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Réveil Communiste

Une critique de la forme "blog" , dans Jonathan Crary : "24/7, le capitalisme à l'assaut du sommeil"

31 Juillet 2017 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate, #Ce que dit la presse, #GQ

Une critique de la forme "blog" mise en ligne en 2015 (depuis le blog a été dépassé par l'usage des réseaux sociaux).

"Les formes de contrôle qui ont accompagné l'essor du néolibéralisme dans les années 1990 ont été (...) invasives dans leurs effets subjectifs du fait de la dévastation de relations partagées et collectivement assumées. Le régime 24/7 présente l’illusion d'un temps sans attente, d'une instantanéité "à la demande", avec la promesse de pouvoir obtenir ce que l'on désire tout en demeurant isolé de la présence des autres. La responsabilité envers autrui qu'implique la proximité peut désormais être facilement mise hors circuit par la gestion électronique des routines et des contacts quotidiens. De façon peut-être plus décisive, le régime 24/7 a entrainé une atrophie de la patience individuelle et des égards essentiels à toute forme de démocratie directe : la patience d'écouter les autres, d'attendre son tour pour parler. Le phénomène du blog est un exemple parmi beaucoup d'autre du triomphe d'un modèle d'auto-conversation à sens unique d'où a été éliminé la possibilité de jamais avoir à attendre et à écouter quelqu'un d'autre. Le blog, quelles qu’en soient les intentions, est en ce sens un des nombreux signes avant-coureurs de la fin de la politique".

24/7 (24 heures sur 24, 7 jours sur 7), le capitalisme à l'assaut du sommeil, Jonathan Crary (sic!), Zones - La Découverte pp 135/136

Évaluation sommaire de l'ouvrage cité, en raccourci : un mélange de naïveté universitaire, de radicalité impuissante et sincère, et d’aperçus géniaux; ce livre est commenté par Bernard Stiegler dans "la Société Automatique" (2015)

La publication de cet extrait sur le blog RC a bien sûr une dimension autocritique. S'agit-il ici seulement d'une "auto-conversation" un peu élargie?

On peut considérer que le repli sur le blog est la conséquence d'une difficulté à trouver sa place dans les structures militantes qui existent. Excès d'individualisme, ce qui n'aurait rien d'étonnant pour quelqu'un longtemps égaré dans le situationnisme?

Autre limitation des blogs : paradoxalement leur caractère infini. Un texte publié sur le net n'est jamais clôt, toujours amendable, améliorable, réutilisable, voire inversable. Il n'a pas de date limite, son passé peut toujours être recomposé, et il dure éternellement. Or cette potentialité est aussi une faiblesse : la production intellectuelle doit s'objectiver en se détachant complètement de son/ses auteurs pour faire son entrée dans la réalité objective. A rester infiniment au stade de l'élaboration subjective elle rate le concret et n'entre pas dans un processus dialectique qui lui permet de se réaliser.

GQ, 18 mai 2017 (les curieux sont invités à rechercher sur le blog l'ancienne version de cette note ...).

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T
C'est ainsi que le blogueur est satisfait que son blog soit lu,et parfois commenté, mais n'accepte pas sur Facebook, ses lecteurs en "amis", et ne répond jamais à leurs mails. <br /> Quand comme Danielle B, il ne les insulte pas nommément sur PCF Bassin...
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G
Je crois que tu confonds deux aspects des choses : un blog est un espace public, destiné à communiquer avec un public qui ne fait pas partie des relations privées. Mais on n'est pas tenu de répondre aux messages privés. J'utilise facebook uniquement pour diffuser mes publication sur RC et non pour communiquer. Je ne considère pas forcément mes "amis FB" comme des amis au sens littéral. <br /> <br /> Cordialement GQ<br /> <br /> PS : En fait, je déteste "communiquer".
G
Il souligne bien le caractère bien pensant de cliché anticommuniste du film "le Docteur Jivago" (et en fait encore plus du livre dont il est tiré), qui montre le communisme en pratique comme l'invasion et le partage forcé de l’appartement d'un intellectuel raffiné et ouvert par des blaireaux bolcheviks et malpropres.
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G
En fait l'auteur, qui est un prof d'esthétique marxiste, qui enseigne à l'université de Columbia (mazette!) est encore la dupe des clichés de l'anti-stalinisme. Si comme il le dit le capitalisme en veut à la vie même (supprimer le sommeil, c'est tuer), il est légitime d'utiliser contre lui et les opportunistes qui voudraient y revenir des mesures les plus rigoureuses. N'est-il pas?<br /> <br /> Mais sans aller aussi loin, il pèche aussi en ce qu'il dénonce le capitalisme comme une forme du mal. Jamais Marx ne condamne le capitalisme en tant que tel, il raille l'hypocrisie de ses thuriféraires, ce n'est pas la même chose. Le socialisme doit reprendre et retourner dans le bon sens un bon nombre des techniques développée pour la domination du capitalisme; et les technologies internet aussi sans doute.<br /> L'auteur qui cite beaucoup Debord a trouvé un vrai angle critique révolutionnaire mais devrait cependant s'inspirer de lui et se poser la question de pourquoi on l'a invité à enseigner à Columbia, et pourquoi on l'a édité à "la Découverte"!
D
Je n'a pas aperçu les "aperçus géniaux". Ceux qui prédisent "la fin de la politique" sont aussi vieux qu'elle.
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G
L'évaluation porte sur le contenu global du livre et pour évaluer l'évaluation il va falloir se donner la peine de lire le livre (15 euros).
G
"Signe avant coureur" de la fin de la politique non point, je dirais plutôt "conséquence de ..." (c'est ce genre de chose que je range dans la naïveté universitaire.).
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