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Réveil Communiste

La Révolution n'est pas tolérante (retour sur "Charlie")

10 Janvier 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce que dit la presse, #GQ, #Théorie immédiate, #Front historique, #Antonio Gramsci, #Qu'est-ce que la "gauche", #Mille raisons de regretter l'URSS

Griffith contre l'intolérance, mais pour le Ku Klux Klan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci dessus l'affiche du film de Griffith "Intolérance". Par une singulière ironie, le grand cinéaste américain fut successivement à quatre ans d'intervalle le héraut de la tolérance et celui du Ku Klux Klan.

Les terroristes de Charlie Hebdo, de Nice ou du Bataclan ne provoquent ni admiration, ni compassion, malgré le sacrifice de leur vie, parce qu'ils sont cruels et pervers, et ne comprennent pas le monde dans lequel ils vivent. Mais ils peuvent tout de même nous apprendre quelque chose, puisque rien d'humain ne nous est étranger. Quelque chose sur l'intolérance, dont ils ont à revendre.

L'opposition entre l'athéisme bourgeois de Charlie Hebdo et les défenseurs intégristes de l'islam était une dialectique sans issue parce que les caricaturistes assassinés le 7 janvier 2015 essayaient inutilement de montrer que les musulmans auraient été intolérants sur le plan religieux, pour en quelque sorte les éduquer, et en le faisant ne faisaient qu'augmenter cette intolérance à laquelle ils prétendaient remédier au nom de valeurs "républicaines" c'est à dire bourgeoises.

La tolérance, contrairement à ce qu'on croit et fait croire dès l'enfance dans notre monde d'esclaves consommateurs n'est pas une vertu. Rosa Luxemburg s'est trompée le jour où elle déclara que "la liberté c'est la liberté de ceux qui ne pensent pas comme moi". Ceux qui ne pensaient pas comme elle l'ont tuée. Ou pire encore, ils ont laissé faire.

Les musulmans seraient intolérants, et alors? Nous aussi nous sommes intolérants : une révolution et une dictature du prolétariat, pourrait-on dire pour paraphraser Engels, ce sont les choses les plus intolérantes qui soient. C'est lorsque les musulmans deviendront aussi intolérants que nous le sommes de la société de classe qu'ils deviendront tolérants sur le plan religieux (à moins que la société du capitalisme démocratique libéral et tolérant ne les extermine avant - comme à Gaza).

L'URSS, avec ses limitations, avait réussi à assurer la coexistence pacifique des différentes traditions religieuses, en luttant fermement contre les intégrismes politisés, et 90% de ses habitants regrettent aujourd'hui cette paix des âmes qui semble hors de porté dans le capitalisme. Et les Afghans aussi.

Les musulmans en règle générale n'aiment pas qu'on critique les fondements de leur religion, et ils ont tort, parce que la critique consolide ce qu'elle critique, mais c'est leur problème et les athées rationnels n'ont pas besoin de polémiquer avec eux sur ce qui n'existe pas à leurs yeux.

Lorsqu'on est fermement convaincu de ses idées et prêt à engager sa vie pour elles, la tolérance des idées de l'adversaire est une faute logique et éthique, et celle qu'on proclame ne peut être qu'une ruse pour le tromper, ou un compromis provisoire qui reflète un rapport de force. Elle ne prévaudra sincèrement que lorsque le débat sera historiquement clôt, et que les diverses parties se seront implicitement mises d'accord pour un partage du pouvoir social dans l'abandon de la prétention à l'hégémonie, mais du même coup aussi dans l'abandon de leurs convictions réelles (l'apaisement du débat religieux en France à la fin du XVIIIème siècle n'a pu se produire qu'ainsi ; se retrouvant dans l'hypocrisie, catholiques et protestants, jésuites et jansénistes, chrétiens et juifs ne se tolérèrent enfin que parce qu'ils étaient déjà devenus agnostiques, plus ou moins consciemment).

Les convictions contradictoires qui coexistent dans le consensus pseudo-démocratique libéral rétrogradent de la prétention à dire le vrai sur l'être social à celle de former un maillon de la chaine insignifiante du discours de la culture. Elles ne deviennent rien de plus qu'un couplet de la berceuse scolaire, dont la fin n'est pas la sagesse mais la distinction sociale qu'accorde une masse de connaissances pédantesques et inutiles. Dans "l'Empire du moindre mal" qui règne aujourd'hui sur les idées, dans une ambiance "postmoderne" édulcorée, on célèbre à l'Université et dans la presse le règne éternel du discours sans référent, selon le schéma nietzschéen de la chaine infinie des métaphores que rien ne relie à la nature ou à l'histoire. Un éclectisme ultra-tolérant en quête d'excitations éphémères, sales et vicieuses qui n'a plus rien à voir avec la vérité et que tout relie à la division de la société en classes.

Le retour en parallèle d'un discours religieux simpliste accomplit une fonction confusionniste supplémentaire en offrant un récit d'anathème qui est aussi d'oblitération de la Révolution, un universel de secours qui a déjà beaucoup servi et qui n'a jamais conduit nulle part. Il séduit une partie des masses acculturées par la marchandise, et fournit une conviction à ceux que l'empire du discours culturel ni vrai ni faux mais si tolérant indispose pour de bonnes raisons.

Les tolérants affairistes et agioteurs qui gouvernent aujourd'hui l'Occident ne peuvent d'ailleurs pas prospérer complètement sans agiter devant eux leurs marionnettes religieuses convaincues et fanatiques qui discréditent toute forme d'engagement radical, et leur servent de faire-valoir (sans parler du pouvoir de nuisance qu'elles peuvent procurer dans la négociation mondiale pour le partage de la plus-value).

Si on veut éviter de voir les désespérés de la democracy libérale et marchande se jeter dans les bras des néonazis et des takfiristes, il est urgent de réhabiliter avec une pleine conviction l'histoire de la Révolution depuis 1789, et celle du socialisme depuis 1917, y compris dans tout ce qu'elles ont d'odieux et d'indéfendable du point de vue de la bourgeoisie, y compris dans les personnalités de Robespierre et de Staline.

La lecture attentive d'Antonio Gramsci (qui malgré sa réputation falsifiée par les commentateurs postmodernes est un révolutionnaire marxiste absolument radical) montre que seule une conviction révolutionnaire inconditionnelle répandue dans les masses peut dépasser la religion en fournissant les bases d'un nouveau sens commun populaire largement partagé, et une nouvelle philosophie embrassant tous les aspects de l'existence, créatrice de valeurs morales et correspondant au développement actuel des forces productives.

La Révolution est la seule rédemption des masses. Et les forces contre-révolutionnaires, qu'elles soient "républicaines", "intégristes", ou n'importe quoi d'autre doivent être traitées avec l'esprit de tolérance et de modération dont elles se sont toujours montrées capables elles-mêmes, depuis la Commune de Paris de 1871. Il faut dorénavant réhabiliter l'intolérance pour l'intolérable société de classe.

François Villon disait de l'évèque d'Orléans Thibault d'Aussigny qui l'avait emprisonné et torturé : "S'il m'a été pitoyable, que Dieu en soit de même pour lui".

GQ février 2015, relu le 5 janvier 2024

PS, 9 janvier 2024

Des lecteurs ont manifesté leur désaccord, en faisant remarquer que la censure et la dictature en gênant ou en rendant impossible la critique finissent par nuire gravement aux causes qu'elles prétendent défendre. Ou que souvent la censure est détournée de ses buts par des factions aux intérêts particuliers. C'est exact mais d'une part le texte n'est pas une défense de la censure et de la pratique autoritaire du pouvoir, mais une critique de la mollesse de l'attitude politique et morale de militants qui disent qu'ils veulent changer le monde mais qui sous prétexte de tolérance acceptent n'importe quoi et se rallient en douce au libéralisme. Pour eux le socialisme, c'est bien (et encore, ils disent qu'ils peuvent s'en passer pour accéder directement au communisme), mais le libéralisme avec ses élections truquées sa presse vendue et le droit de proférer toutes les  imbécilités et d'étaler sa crapulerie sur les réseaux c'est sacré. Par ailleurs la dictature ou la répression culturelle et le degré d'autoritarisme qui existe dans une formation sociale sont des fonctions non de la mise en pratique d'une idéologie intolérante, mais des circonstances objectives de la lutte réelle. Tous les pays en guerre sont des dictatures et pratiquent la censure.

 

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L
Bonjour.<br /> <br /> Voilà un article qui « fleure bon » la dictature. Celle du prolétariat, une classe ne pouvant diriger directement, ces représentants, cette « élite » donc, seront bien là pour s’attribuer le pouvoir et commettre les exactions contre-révolutionnaires.<br /> <br /> C’est là où les gilets jaunes n’ont pas tort de ne pas vouloir de représentants (ce qui paralyse toute action sérieuse, mais c’est un autre débat). En d’autres termes, voilà bien une des choses qui sont révolues et qui rendent une renaissance du communisme politique impossible.<br /> <br /> Je crois que l’erreur fondamentale commise ici est de confondre intolérance (donc destruction des opposants, de tous) et INTRANSIGEANCE, qui est-elle tout à fait indispensable pour réussir. <br /> <br /> Faut-il être peu sûr de soi pour avoir recourt, comme les religieux, à l’annihilation de toute contradiction (puisque qu’elle n’est pas tolérable) ? Est-ce là la marque d’une démarche dialectique ?<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> Luc Laforets<br /> www.1P6R.org
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R
Aucune classe ne gouverne directement, elles le font toutes par l'intermédiaire de leur intelligentsia. Dans la société bourgeoise démocratique la dialectique est faussée à cause de l'appui matériel des médias et des institutions, et de la répression ciblée. Sans parler de l'alternance avec le fascisme sous divers avatars quand la situation devient difficile. Bref pluralisme et tolérance sont factices. Parois on peut être intransigeant sans franchir le Rubicon, parfois ne pas le faire est une grave faute.<br />
G
Un professeur d'histoire aurait été assassiné aujourd'hui en France pour avoir montré à ses élèves collégiens des caricatures de Mahomet, dans le but de leur enseigner la tolérance. Ce crime est un de ces faits divers horribles qui montrent la déliquescence générale de notre société, à l'instar, par exemple du meurtre d'un chauffeur de bus à Bayonne l'été dernier. <br /> <br /> Si la présentation des faits est exacte, cet enseignant est sans doute une victime de plus du terrorisme propagé dans le monde par les pétro-monarchies que caresse Emmanuel Macron, mais il s'agit aussi d'une victime de cette idéologie moralisatrice qui oblige les enseignants à entrer dans les polémiques hystériques du moment, au lieu de faire leur métier, qui consiste à enseigner des concepts et en l’occurrence pour un prof d'histoire les secrets et les méfaits de l'impérialisme au Moyen Orient. Il est à noter que l'assassin serait "né à Moscou", il s'agirait donc d'un musulman de Russie fanatisé qui a trouvé refuge en France grâce à notre belle tolérance qui fait honte aux méchants Poutine et Xi Jinping ! (Ouf, si c'est peut être un Tchétchène, ce n'est pas un Ouïghour !).<br /> <br /> J'ai exercé ce métier trente ans dans des quartiers présumés difficiles en banlieue parisienne, et j'ai été confronté assez souvent aux effets de la propagande des groupes intégristes pour savoir de quoi je parle. Il est vraiment exceptionnel que le ressentiment idéologique des élèves les pousse à la violence, mais il est contre-productif d'un point de vue éducatif de les provoquer. Car tous les musulmans, pas seulement les intégristes ou les fanatiques, détestent ces pseudo-caricatures aux intentions troubles qui sont perçues par les intéressés comme pouvaient l'être les caricatures antisémites dans la presse d'avant-guerre. Et il y a quelque chose de faux de les montrer sans avoir l'air d'y toucher pour montrer la liberté de les montrer, comme si elle ne signifiaient rien.<br /> <br /> Ce que ce crime révèle aussi, c'est l'absence totale d'engagement de l'État pour défendre ses fonctionnaires contre le terrorisme, au delà des belles paroles. Contrairement à la Russie ou à la Chine.
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D
-je n'ai jamais apprécié l'utilisation du mot tolérance pour son aspect moral et un tantinet religieux! -Revendiquer la tolérance , c'est très souvent dans l'esprit de ceux qui l’appellent de leurs vœux; s'abstenir de toute polémique, de tout conflit intellectuel, pourtant seul garantie d'échange réel et constructif. Il faut prendre le risque d'avoir tort dans un débat sinon à quoi cela servirait d’avoir raison! Donc cultivons le conflit et pas la tolérance!<br /> -dans le domaine technique, la tolérance représente de capacité de résistance à une contrainte. C'est aussi un outil utilisé dans le calcul d'erreurs qui quantifie les incertitudes de mesure. En ce sens, seulement, le concept de tolérance nous est utile.
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I
Pour ma part j'ai une intolérance aux loges en maisons de tolérance et donc quelle que soit leur obéissance en dernier recours disent, tous prétendent-ils.elles. à la Raison et aux lumières, mais en fait: les uns à la République et pas à la Reine d'Angleterre entr'autre d'origine, mais tout autant au roi des belges( en signe de permanence post-révolutionnaire de la conneries attribuée à un peuple tel le fribourgeois pour le genevois) et surtout depuis la fondation en récurrence très dangereuse d'un principe attribué à la dictature de la science jusque chez Freud aussi bien Anna que Sigmund des amis de Newton devenues les amis de la Reine parfois quand ce n'est pas en France de Philippe Egalité- ou de Pierre de Villiers for exemple- ou la branche Orléans dont on dit que le grand Balzac en a énoncé l'appartenance à la gauche financière de longue date, et surtout les amis de Philallète en jeu de petit mot doux du Général de Gaulle à Londres avec la Générale, jusqu'à nos prétendus réglos de la gendarmerie comme de la police qui conduit à insister là dessus pour la presse et les agences de presse dont le quotidien Ouest-France en assos humanistes de wieworka et badinter à la débile profonde abrutissant ses sœurs avant ses lecteurs et lectrices Hutin prénommée entre autre Jeanne! Donc j'insiste à propos de la défense d'être tous fascos ou stalino-rances( igno peut-être): <br /> <br /> Tous ceux là fasco.s. en aucun cas, en revanche, au secours comme petit-bourgeois eurocentristes écolo redistributifs, tels Syriza et l'autre con de radsoc joueur de ministre de l'économie, tels aussi les indignés de monsieur le radsoc baratineur sur Moulin et/ ou avec Aubrac et d'autres de Hessel, ceux là donc au secours écrivè-je du naufrage actuel de l'impérialisme euro-atlantisme comme le "recours"- telle est la définition du fascisme avec la sociale démocratie révisionniste et en effet c'est Keynes qui aussi en est le nom, devant la nécessaire lutte de classe avec les indépendantistes et mouvement de libération nationale d'ordre socialiste effectif et très productif paysan et industriel dirigés par des partis issus du cominform et souvent en nom de communistes, recours donc insistè-je de la pseudo-démocratie occidentale id est de fierté gay LGBTQ et de fierté de l'abstinence projetée sur la planète en sa totalité des bourgeoisies financières et donc industrielles des vieux et anciens capitalistes, en monarchies constitutionnelles européennes comme république aristocratique et au fond bonapartiste en mode de suffrage états-uniennes, et associativisme bourgeois d'évidence criminels, tous ensemble, de masse quelle que soit leurs obédiency.s…..Cela donc est certains et pour certains financièrement religieux "naturels" id est aussi catholique depuis assez longtemps en pétainiste naturiste de l'apparence épicurienne en art d'entretenir sa petite propriété…. Donc, bien, tous ceux là et le collabo de la non insoumission Mélenchon le recours du grand capital monopoliste...Mais FN ou RN et MNR ou autres racisme et antisémitisme ceux là justement, ils n'ont pas cette grossièreté là que Trotsky reproche à Staline de manière phantasmatique là aussi en pseudo-affrontement d'esprit de finesse au lieu de l'esprit de géométrie justement des peuples de marins orientaux qui eux en astronome habile sont en train de réaliser n'en déplaise à ces salauds d'héritiers du monothéisme, la victoire de l'honneur de l'esprit humain porté par les rouges savants en travail complexe uni au travail simple.
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R
Et en bon français, çà signifie quoi, votre texte ?
I
j'aurai tendance à dire les luttes de classe et la philosophie ou spéculation intellectuelle ne sont pas des lieux ou ("éco""dia"logique) topique de tolérance, donc pour emprunter à Claudel: "la tolérance il y a des maisons pour cela"..Quant à la "modération" curieusement plutôt souvent moderato cantabile et aussi modulation ou différentes modifications des fréquences hautes moyennes et basses et cela en intensité de puissance mais aussi en permanence ou joué "stocato" et espacé de différentes durées quant au chef d'orchestre je pense qu'il s'agit du vieux mouvement ouvrier syndical ou des travailleurs et de ses alliés enseignants et étudiants-élèves, alors...sans décourager les soutiens( je veux dire de ceux qui savent ce que fait le monde du travail pas ceux qui veulent leur apprendre à faire pour eux) de très haute et honorable politique et politisation hé bien il vaut mieux que chacun joue sa partition s'accordant progressivement avec chacune des partitions et tombant au moment opportun en ensemble symphonique mais bon l'harmonie classique ne convient pas même par analogie à la conduite et aussi au suivi de la lutte des classes...et donc en ce moment plus il y aura des initiatives décentralisées de masses plus il faudra des services d'ordre sérieux ....et pour cela il vaut mieux avoir de la bouteille et donc être capable d'avoir bien vieilli dans le vieille maison!
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