictive combinant une forte hausse des taux d’intérêt et un ancrage nominal de la devise nationale sur le dollar ou le DM ;

- une politique des revenus, mise en place pour certains pays (Pologne, Hongrie, République tchèque) ;

- une ouverture rapide de l’économie au commerce international par le démantèlement des droits de douane et le passage à la convertibilité de la devise.

C’est l’application simultanée de ces mesures qui a défini ce qu’il a été convenu d’appeler la “thérapie de choc”[29]. Ces mesures s’accompagnaient généralement d’un volet structurel, qui a varié d’un pays à l’autre. La République tchèque et la Russie ont mis l’accent sur la privatisation, en utilisant la méthode des coupons, alors que la Pologne et la Hongrie ont privilégié la restructuration des entreprises publiques et la création d’un système bancaire solide.

La question de la convertibilité, tout comme celle de la vigueur de la lutte contre l’inflation, ont été parmi les plus débattues de la politique de stabilisation spécifique à la transition. Il faut se souvenir que, du temps des régimes de type soviétique, la devise était en réalité inconvertible (avec des mesures réglementaires draconiennes), tout en n’ayant qu’une fongibilité limitée du fait des pénuries et du rationnement organisé sur le marché intérieur.

Dans le cas de la Russie, les mesures immédiatement prises en 1992 s’apparentaient à celles qui furent appliquées en Pologne, mais avec des différences probablement inévitables en raison de la spécificité de la situation[30]. Il faut rappeler la grande crainte des gouvernements occidentaux de l’époque, et de celui des Etats-Unis en particulier, d’un effondrement complet de la Russie laissant libre cours à l’émergence de micro-Etat susceptibles de disposer de l’arme nucléaire. Suite aux premiers résultats enregistrés en Russie à la fin de 1992 et au début de 1993, les énoncés prescriptifs ont tendu à évoluer vers ce que l’on a nommé un programme de stabilisation “orthodoxe”.

Les énoncés prescriptifs de la macroéconomie standard sont donc facilement repérables et ont peut les identifier sans difficulté dans le discours de politique économique relatif à la Russie. Même s’ils pouvaient contenir une certaine dose de pluralisme à la fin des années quatre-vingt, ils se sont radicalisés et, en un sens, rigidifiés à partir de 1992-1993. Ceci est parfaitement visible dans le traitement du problème de l’inflation et, implicitement, dans celui du problème de la décision politique. L’engagement direct ou indirect des macro-économistes standards en faveur de pouvoirs exécutifs forts, au détriment de la construction de réelles institutions démocratiques, est indéniable et a trouvé son apogée dans les semaines qui ont précédé et suivi la dissolution du Parlement russe en octobre 1993.

Il est possible que la radicalisation des attitudes politiques ait été le fruit de la radicalisation progressive des interprétations théoriques. Ceci cependant ouvre un autre débat celui des vues politiques implicites que charrie une certaine intelligence de l’économie. On peut néanmoins dire qu’il est illusoire de croire que prescriptions économiques et politiques puissent être complètement séparées et que la compréhension de leurs interactions doit faire partie du travail de l’économiste.

V. La critique des thèses de l’économie standard.

La convergence entre les énoncés propres à la stabilisation et ceux employés à propos des pays en transition, et spécifiquement de la Russie, n’a cependant jamais signifié un consensus parmi les chercheurs. Des énoncés critiques se sont développés rapidement, dès les années 1992-1993. Ces énoncés ont été le fait tant d’économistes opérant au sein du paradigme standard, mais acceptant de regarder la réalité en face, que celui d’économistes en rupture avec ce paradigme.

Dans l’ensemble des pays en transition, les politiques de stabilisation ont entraîné des récessions plus ou moins importantes, au moins pendant les premières années[31], ce qui diffère des expériences de stabilisation consécutives à des crises hyper-inflationnistes. Cette divergence conduisit R. Portes à considérer que les politiques de stabilisation menées dans les pays en transition avaient été erronées car faisant l’impasse sur des situations microéconomiques et institutionnelles très différentes de celles des économies de marché développées[32]. Il était par ailleurs évident que la contraction brutale de la demande, qui caractérisait les politiques traditionnelles de stabilisation, avait pour effet de ralentir la restructuration au niveau microéconomique[33]. Dans ces conditions on pouvait considérer que la récession était elle-même une des causes de l’inflation[34]. Par ailleurs, on sait bien que, même dans des économies de marché développées, la politique monétaire a un effet proportionnellement plus fort sur les PME/PMI que sur les grandes entreprises[35]. Dans le contexte d’économies sortant du modèle soviétique, où prédominait initialement la grande entreprise (sauf, pour des raisons historiques particulières, en Pologne et en Hongrie), cet élément devenait singulièrement important. La politique monétaire a eu des effets sur l’offre, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, qui excédaient largement les gains en terme de contrôle de la demande. L’accent mis sur les politiques macroéconomiques fut jugé excessif[36], et la priorité donnée à la lutte contre l’inflation fut reconsidérée au profit de politiques censées favoriser la croissance et l’investissement[37].

L’ampleur de la dépression a conduit à s’interroger sur la responsabilité de la politique monétaire. Pourtant, la thèse d’une forte contraction du crédit, ce que l’on appelle un « credit crunch », est loin de faire l’unanimité[38]. La politique monétaire fut considérée comme tout simplement inefficace[39]. L’argumentation repose sur deux points : d’une part, le volume réel des crédits aurait peu changé durant la phase restrictive et, de l’autre, une expansion ultérieure n’a pas entraîné de reprise de l’activité. On insiste alors sur les causes “réelles” de la dépression, comme la décroissance des échanges internationaux[40] ou l’ampleur des transformations structurelles à accomplir[41].

Le raisonnement exonérant la politique monétaire est cependant très critiquable. Pour mesurer un effet restrictif, il ne faut pas comparer les volumes réels du crédit d’une période à l’autre mais les comparer à la demande de financement des agents. Un même volume peut tout aussi bien indiquer une expansion qu’une contraction, suivant que les besoins ont diminué ou se sont accrus. La transition s’est à l’évidence accompagnée d’une très forte augmentation des besoins de financement des agents, liée à deux facteurs : la libération des prix avait détruit les fonds de roulement des entreprises et le changement des prix relatifs fait apparaître des besoins de restructuration impliquant de nouveaux financements. Quant à déduire de la non-reprise de l’activité lors des phases expansives que les phases de contraction n’ont pas d’effet, cela revient tout simplement à oublier la présence d’effets de cliquet dans l’économie. Plus généralement, ainsi que l’ont expliqué en 1992 deux auteurs russes, l’architecture structurelle de l’économie et les comportements microéconomiques en découlant rendaient inopérants les instruments traditionnels des politiques de stabilisation[42].

Par ailleurs, l’accent mis par certains auteurs sur les causes réelles de la dépression ne signifiait pas qu’ils approuvaient la politique monétaire restrictive. Celle-ci était considérée comme freinant la transformation structurelle tout en n’ayant qu’une efficacité très faible pour lutter contre une inflation dont les origines seraient largement microéconomiques[43]. On doit d’ailleurs ajouter ici que, dans la mesure où l’on était prêt, ainsi que l’attestent les propositions de J. Sachs (1994), à sacrifier la zone rouble pour le bien de la politique monétaire, les effets dépressionnaires de la chute du commerce dans la CEI sont bien à mettre au débit de cette politique monétaire.

Les auteurs les plus critiques envers les politiques menées à partir de 1990 sont aussi ceux qui considéraient la politique monétaire comme excessivement restrictive, qu’ils appartiennent au courant de l’économie standard comme Richard Portes ou à d’autres écoles comme l’école structuraliste[44]. Le débat sur la nature des politiques de stabilisation en Russie et dans les économies en transition en général n’a ainsi jamais cessé[45]. Les termes en furent posés dans un numéro de la revue Économie Internationale (n° 54, 1993), où un certain nombre d’énoncés vont à contre-courant des positions de la macroéconomie standard. Ces arguments furent approfondis lors d’un séminaire conjoint de la Banque de France et de la Banque centrale de Russie en 1995 [46], ainsi que dans un livre collectif sur les problèmes monétaires et financiers de la Russie[47]. Parmi ces énoncés, trois auraient dû retenir l’attention.

- Le premier affirmait la nécessité de renforcer, voire de construire un système solide de paiement et de transaction, faute de quoi une politique restrictive – à la fois dans les domaines monétaire et budgétaire – pouvait fort bien induire un risque de système[48].

* Un second énoncé concernait les banques[49]. La nature même du système bancaire russe rendait potentiellement dangereuse toute politique monétaire restrictive. Ces deux énoncés ne faisaient d’ailleurs qu’appliquer à la Russie les résultats de travaux parfaitement connus sur la microéconomie en situation d’information imparfaite[50].

- Un troisième énoncé se rapportait aux effets pervers qu’une politique de stabilisation de type orthodoxe ne pouvait manquer de produire dans les conditions russes[51]. Une politique monétaire fortement restrictive était présentée comme susceptible d’engendrer le développement d’un endettement interentreprises (impayés croisés) et de monnaies locales. La hausse des taux d’intérêt devait provoquer un phénomène de sélection adverse dans le système bancaire, une accentuation du risque de système dans la sphère financière et un ralentissement de l’investissement et de la restructuration, prolongeant les causes structurelles de la déstabilisation. Enfin, une réduction rapide du déficit budgétaire devait accroître la dépression, favoriser une substitution des institutions locales aux institutions nationales et ainsi renforcer les pouvoirs locaux au détriment du pouvoir fédéral, tout en créant de nombreuses rigidités en particulier dans le marché du travail[52].

Ces critiques portaient d’autant plus que l’on récuse la vision néoclassique attribuant aux prix seuls le pouvoir de dicter les décisions des agents. L’incertitude et le risque interviennent alors comme des déterminants d’une rentabilité attendue et servent à expliquer les retards dans les décisions[53] ainsi que l’existence de coûts d’ajustement[54]. L’incertitude quant à la demande, intégrée dans les spécifications d’une fonction d’investissement, a des conséquences très importantes, comme l’a montré E. Malinvaud[55]. Patrick Artus a souligné il y a plusieurs années que, dans ces conditions, les capacités de production des entreprises divergent des débouchés en fonction de l’incertitude pesant sur la demande[56]. Reprenant sa première étude, E. Malinvaud devait établir, dans un article ultérieur, que le rôle de la rentabilité dans la décision d’investir dépend directement du degré d’incertitude atteint[57]. Il était difficilement niable que la transition allait entraîner une forte incertitude. Dans ces conditions, la contraction de la demande engendrée par les politiques d’austérité budgétaire ne pouvait que provoquer un effondrement de l’investissement et, à partir de là, une rigidité structurelle de l’appareil productif au moment même où la flexibilité était impérativement nécessaire.

VI. Conclusion d’étape.

Il est donc incontestable que la macroéconomie standard a produit une série d’énoncés prescriptifs concernant la Russie. Il est tout aussi incontestable que ces énoncés ont bien guidé une partie des mesures qui furent mises en œuvre. La zone rouble a été dissoute et les taux d’intérêt sont devenus fortement positifs ; la politique monétaire a conduit à un strict contrôle de la masse monétaire (on a même observé une baisse de la base monétaire en 1997/98) et une forme d’ancrage nominal du rouble a fonctionné, au moins entre 1994 et 1996, se traduisant par une forte réévaluation réelle (+90 %) dont les conséquences furent catastrophiques sur l’économie russe. Les dépenses budgétaires ont été réduites d’année en année, la puissance publique contribuant à cette baisse entre autres par des non-paiements. Mais, ces non-paiements ont entraîné une rétention des recettes fiscales, tant par les entreprises que par les régions, affaiblissant le volet recette du budget. Le rouble est devenu convertible et la Russie a été ouverte aux mouvements de capitaux, y compris à court terme. Enfin, à l’instar de la République tchèque, le pays a connu un processus de privatisation rapide et extensif. Les prix ont été libérés et réajustés vers les prix mondiaux. Au total, même si on ne peut pas dire que le programme initial a été intégralement rempli (mais quel programme l’est-il ?), il est indéniable que les énoncés prescriptifs de la macroéconomie standard se sont incarnés dans une série de mesures concrètes appliquées en Russie de 1992 à 1996. Il est cependant tout aussi indéniable que ces énoncés n’ont jamais convaincu l’ensemble des spécialistes et qu’ils ont soulevé un nombre croissant de critiques. Affirmer, comme le fit le FMI[58], que ces énoncés constituaient un consensus est une contre-vérité flagrante et éhontée. Refuser d’entendre les critiques n’a jamais signifié que ces dernières n’existent pas. Car critiques il y eut et non seulement dans les analyses, mais aussi dans les évolutions économiques qui démentaient avec régularité les prévisions attachées aux prescriptions.

NOTES

[1] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008.

[2] Nekipelov A., »L’instauration d’une économie de marché », pp. 67-121, in La Transition Russe, Vingt Ans Après, (avec V. Ivanter, D. Kuvalin et A. Nekipelov), Éditions des Syrtes, Paris-Genève, 2012.

[3] Sapir J. (1993b), “Les enseignements d’une transition”, Cahiers Internationaux de Sociologie, vol XCV, juillet-décembre, pp. 289-332.

[4] Voir par exemple ma réponse aux thèses de J. Sachs développée in Sachs J. (Ed.) (1990), Developing Country Debt and Economic Performance, 2 vol., Chicago, Mich. : University of Chicago Press in Sapir J. (1993a), “Formes et natures de l’inflation : pourquoi les thérapies classiques sont vouées à l’échec”,Économie Internationale, n° 54, 2ème trimestre, pp. 25-65. Inversement, S. Fisher réaffirme que « en Russie, comme ailleurs, l’inflation est un phénomène monétaire » Fisher S. (1994), “Prospects for Russian stabilization in the Summer of 1993”, in A. Åslund (Ed.), Economic Transformation in Russia, New York : St. Martin’s Press, pp. 8-25, p. 15.

[5] Ivanter V., « Comprendre les transformations de la Russie contemporaine pour comprendre l’économie mondiale », p. 7-21, in La Transition Russe, Vingt Ans Après, (avec V. Ivanter, D. Kuvalin et A. Nekipelov), Éditions des Syrtes, Paris-Genève, 2012..

[6] Sapir J., Les trous noirs de la science économique – Essai sur l’impossibilité de penser le temps et l’argent, Albin Michel, Paris, 2000.

[7] Lepetit B. (1995), “Le présent de l’histoire”, in B. Lepetit (éd.), Les formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris : Albin Michel, pp. 273-298 ; Sapir J. (1997b), “Penser l’expérience soviétique”, in J. Sapir (éd.), Retour sur l’URSS, Paris : L’Harmattan, mai, pp. 9-44

[8] Sur cet inévitable et nécessaire retour de la méthodologie, cf. Caldwell B. J. (1990), “Does methodology matters? How should it be practiced?”, Finnish Economic Papers, Vol. 3, n° 1, pp. 64-71 et Idem, (1993), “Economic methodology: Rationale, foundation, prospects”, in U. Mäki, B. Gustafsson and C. Knudsen (Eds.), (1993), Rationality, Institutions and Economic Methodology, London & New York : Routledge, pp. 45-60.

[9] Duhem P. (1954), The Aim and Structure of Physical Theory, Princeton, NJ. : Princeton University Press ; Quine W. (1953), “Two dogmas of empiricism”, in W. Quine (Ed.), From a Logical Point of View, Cambridge, Mass. : Harvard University Press, pp. 20-46.

[10] Hands D. W. (1992), Testing Rationality and Progress: Essays on the Popperian Tradition in Economic Methodology, Latham, NJ. : Rowman & Littlefield ; Klant J. J. (1990), “Refutability”, Methodus , Vol. 2, n° 2, pp. 34-51 ; Hausman D. M. (1988), “An Appraisal of Popperian Methodology”, in N. de Marchi (Ed.), The Popperian Legacy in Economics, Cambridge : Cambridge University Press, pp. 65-85 ; Mäki U. (1990), “Economic Methodology: complaints and guidelines”, Finnish Economic Papers, Vol. 3, n° 1, pp. 77-84.

[11] Lawson T. (1989), “Realism and instrumentalism in the development of econometrics”, Oxford Economic Papers, Vol. 41, January, pp. 236-258.

[12] Sapir J. (1998a), “Calculer, comparer, discuter : apologie pour une méthodologie ouverte en économie”,Économies et Sociétés, série F, vol. 36, n° 1, numéro spécial, « Pour aborder le XXIème siècle avec le développement durable », édité par S. Passaris et K. Vinaver en l’honneur du professeur Ignacy Sachs, pp. 77-89

[13] Bruno M., di Tella G., Dornbusch R. & Fisher S. (Eds.) (1988), Inflation Stabilization: The Experience of Israel, Argentina, Brazil, Bolivia and Mexico , Cambridge, Mass. : MIT Press. Dornbusch R. & Simonsen M. (1987), Inflation Stabilization with Incomes Policy Support: A Review of the Experience of Argentina, Brazil and Israel , New York, NY : Group of Thirty.

[14] Sachs J. (Ed.) (1990), Developing Country Debt and Economic Performance, 2 vol., Chicago, Mich. : University of Chicago Press

[15] Ceci fut à l’évidence un problème important dans le cas de la Hongrie : Kornai J. (1994), “Transformational recession: The main causes”, Journal of Comparative Economics, Vol. 19, n° 1, August, pp. 36-63.

[16] Bruno M. (1993), “Stabilization and the macroeconomics of transition – How different is Eastern Europe ?”, The Economics of Transition, Vol. 1, n° 1

[17] Dornbusch R. & Fischer S. (1986), “Stopping hyperinflations past and present”, Weltwirtschafliches Archiv , Vol. 122, n° 1.

[18] Åslund A. (1994), “Lessons of the first four years of systemic change in Eastern Europe”, Journal of Comparative Economics, Vol. 19, n° 1, August.

[19] Aglietta M. & Orléan A. (1982), La violence de la monnaie , Paris : PUF ; Schacht H. (1927), The Stabilization of the Mark , Londres : Allen & Unwin.

[20] Le Currency Board fut ainsi proposé pour la Russie dès 1993 : Hanke S., Jonung L. & Schuler K. (1993), Russian Currency and Finance: A Currency Board Approach to Reform, London & New York : Routledge.

[21] Bruno M. (1993), “Stabilization and the macroeconomics of transition – How different is Eastern Europe ?”, op.cit..

[22] Bruno M. & Meridor L. (1991), “The costly transition from stabilization to sustainable growth: Israel’s case”, in M. Bruno, S. Fisher, E. Helpman, N. Liviatan and L. Meridor (Eds.), Lessons of Economic Stabilization and its Aftermath, Cambridge, Mass. : MIT Press

[23] Chose bien démontrée il y a plus de trente ans dans Blejer M. & Khan M. (1984), “Government Policy and Private Investment in Developing Countries”, IMF Staff Papers, Vol. 31, n° 2.

[24] Kiguel M. & Liviatan N. (1992b), “The business cycle associated with exchange-rate-based-stabilization”, World Bank Economic Review, Vol. 6, n° 2 ; Serven L. & Solimano A. (1992), “Private investment and macroeconomic adjustment: A survey”, The World Bank Research Observer, Vol. 7, n° 1, pp. 95-114.

[25] Sapir J., Les économistes contre la démocratie – Les économistes et la politique économique entre pouvoir, mondialisation et démocratie, Albin Michel, Paris, 2002.

[26] Kiguel M. & Liviatan N. (1992b), “The business cycle associated with exchange-rate-based-stabilization”, op.cit.

[27] Blanchard O., Froot K., Krugman P., Layard R. & Summers L. (1991), Reform in Eastern Europe, Cambridge, Mass. : MIT Press.

[28] Lavigne M. (1995), The Economics of Transition, London : Macmillan.

[29] Dornbush R. (1991), “Priorities of economic reform in Eastern Europe and the Soviet Union”,Occasional paper n° 5, CEPR, London.

[30] Nuti D. M. & Pisani-Ferry J. (1992), “Post-Soviet issues: Stabilization, trade and money”, The Economic Conséquences of the East, London : CEPR

[31] Calvo G. A. & Coricelli F. (1992), “Stabilizing a previously centrally planned economy: Poland 1990”,Economic Policy , n° 14.

[32] Portes R. (1993), “From central planning to a market economy”, in S. Islam and M. Mandelbaum (Eds.),Making Markets – Economic Transformation in Eastern Europe and Post-Soviet States , New York : Council on Foreign Relations, pp. 16-52

[33] Idem, p. 37.

[34] Islam S. (1993), “Conclusion: Problems of planning a market economy”, in S. Islam & M. Mandelbaum (Eds.) Making Markets , New York, N. Y. : Council on Foreign Relations, pp. 182-215, p. 207-208.

[35] Gertler M. & Gilchrist S. (1994), “Monetary policy, business cycle and the behavior of small manufacturing firms”, The Quarterly Journal of Economics , Vol. CIX, n° 2, Mai.

[36] Ellman M. (1994), “Transformation, depression, and economics: Some lessons”, Journal of Comparative Economics , Vol. 19, n° 1, August, pp. 1-21.

[37] Bhaduri A., Laski K. & Levcik F. (1993), Transition from the Command to the Market System: What Went Wrong and What to Do Now , Vienna : Vienna Institute for Comparative Studies, March, mimeo ; Islam S. (1993), “Conclusion: Problems of planning a market economy”, op.cit..

[38] Calvo G. A. & Coricelli F. (1992), “Stabilizing a previously centrally planned economy: Poland 1990”,Economic Policy , n° 14 ; Calvo G. A. & Kumar M. S. (1994), “Money demand, bank credit and economic performance in former Socialist economies”, IMF Staff Papers, Vol. 41, n° 2, Juin.

[39] Bofinger P. (1994), “Macroeconomic transformation in Eastern Europe: The role of monetary policy reconsidered”, in H. Herr, S. Tober and A. Westphal (Eds.), Macroeconomic Problems of Transformation , Aldershot : Edward Elgar.

[40] Rosati D. K. (1994), “Endogeneous budget deficits during transition: The mechanism and policy response”, in H. Herr, S. Tober and A. Westphal (Eds.), Macroeconomic Problems of Transformation , Aldershot : Edward Elgar

[41] Winiecki J. (1993), “Heterodox stabilisation in Eastern Europe, EBRD Working Paper, n° 8, London, Juillet.

[42] Zhukov S. V. & Vorobyov A. Ju. (1992), “Reforming the Soviet Union: Lessons from structural experience”, Wider Working Paper, WP.96, Helsinki, Janvier.

[43] Winiecki J. (1993), “Heterodox stabilisation in Eastern Europe, op.cit.

[44] Taylor L. (1994), “The market met its match: Lessons for the future from the transition’s initial years”,Journal of Comparative Economics, Vol. 19, n° 1, Août, pp. 64-87

[45] Sapir J. (1999a), “Russian crash of August 1998: Diagnosis and prescriptions”, Post-Soviet Affairs (ex-Soviet Economy), Vol. 15, n° 1, pp. 1-36, Amsden A., Kochanowicz J. & Taylor L. (1994), The Market Meets its Match, Cambridge, Mass. : Harvard University Press.

[46] Voir Bulletin de la Banque de France – Supplément Études , 2ème trimestre 1995.

[47] Sapir J. & Ivanter V. V. (sous la direction de) (1995), Monnaie et finances dans la transition en Russie . Un dialogue franco-russe, Paris : Editions de la Maison des Sciences de l’Homme-L’Harmattan.

[48] Aglietta M. & Moutot P. (1993), “Redéployer les réformes”, Économie Internationale, n° 54, 2ème trimestre, pp. 67-104.

[49] Pitiot H. & Scialom L. (1993), “Système bancaire et dérapage monétaire”, Économie Internationale, n° 54, 2ème trimestre, pp. 137-156.

[50] Stiglitz J. E. & Weiss A. (1981), “Credit rationing in markets with imperfect information”, American Economic Review, Vol. 71, n° 3.

[51] Sapir J. (1993a), “Formes et natures de l’inflation : pourquoi les thérapies classiques sont vouées à l’échec”, Économie Internationale, n° 54, 2ème trimestre, pp. 25-65

[52] Idem, p. 60.

[53] Nickell S. (1977), “Uncertainty and lags in the investment decisions of firms”, Review of Economic Studies, Vol. XLIV, n° 137, pp. 249-263.

[54] Pindyck R. (1982), “Adjustement costs, uncertainty and the behavior of the firm”, American Economic Review, Vol. 72, n° 4, June, pp. 415-427.

[55] Malinvaud E. (1983), “Profitability and investment facing uncertain demand”, Document de travail n° 8303, Paris : INSEE.

[56] Artus P. (1986), “Capacité de production, demande de facteurs et incertitude sur la demande”, in P. Artus et P.-A. Muet (éds.), Investissement et emploi, Paris : Economica, pp. 236-256.

[57] Malinvaud E. (1987), “Capital productif, incertitudes et profitabilité”, Annales d’Économie et de Statistique, n° 5, pp. 1-36.

[58] Brachet C. (1998), “Le FMI persiste et signe”, Le Monde, 16 septembre, p. 15.

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O
en quoi est-il dérangeant même à la suggestion de l'hétérodoxie disons radicale de dire au moment où il est question de la critique épistémologique des macro-économies standards de privatisation et d'austérité disons à la russe ou à la polonaise permettant ou présumant de l'ajustement microéconomique rationnel voire automatique ou robotique de dire qu'elles sont justement, l'expression d'un pouvoir de classes étrangères avec des fonds en out put donc violence,manipulation militaire et illégale aussi de l'investissement par l'équivalence générale mondiale et la démonétisation de l'équivalence endogène des reproductions économiques, se heurtant en plus à la résistance des forces productives socialisées et à leur intérêts comme à l'intégration des rapports de productions internes à une pluralité de républiques assez associées en socialisme et échanges et circulations, pour qu'il y ait un côté nécessairement militaire et contre-révolutionnaire donc destructeur de vie en masse de la désintégration; et donc, en effet, que même leur épistémologie de l'inférence valide du contrôle des résultats d'une action générale ayant des effets prévisibles réfutable ne valide pas pour autant seulement l'ouverture de crédit pour le renouvellement et l'ouverture sectorielle de l'appareil productif( disons les consommations intermédiaires) et les consommations terminales et le soutien progressif à l'innovation microéconomique ajusté aux styles progressifs des échanges et circulations interentreprises et secteurs proches du lieu( je veux dire l'avion et le marché kollkosien) et l'acheminement des gaz plus que les rentrées de devises - donc l'abus et la corruption zurichoisegenevoise et niçoise dite de l'oligarchie, pour le désendettement putatif aussi, mais que cela exige de dire que l'articulation macroetmicroénomique démocratique d'un plan conduisant à l'intégration du travail de la science contemporaine( les brevets soviétiques utilisés par les coréens et les japonais disons pas seulement) à l'économie soviétique et socialiste nationale et non seulement l'autonomie mondiale et juridique des savants de tous les secteurs exceptés l'armée et les branche de la police les plus internationales...car la macroéconomie qui ne parle pas des forces productives et de leur évolution ne parle pas de l'amélioration( y compris en célérité) du plan en rapports aux données venues( améliorée l'acheminement et al transmission, comme la saisie en temps et espaces) de la base en conseils de travailleurs ingénieurs et cadres, comme de l'articulation de l'innovation à son utilisation non ludique ou extrêmement sérieuse à l'inverse puisqu'il s'agit du nucléaire et de l'information entre autres mais aussi.
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